Le futur est toujours difficile à percevoir. Certes cette phrase ressemble à un horrible cliché que vous aurait dit votre mère un soir ou elle était d’humeur à philosopher, et ou elle avait probablement bu. Mais il est vrai que nul n’est capable de savoir à 5 ou même 10 ans près à quoi va ressembler le monde. Seulement il y a toujours quelques fous qui se lancent sur cette pente hasardeuse et pourtant non dénuée d’intérêt. Leurs écrits, l’on ne s’en souvient pas à cause de l’exactitude de leur prédictions qui de toute manière se révelent fausse à 99,9% du temps, mais à cause de ce qu’ils essayent de faire passer à propos de l’homme et de sa nature. En effet confronté à de moins en moins de limites théoriques comment l’individu arrive t’il à retrouver les jalons de ce qui fait qu’il est humain ? Si ni la mort, ni le corps, ni l’esprit ne sont plus des barrières, ou sont donc les frontières de l’humanité ? C’est cela qui définit souvent ce qu’est une bonne œuvre de SF tout support confondu et les petits gars de chez Technocrat Games l’ont parfaitement compris et nous racontent dans technobabylon une fable qui n’aurait pas déplu aux plus illustres auteurs du genre.


L’histoire commence de manière classique en nous mettant aux commandes de Regis Charlie, policier blasé ancien ingénieur de son état et de sa collègue Max Lao. Un rôle habituel du genre avec le fonctionnaire lambda car l’on peut justifier aisément qu’ils aillent fouiner partout. Nos deux comparses cherchent à élucider un énième cas de Mindjacker. A savoir un autre bougre qui télécharge le cerveau des gens, les laissant mort sur le coup. D’un autre côté l’on suivra l’épopée de Latha une net-addict qui ne jure que par la révolution digitale et l’abandon du réel.


DL le cerveau de quelqu’un peut paraître assez étrange au premier abord, mais la principale feature du jeu est son internet next gen. Celui-ci étant désormais implanté directement dans vos petits neurones et porte le poétique nom de transe. Cette technologie est tellement omniprésente qu’elle commence à mettre à l’écart les gens qui refusent (et je les comprends) les opérations de neurochirurgie nécessaires pour accéder àce nouveau réseau. Hélas pour les autres les malwares en tout genre sont toujours légions et il ne vous faudra qu’un petit effort d’imagination pour comprendre ce que signifie la présence d’un cheval de troie ou toute autre saloperie dans votre tête.


En même temps Newtown la ville futuriste ou tout prend place, n’est pas exactement une cité utopique avec son IA à la voix pénible vient se mêler de tout façon Psycho Pass, ses drogués d’internet chômeur et son atmosphère à l’air tellement polluée qu’il y semble faire nuit tout le temps on est loin de l’idéal du futur écologique. Mais d’un autre côté c’est une mégalopole qui semble à peu près respecter les bon vieux idéaux démocratiques du vingtième siècle et qui est ouverte à la science et à toute forme de progrès. Le futur présenté ici n’est donc pas aussi dystopique que 1984 mais il fait bien sentir qu’il à son lot de petits compromis moraux qui font tout le sel de l’histoire.


Ne nous le cachons pas, la grande force de technobabylon c’est de reprendre des thèmes et des idées chères à tous les ténors du genre, Asimov et ses robots K Dick et ses systèmes sociaux totalement hors normes ou encore Bordage et ses épopées spirituelles du côté des livres, Blade runner ou encore bienvenue à Gattaca du côté des films, tout est mélangé dans un merveilleux patchwork d’idée qui impressionnent, dégoutent et fascinent tout autant.


Du restaurant qui sert de la chair humaine clonée en passant par la bioingénieurie à outrance Technobabylon poussent très loin tous les concepts de la révolution technologique à un moment ou les guerres atomiques sont devenue la norme que les terroristes naissent avec leurs bombes dans les os et où la reproduction ne se fait quasiment plus que part éprouvette.
Côté design le jeu propose des environnements qui flattent la rétine, alors oui il faudra se faire au design très pixellisé des personnages mais passé les premières minutes de jeux cela ne choque plus du tout et on se laisse aller à apprécier la beauté glacée de Newtown.


Le gameplay n’est pas à négliger non plus, car il s’intègre d’une excellente manière à l’intrigue. Les énigmes sont toutes d’une difficulté raisonnables sans être simplistes et proposent d’utiliser à bien tout son environnement de manière très intuitive, elles permettent même une petite part de résolution intuitive avec parfois différentes manière d’atteindre le même objectif.
Les musiques de leur côté se veulent discrètes mais ne sont jamais agaçante. Elles accompagnent sympathiquement les énigmes et les phases de dialogues. Les doublages eux sont tout simplement excellent avec des acteurs qui se donnent vraiment dans leur texte pour nous faire vivre ce petit séjour à Newton.


Niveau world building technobabylon sait plaire avec ses articles de journaux disponibles à chaque énigme et qui présente un petit peu la géopolitique mondiale. Entre une Amérique devenue le terrain de jeux de seigneurs de guerres et de prêtres fous, l’Europe toujours présente avec trois coups de retard sur tout le reste, Le japon qui s’est de nouveau enfermé sur lui-même et à recourt au clonage pour maintenir sa population, l’Asie du sud devenue une dictature Nord Coréenne et la chine devenu démocratie (oui on s’enfonce dans l’irréalisme). Le plus drôle étant encore la ville de Newton elle-même, située sur la corne de l’afrique aka l’endroit ou personne n’aurait envie de vivre à l’heure actuelle.


Bref Technobabylon à tout pour plaire et aurait aussi bien pu être un livre qu’il en aurait été instantanément reconnu comme un classique du genre. Au final c’est un jeu d’aventure et c’est tout aussi bien. Laisser vous aller à rêver de ce monde à la fois horrible et doux ou les plus belles merveilles côtoient au quotidien les tréfonds du sordide. Une belle image d’ensemble de l’humanité en somme.

Brume_Ondeblois
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le 23 juin 2015

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Brume_Ondeblois

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