J'ai très souvent eu l'impression qu'en essayant d'être le plus objectif possible, on avait tendance a "sur-coter" (je déteste ce mot mais bon) parfois les "classiques" des vielles consoles.
Oui parce que bien souvent la nostalgie parle et nous pousse à être subjectif, mais pas que.
Il y a également cet effet "replaçons le jeu dans son contexte " qui nous pousse a avoir un avis typé.
Au final je n'ai pas envie, là tout de suite, de rentrer dans ce débat car les avis se valent.
Il est autant absurde de vouloir mieux noter un jeu qui aujourd'hui aurait d'énormes lacunes sur le plan du gameplay sous prétexte qu'à l'époque c'etait ultime, tout comme il serait absurde de faire le contraire et de glorifier des éléments nocifs à l'expérience du joueur parce que c'était comme ça à l'époque et puis c'est tout.
Mes grands parents, qui n'ont jamais rien compris aux jeux videos ni à la passion qu'ils m'avaient provoqués, me disaient des phrases très stéréotypées qui sonnaient comme un sophisme malicieux : " T'apprend rien avec ça".
Ou encore "Nous a notre époque à ton âge on s'amusait avec deux cailloux et un bâton".
Non je ne veux pas aller plus loin dans le débat stupide.
Je ne vous explique pas tout ça pour vous dire que ces phrases sont absurdes. Non.
Je veux vous dire tout ça pour vous expliquer que malgré son âge, Terranigma est un titre qui est justement la preuve que même à l'époque on pouvait déjà être très très en avance. Mais pas que.
Quintet est un petit studio Japonais rattaché au monstre sacré Enix.
Ce qui m'a valu une énorme fourberie de ma part jusqu'à ce que je m'en rende compte.
Gamin, dés l'âge de 3/4 ans je profitais de la super nintendo de mon père qui achetais ses jeux presque au hasard. J'ai eu énormément de chance car la quasi totalité de ces jeux que j'ai connu étaient des classiques de la super nes. Et quand bien même ce n'était pas des classiques hyper connus, cela restait des jeux marquants.
C'est ainsi qu'un des jeux qui a "bercé" mon enfance n'était autre que... " Soul Blazer" , premier opus de la "trilogie Quintet".
Ma fourberie viens du fait que j'ai TRES longtemps cru qu'il s'agissait d'Enix l'auteur de cette trilogie , et donc, de Soul Blaze.
En effet que ce soit sur la boite ou en démarrant un des jeux, Enix était beaucoup plus mis en avant que Quintet, donnant l'illusion (of time ? ) qu'Enix était le maître à penser et Quintet l'éditeur derrière alors que... c'est tout le contraire !
Quintet est donc ce petit studio, petit, mais grand par l'esprit.
Soul Blazer est un opus typé RPG mais plutôt orienté "Zelda like" dans l'essence de son gameplay. Le studio gardera cette base dans ses différentes créations. Un premier opus pour ouvrir ce qui sera au final quasiment leur seul véritable fait de guerre, et un premier opus objectivement imparfait (je précise objectivement car je suis extrêmement nostalgique de Soul Blazer). Quintet se cherche et cela se sent.
Mais les bonnes idées sont déjà là : Scénario original qui met l'accent sur la reconstruction d'un monde et l'aventure, gameplay relativement efficace... OST prenant.
Mais pas mal d'étourderies dans le lot.
Quintet se servira de cet opus pour fournir ensuite Illusion of Time (ou Gaïa selon la localisation) beaucoup plus aboutis sur tout les points, et cette fois avec un scénario qui posera quasiment les bases de Terranigma.
Quintet propose une vision des choses à travers leurs jeux (excepté Soul Blazer qui ne va pas vraiment plus loin que : tuer le méchant et sauver le monde) notamment grâce au fait qu'illusion of time et Terranigma prennent place dans notre monde (avec son lot de fabulations fantaisistes) et propose au joueur une expérience assez aboutie puisqu'on retrouve certains procédés dans le jeu video moderne.
Et là arrive Terranigma, la quintessence de Quintet, l'aboutissement de leurs expériences jusqu'à ce jour. Le jeu porte comme en lui, dans son ambiance, sa manière de poser les choses, une sorte de voile mystique et sacré que très, très peu de jeux dans l'histoire du jeu vidéo ont étés capable d'établir.
