Comme beaucoup, je nourris une affection toute particulière pour The Binding of Isaac, un de mes jeux de chevet depuis la sortie de sa toute première version PC en Flash un peu cracra.
Au-delà des considérations pécuniaires que chacun jugera comme bon lui semble, revenons sur le phénomène BOI et plus particulièrement sur cette renaissance du jeu de base.
Rogue-like matiné de twin Stick shooter, BOI est une expérience aussi fascinante qu'hypnotique à laquelle j'ai consacré de très nombreuses heures de ma vie.
Plongé dans les délires régressifs et métaphoriques d'un jeune garçon dont on devine l'historique familial extrêmement chargé, le joueur suit la cadence d'une valse de larmes, esquivant pièges mortels et équarrissant vers, drosophiles et cadavres. Dans un déluge d'hémoglobine et d'excréments, Isaac s'enfonce toujours plus profondément dans sa propre psyché, y cherchant l'évasion et la réhabilitation en confrontation directe avec ses peurs et sa culpabilité infantile.
Avant même d'évoquer plus largement la partie gameplay du jeu, il faut savoir que BOI propose avant toute chose un message fort qui demande de menus efforts pour être déchiffré. Il aborde la problématique de la cellule familiale et de son influence sur la construction d'une personnalité, du sentiment de culpabilité auto-destructeur que peut ressentir un enfant, de la dangerosité des concepts théologiques mal ou non-explicités et pour finir de la place primordiale de l'imaginaire comme refuge.
Si l'aspect rogue-like est essentiel avec la**Perma-deth, les niveaux procéduraux et les récompenses octroyées parfois injustes**, chaque strate du jeu reprend néanmoins une structure inspirée des donjons de l'illustre Legend of Zelda, avec cette importance accordée à l'exploration, les clés, les salles de combats et de trésors, les passages dérobés et pour finir la confrontation finale avec le taulier du niveau. Au-delà de ces aspects,le véritable sel de BOI réside avant tout dans l'accumulation de power ups tous plus déglingos et pétés les uns que les autres permettant la construction, item par item, d'un véritable build rouleau compresseur turbodébile tout autant capable de rouler sur toute l'opposition que de se faire ridiculiser dans une leçon d'humilité. Multipliant les approches, le joueur se livre à de savantes expérimentations dont les conclusions, souvent mortelles, se solderons par une irrépressible envie de relancer une partie.
Côté esthétique, vous aurez identifié en un seul coup d’œil que BOI est un jeu crado qui n’épargne rien à son joueur, bénéficiant d'une esthétique cradignonne (à la fois crade et mignonne), signature habituelle des jeux de Mc Millen.
Si côté technique on apprécie franchement le changement de moteur de ce remake et la profusion de nouveaux contenus ajoutés (particulièrement conséquents avec les deux salves de contenus apportées par Rebirth puis Afterbirth), c'est par contre nos esgourdes qui se retrouvent inconsolables, tant le vide laissé par la brouille entre Mc Millen et Baranowski ne saurait être comblé par l'OST de Ridiculon, aussi excellente puisse-t'elle être.
The Binding of Isaac Rebirth est donc un très bon remake d'un excellent jeu indépendant que je ne peux que conseiller largement. Véritable ovni, il est une expérience comme seuls les studios indépendants peuvent délivrer, prouvant au passage, a qui en douterait encore, que la Team Meat chapeautée par Edmund Mc Millen est un acteur incontournable de la scène indie.