Si Life Is Strange (premier du nom) est un de mes jeux narratif favori, j'étais curieux d'essayer Tell Me Why, abordant des thématiques d'actu telle que la transidentité et la transphobie qui va malheureusement souvent avec.
Le pitch est assez simple : 2 jumeaux séparés à la naissance qui ont le pouvoir de communiquer par la pensée se retrouvent après une bonne 10ene d'année séparés, suite au meurtre de leur mère. Revenir dans la maison de leur enfance leur fera remonter des souvenirs et des interrogations sur ce qu'il s'est vraiment passé cette nuit là.
Si Tell Me Why parvient effectivement à mettre l'inclusion sur le premier plan (on peut noter une belle palette de genres, sexes, races et religions dans les quelques personnes qui apparaissent ici et là) c'est, comme hélas tristement souvent, en oubliant un peu le reste.
Coté gameplay, il n'y a pas grand chose à faire à part avancer, mais les quelques énigmes sont parfois amusantes, souvent agaçantes d'un point de vue ergonomique, puisqu'on passe la plus grande partie de son temps à lire un conte pour enfants afin de trouver la clé de l'énigme. Hélas la navigation dans le livre est laborieuse, les histoires souvent longues et barbantes, et la solution assez simple une fois qu'on a trouvé la bonne ligne (90% de l'énigme consiste donc à chercher la bonne page, ce qui, je sais pas vous, mais moi me rappelle des sombres heures en cours de Français au lycée).
Coté choix, ils sont assez minime et peu impactant. A vrai dire il n'y a pas beaucoup de réplique dans Tell Me Why, le joueur étant assez peu impliqué dans les dialogues, et les rares choix faisables n'ont pas l'air d'avoir la masse de conséquence sur ce qu'ils s'y passent (Je veux dire, encore moins que d'habitude).
Les choix de souvenirs entre ceux de Tyler et Ayson sont pas hyper clair niveau intention : on ne comprend pas bien comment le joueur peut savoir lequel choisir, ni même si on attend quelque chose de lui à part choisir un souvenir au pif. Est-ce du hasard ? Est-ce que y a des indices cachés ? Je n'ai jamais su. Tout ce que j'ai vu, c'est qu'en choisissant les souvenirs d'Alyson, Tyler n'était pas content, et inversement. Bref.
Parlons d'ailleurs du final : Le fait d'avoir comblé ou non Tyler en allant dans son sens toute la partie n'a pas l'air d'avoir la masse d'incidence sur la fin, impacté par quelques choix clés durant les 3 épisodes. Fin qui d'ailleurs, laisse un peu sur sa... faim (yeeesssss).
En règle général, y a pas grand chose à claper dans le jeu, ni au niveau de la tension, de l'émotion ou de la réalisation de certaines scènes, la plupart des scènes "EmOcHiOnNe" sont pas très loin d'être aussi plate que ma bouteille d'Evian. Quelques passages sont prenants, mais quelques seulement, et bien trop peu souvent.
Le jeu ne parvient jamais vraiment à impliquer le joueur, ni à créer des moments de tensions intenses ou les choix seront difficiles à faire. La narration est finalement assez simple, et les personnages pas vraiment charismatiques. Un peu décevant de la part du studio qui a boulversifié mon cerveau en compagnie de Max et Chloé il n'y a pas si longtemps. Le jeu tire parfois gravement en longueur pour des scènes hautement soporifiques comme David Cage savait si bien le faire.
Cependant : Tout n'est pas mauvais, en abordant des thématiques rarement abordés dans les jeux vidéo jusqu'à récemment, on se laisse quand même emmener jusqu'à la fin sans trop de problème pour savoir ce qui est arrivé à la maman. Les sujets progressistes ne sont (pas trop) fourrées au chausse-pied et se contentent juste d'être là en tant que socle à la narration, sans rappeler au joueur "nous sommes un jeu très inclusif tiens regarde toute cette diversité -enfonce un t-shirt arc en ciel dans le nez-" toutes les 5mn, très loin d'un "A Normal Lost Phone" dans le coté éléphant dans un magasin de porcelaine donc, mais également très loin d'un "Gone Home" coté subtilité et impact, ou tout simplement d'un "Life is Strange" premier du nom.
On applaudira quand même le fait d'avoir un personnage principal trans, et présent sur la jaquette du jeu, un fait tristement rare pour être noté.
Dommage donc qu'avec des thématiques intéressantes encore peu exploitées et une telle palette de personnages différents (mais dont j'ai déjà oublié le nom pour 95% d'entre eux), Tell Me Why n'arrive jamais à pousser son intérêt beaucoup plus loin qu'un téléfilm M6 du mercredi après midi, ma foi sympathique, mais oubliable.
Comme quoi, être inclusif, c'est cool, raconter une histoire intéressante, c'est encore mieux.