Graphiquement le jeu est superbe et fait partit des plus beaux jeux de la super nes.
Forcément la 2D est de mise, c'est soigné, surtout concernant les décors et les panoramas.
Rien que de penser au village de Crysta (où commence l'aventure) , penser aux couleurs à la fois mordorés et chatoyantes qui marque le ton du lieu, à ces bulles d'eau superbe qui couvre le ciel du village... le ton est donné dés le départ.
Tout comme ce thème presque mystique qui habite le scénario du jeu:
Vous êtes Ark, un héros de RPG basique (jeune, fougueux, un peu idiot mais courageux, fonce tête baissé vers tout et n'importe quoi) vivant dans ce village de Crysta qui se situe... Dans le monde souterrain de la Terre !
A la surface la Terre il n'y a plus rien. Vraiment plus rien. Plus de continent, plus de vie, rien, à part peut être des oceans parfaitement vides.
Crysta est le seul village de ce monde souterrain obscur, les congénères d'Ark sont donc les derniers humains en place dans l'existence.
Rebondissement à l’effigie d'un premier élément perturbateur dans un conte classique : Ark désobéi au doyen du village et pénètre dans une salle secrète où il découvre une sorte de boîte de Pandore.
Il l'ouvre et là, tout le monde se retrouve figé. Il rencontre Yomi, un petit être mystérieux dans la boîte, qui lui explique qu'il va devoir éveiller les 5 tours du monde souterrain pour ressusciter les continents à la surface, puis partir en quête de la résurrection du monde grâce aux pouvoirs de la boîte qu'il a obtenu. C'est ainsi la seule solution qu'il a pour sauver également son village natale. Ark par donc à l'aventure armé de sa lance de crystal pour ressusciter le monde que nous connaissons (donc on parle bien de notre Terre à nous, avec nos continents, nos villes qui ont des noms détournés. On peux même aller en France ! ) .
On a donc un décor qui brise déjà presque le 4ème mur, posant une base réaliste... mais également une plâtrée d'éléments fantaisistes qui peuvent peut être paraître un peu cliché aujourd'hui, certes, mais diaboliquement efficaces. Le jeu mettra l'accent sur beaucoup de choses : notre propre monde face à son propre miroir et ce qu'il reflète : la pauvreté, la guerre, l'évolution, la place de la faune et la flore face à la force de l'Homme, les croyances religieuses, le paranormal, le mysticisme... la liste est longue ! On retrouvera même des éléments de notre propre histoire et les légendes qui les accompagnent : Christophe Colomb, Bloody Mary par exemple (et pour cette dernière toute personne ayant fini Terranigma savent pourquoi Bloody Mary, simple boss du jeu, est aussi marquante ! ) Les références sont nombreuses.
Ark doit faire ré-apparaître les continents, puis la flore, les oiseaux, la faune, puis l'Homme et tout ce que ça entraîne : aider l'homme à se développer et évoluer, reconstruire des villes, améliorer les plus grandes, accéder à la technologie... des thèmes chers à Quintet puisque cela me rappel grandement les principes du jeu Actraiser , voir même un peu Illusion of time.
Côté gameplay on est sur une base Zelda like mais très, très aboutis pour de la super nes ! on peux exécuter des le début du jeu un bon petit pannel d'actions bien foutus, comme le saut plongé lance à la main, le piqué, les coups en rafale ou le 'X-guard' pour se protéger.
Le côté RPG se ressent via la présence de statistiques, qui évoluent grâce à des niveaux à augmenter ou des potions à boire. Les level design des donjons sont plutôt bien foutus, jamais trop labyrinthesque, jamais trop simple mais surtout grandement portés par les graphismes du jeu et leur variétés.
L'ost est excellente bien que quelques titres me semble un peu hasardeux. A part le main thème il n'y a (avouons le) pas de super titre marquants mais une grande cohérence et homogénéité vis à vis de l'ambiance générale du jeu et du scénario.
Terranigma est donc un titre superbe, avec un bon scénario, des choix artistiques très intéressants, une ambiance prenante , de l'originalité, du gameplay amusant : on progresse, on voyage, on combat des monstres et des boss, on découvre. Quelques rebondissements bien sentis ! Le jeu a tout pour être un classique ultime de la Snes et à vrai dire il n'en est pas si loin...
