Basé sur un concept simple, celui de la découverte, de l’apprentissage, puis de la maitrise et de l’abus des règles du jeu, Binding of Isaac a réussi à prendre une dimension titanesque grâce à d’une succession d’extension et de remake. Chaque nouvelle itération était l’occasion de se replonger quelques dizaines, centaines d’heures, dans ce jeu si particulier.
Mais Afterbirth Plus marque un tournant dans le microcosme des fans d’infanticide et de coprolithe. Conséquence logique de la réception en demi-teinte d’Afterbirth, et de la soif insatiable de la communauté pour plus de contenue, Afterbirth Plus laisse dorénavant à la communauté le soin de renouveler et de diversifier l’expérience de jeu, via un outil de création de mods et leur support officiel via le Steamworkshop.
Quelques jours après sa sortie, plusieurs centaines de mods ont déjà fait leur apparition, allant de simples changements graphiques à des projets plus ambitieux, remodelant entièrement le jeu. Les esquisses les plus populaires, comme l’excellent Antibirth, sont d’ailleurs destinés à être intégrées dans le jeu original, via des mises à jour mensuel.
Pratique déjà rare en soit chez les développeurs, l’équipe de Nicalis fait don à la communauté de solides outils pour la création de mods : un éditeur de salle, d’items, d’animation, un outil de création de challenge, mais surtout le support de Lua, qui permet de modifier le code en profondeur, avec la possibilité in fine de recréer un tout nouveau jeu.
Les mods n’arrivent pas seuls, et Afterbirth Plus apporte son lot de nouveauté. Plusieurs challenges, une nouvelle fin, un nouveau personnage et des dizaines d’items, le contenu de cette extension offre une durée de vie conséquente, pour un prix excessivement réduit. Plus cohérent et plaisant qu’Afterbirth, mais moins fournis, il se permet aussi de relever sensiblement la difficulté d’un jeu devenu trop facile.
Magnifiquement achevée par un nouveau chapitre final, le dénouement ultime de Binding of Isaac devrait occuper les esprits quelques temps pour saisir le sens caché de l’histoire. Les différentes paraboles offrent subtilement un message bien plus fascinant, et livré avec plus d’honnêteté que bien d’autres jeux cryptiques, se parodiant eux même dans une caricature Lynchienne bas de gamme.
D’un projet gratuit fait sur flash à icône culte du jeu vidéo fait d’amas coalescent d’ajouts successifs, Binding of Isaac se conclut ici en beauté. Edmund MacMillen livre donc son œuvre, sa création, à ses fans, avec la pleine conviction qu’ils sauront saisir cette opportunité pour faire perdurer le jeu encore des années. Le legs doit être d’autant plus difficile que Binding of Isaac est un jeu profondément intime, profondément signifiant et personnel. Loin d’être un point final à l’aventure d’Isaac, Afterbirth Plus est le début d’un nouveau cycle, dans lequel chaque joueur aura la possibilité de créer et de partager sa vision du jeu, et de ce qu’il devrait être.