Après le coup d'éclat Her Story Sam Barlow tente de creuser le sillon avec une suite spirituelle plus élaborée.
On retrouve donc le principe central qui consiste à interroger une base de données de vidéos à partir de mots clefs, le système ne nous permettant d'accéder qu'aux cinq premières occurrences. La partie ludique consiste donc à remonter le fil de l'histoire en découvrant de nouveaux mots clefs au fur et à mesure de la consultation des vidéos, tout en recomposant la chronologie des événements.
Si le jeu reste prenant, en particulier grâce aux relations et à l'histoire personnelle des protagonistes, il échoue totalement à faire prendre une dimension supplémentaire à son prédécesseur. Pire, il génère ses propres travers en conservant le système tout en changeant le contexte :
1°) En effet Her Story proposait de démêler son histoire à travers les enregistrements d'interrogatoires de garde à vue. Des séquences souvent très courtes et qui répondent de manière évidente à une question non posée (la séquence n'intègre jamais - si je me souviens bien - les interventions de l'enquêteur).
Dans Telling Lies les séquences correspondent à des supports vidéos variés, alternant entre caméras cachées et conversations en visio, par téléphone ou webcam, et peuvent atteindre les 10 minutes. Lorsqu'il y a deux interlocuteurs on a donc droit qu'à une seule moitié de la conversation, même si souvent il existe dans la base un enregistrement qui correspond à l'autre moitié), procédé qui semble un peu artificiel dans la mesure où on entend jamais de retour son (notamment avec les webcams) alors que personne n'écoute au casque.
Ces longs blancs soulignent parfois les limites du jeu des acteurs. Par ailleurs les vidéos commencent par défaut sur les séquences qui comportent le mot clef recherché... il faut donc rembobiner (et lentement) pour en trouver le début. C'est à la fois pénible et difficile à justifier.
2°) Sans spoiler l'histoire ne me paraît pas crédible (et étonnement plan plan, même si à choisir je préfère encore cela à des rebondissements improbables). Plus exactement elle semble trop étriquée : trop limitée dans ses enjeux et trop inoffensive pour justifier un certain nombre d'éléments. On dirait des adultes participant d'un jeu de rôle et incarnant des stéréotypes (en dehors des interactions personnelles des principaux protagonistes, qui constituent le point fort et l'intérêt du jeu). Je suppose qu'il faut y voir au premier chef une limite budgétaire.
Par ailleurs l'histoire rentre mal dans le cadre formel du jeu. Il faudrait pour la rendre crédible et en faire un jeu d'investigation multiplier les supports donnés en pâture au joueur (documents écrits, enregistrements audios, etc.).
Bref un titre sympathique, plus consistant que Her Story, tout en apparaissant moins convaincant et cohérent faute d'adapter la mécanique ludique à son propos. Au contraire il en souligne plutôt les limites en essayant de passer à une échelle supérieure.