Mais !
Quelques défauts viennent ternir toute cette lumière : Tout d'abord le jeu est impossible à finir sans soluce, car victime du syndrome du "rallongement de durée de vie des jeux old school typique". Mais là c'est vraiment abusif. Il doit y avoir 3 ou 4 moments clés du jeu dont la progression est impossible à deviner seul ! Et on ne vous aiguille que TRES PEU sur ce que vous devez faire ! vous êtes lâché au beau milieu d'un monde COMPLET et vous devez errer jusqu'à trouver quoi faire. Le meilleur exemple:
vers la fin du jeu vous devez récupérer 5 pierres célestes disséminées dans le monde (a ce moment vous avez le bateau pour voyager partout). Vous n'avez strictement aucune indication pour les trouver même si certaines sont évidentes. L'une d'entre elle frôle le what the fuck : Vous devez acheter une fleure à une fille dans une des grandes ville du jeu. Puis vous devez vous promener en Amérique du sud pour découvrir une sorte d'endroit un peu secret sur la map monde où vous aller tomber sur un oiseau. Précédemment dans le jeu vous pouviez parler aux animaux et les oiseaux vous indiquaient où ils pouvaient vous déposer. La vous ne pouvez pas comprendre les animaux (scénario) et l'oiseau vous dis donc " ............" et il faut choisir une des deux réponses aléatoire pour que l'oiseau vous amène... au Groenland. Au Groenland vous découvrez un village de ... pingouins, qui subissent la même règle du jeu donc quand vous leur parlez c'est "....." . En réalité il faut s'équiper de la fleur acheté à la marchande, puis parler à un des environs 20 pingouins du village EN AYANT la fleur équipée pour que celui ci ait une réaction de surprise et vous donnes la pierre Céleste. COMMENT TU VEUX DEVINER CA ??? ?
Et c'est pas anodin tout ça ! puisqu'on arrive à un autre "défaut" du jeu : sa durée de vie qui aurait pu être un poil meilleure. Le jeu peut se rusher très vite , même en moins de 15h sans être un expert. Mais certains éléments comme ce dont j'ai parlé plus haut , ou encore la difficulté excessive du boss " Bloody Mary " vont artificiellement augmenter la durée de vie du jeu.
Un mal pour un bien? peut être au final, puisqu'après avoir fini le jeu en prenant son temps (25 h de jeu environ) on a vraiment la sensation d'avoir voyagé et vécu une grande épopée.
Vu que j'ai parlé de " Bloody Mary" on peux parler du manque d'équilibre du jeu. A certains moments beaucoup trop facile, puis d'un seul coup les monstres ne prenne plus qu'1 de dégât par coup et vous two shot a longueur de temps.
Paradoxalement, un ou deux level up vont suffire pour totalement inverser la tendance ce qui est assez ... perturbant.
Et ce sera globalement tout pour les défauts.
Pour conclure : Terranigma a tout d'un grand, d'un très grand même.
Meilleur jeu de Quintet de très loin , en tout cas pour sûr en terme de RPG puisque ensuite Quintet sortira le très médiocre Granstream Saga sur playstation (jeu méconnu du publique, tout comme les titres de Quintet en général) dont le scénario et les personnages ont été écrits par Quintet mais le reste du jeu à été laissé à un autre studio il me semble. Et ces deux éléments sont quasiment les seuls points fort du jeu. Et ensuite? plus rien.
Quintet aurait mérité un peu plus de reconnaissance parce que jouer à un jeu Quintet ça se ressens tout de suite : de par l'ambiance qu'ils posent dans leurs jeux, les idées de gameplay, les thématiques abordées. Quintet n'est pas un studio qui se contente de produire un jeu qui répond a des normes basiques et basta.
Ils tentent des trucs qui étaient déjà quasi révolutionnaire à l'époque. Pensez à Actraiser et son mélange plateforme action via des niveaux classiques, et ensuite des phases type jeu de gestion où il faut construire des villes etc. Ou encore à cette volonté de faire des rpg qui prennent place dans notre monde tout en restant mystiques et fantaisistes.
Quintet , paix à ton âme et merci d'avoir illuminé la ludothèque de rpg sur super nintendo ! Chapeau l'artiste !