Si je pouvais ajouter une catégorie sur SensCritique, ce serait celle des jeux de sociétés. De la même manière que certains remplissent leur bibliothèque de livres, de DVDs ou de jeux vidéos, la mienne est pleine à ras bord de boîtes ludiques en tout genre. Évidemment, il y a mes petites préférées, et oui, la stratégie et le calcul y sont des éléments récurrents. Si je vous raconte tout ceci - outre le plaisir que me procure le fait de parler de jeux - c’est bien parce que ce Terraformers a des allures de jeu de plateau. Tout ici laisse penser à un eurogame digitalisé, et quand bien même j’aurai du mal à croire que les développeurs n’aient jamais entendu parler de Terraforming Mars, cette création n’est en aucun cas une adaptation.
Dans ce jeu au tour par tour, nous sommes amenés à incarner les premiers colons humains envoyés sur Mars afin de rendre la planète habitable. Les bases d’une première cité y a été installée et c’est à nous que revient l’immense honneur de développer la ville et ses environs. Pour se faire, il faudra bien évidemment récolter tout un tas de ressources utiles, mais aussi améliorer les conditions de vie sur la planète rouge (eau, oxygène et température). Chaque partie nous donnera ainsi un objectif à atteindre, plus ou moins simple en fonction des configurations, mais libre à nous de décider du chemin à parcourir pour y parvenir. Si les premiers habitants ne seront pas difficiles à contenter (un toit et une ration de nourriture suffiront), les générations suivantes auront plus de mal avec ces conditions de vie plutôt sommaires. Tout le sel du titre repose donc sur notre capacité à « terraformer » avant que la luxure ne rattrape notre toute jeune civilisation.
Au niveau des « règles », rien de plus simple : nous récoltons les ressources issues de nos villes et de nos mines à chaque début de tour, nous obtenons un bâtiment au choix parmi trois, puis libre à nous de les utiliser de la meilleure façon possible. Nous pouvons étendre notre ville pour accéder aux fameuses ressources, construire de nouvelles infrastructures, implanter une cité de l’autre côté du globe, commercer avec la Terre, explorer les environs… Ajoutez à ça l’élection d’un « maire » tous les dix tours (qui nous vient avec sa petite capacité spéciale) et vous obtenez bien vite une multitude de choix à faire, pour autant de stratégies possibles !
Le jeu ne paie pas de mine avec ses graphismes 2D (bien que les illustrations soient vraiment chouettes), mais qu’il est grisant de voir la planète évoluer au fur et à mesure des tours ! Il y a toujours une certaine satisfaction au moment où l’on atteint un palier de terraformation, à voir la faune ou la flore se multiplier après avoir augmenté avec succès la température ou les précipitations. Il faudra bien entendu faire preuve d’une certaine imagination quant à notre impact visuel sur la carte, mais rien de bien différent pour les habitués des tuiles cartonnées et meeple en bois. Le travail sur la musique est également exemplaire, en particulier celle de fin de niveau qui me décroche toujours le fameux sourire du travail accompli.
J’ai été véritablement conquis par la proposition faite par Asteroid Lab à travers ce jeu de gestion / construction. Derrière cette façade un peu simpliste réside en réalité un gameplay profond et rafraichissant pour le genre. J’ai pour ma part complètement adhéré à la vibe « jeu de plateau » même si certains pourront lui reprocher une accointance trop prononcé avec le genre. A cet argument, je répondrai simplement que le jeu et les manipulations qu’il engendrerait avec sa version « physique » le rendrait tout bonnement injouable, signe que le média vidéo-ludique était finalement le bon. Et pour avoir testé pas mal de contenu venant des tables de jeux, je n’ai jamais trouvé un portage aussi bien réussi.
Un Meepleqote aux anges