Ou quand deux maîtres fusionnent pour nous offrir un voyage unique
Dans les années 90, LucasArt connaissait une véritable période de gloire avec des titres emblématiques du point and click comme Sam & Max, Full Throttle ou encore l'indémodable Monkey Island et le délirant Day of the Tentacle. C'est aussi à cette époque que le géant du cinéma Steven Spielberg se tourne vers le jeu vidéo pour mettre en scène un scénario trop ambitieux pour le cinéma. Un croisement improbable qui a donné naissance à une des œuvres majeurs du point & click sur fond de science fiction.
Alors que la cinématique d'introduction débute, le joueur se trouve plongé dans une ambiance typée dessin animé au style sobre et appliqué, baigné dans une atmosphère cinématographique digne des meilleurs introductions de film catastrophe de ces années là. Même encore aujourd'hui, le style graphique du titre à de quoi surprendre. Visuellement envoûtant, parfois déroutant, le titre de LucasArt vous offrira des panoramas magnifiques et variés, allant de la plaine désertique aux ambiances glaciales des structures extraterrestres. L'univers est de plus agrémenté de quelques animations qui participent d'autant plus à l'immersion, et ce pendant toute la durée de l'aventure.
La bande son n'est pas en reste puisqu'elle se trouve être un des gros points forts du jeu. Émerveillante, mystérieuse, parfois onirique ou enivrante. Voici les termes qui me viennent à l'esprit quand je me remémore les thèmes de The Dig. S'accordant à la perfection avec l'action à l'image, Michael Land a réussit à créer une ambiance unique et exceptionnelle. Une bande son à écouter de toute urgence.
Revenons au scénario. Tout débute dans un observatoire spatiale alors que les radars du centre de sécurité affichent une anomalie de taille imposante qui semble se diriger droit vers la Terre. État d'alerte, l'humanité doit réagir, le projet est d'envoyer une équipe sur ladite anomalie, qui se trouve être un astéroïde gigantesque, afin d'y poser des charges explosives pour dévier sa trajectoire. Un pitch de départ assez simplet mais qui prendra de l'ampleur au fur et à mesure de l'évolution du scénario, suffisamment pour vous accrocher à votre siège de longues heures durant. L'astéroïde passe finalement en second plan et le retour sur Terre devient rapidement un des objectifs majeurs de nos héros. Le ton est donné, contrairement aux autres titres de LucasArt, nous nous retrouvons ici face à un soft moins garnis d'humour, beaucoup plus sérieux et à la portée émotionnelle incroyable.
C'est aussi à cette occasion que nous faisons la connaissance des protagonistes principaux, à savoir le commandant Law, la journaliste Maggie Williams et le professeur Brinks.
Les personnages jouissent d'un background très travaillé. Chaque membre de l'équipage possède son propre caractère et vous en apprendrez un peu plus durant la progression du scénario. Tout au long du jeu, vous aurez la possibilité de discuter avec eux pour en savoir un petit peu plus sur leur motivation, leur état d'âme, tout ceci renforce l'immersion et l'attachement que l'on peut ressentir vis à vis de cette petite équipe. Le commandant Law, que vous suivrez pendant toute la durée de l'aventure, communiquera ses analyses de la situation, il réagira sans manichéisme aux situations qui se présenteront à lui. Il est aussi amusant de remarquer que les personnages n'évolueront pas uniquement en votre présence. En effet, vous serez fréquemment séparé de votre équipe pour diverses raisons et des changements se feront ressentir pendant chaque retrouvailles. Si vous êtes quelqu'un de bavard et que vous appelez régulièrement vos camarades, vous pourrez parfois suivre cette évolution psychologique qui donnera lieux à des dialogues savoureux comme savaient si bien les faire LucasArt à cette époque.
Vous voilà donc embarqué dans votre navette en direction de l'espace, l'occasion de faire votre première rencontre avec le gameplay et ses subtilités. Vous voici donc dans l'espace, prêt à aller poser votre feu d'artifice sur l'astéroïde. Vous ferez connaissance à cet instant avec le PenUltimate, objet central de votre équipement, qui vous permettra de contacter n'importe lequel de vos coéquipiers ainsi que de prendre contact avec vos camarades restés bien au chaud sur Terre. Accessoirement, ce petit objet vous permettra de jouer à un mini jeu d'alunissage tout à fait anecdotique. Ce petit joujou vous servira tout au long de l'aventure, il ne faudra d'ailleurs pas hésiter à l'utiliser si vous êtes bloqué pendant une énigme, certains contacts pourront vous donner quelques indices.
En ce qui concerne la résolution d'énigme, rien de bien original de ce côté là, The Dig reprend le fonctionnement et les mécanismes classiques des jeux LucasArt de l'époque, à savoir la combinaison d'objets. Malgré tout, le niveau général du jeu se trouve être bien plus élevé que celui de ces homologues et certaines énigmes paraissent tellement floues au premier coup d'œil qu'elle se transforment rapidement en une espèce de brume insondable qui mettra à rude épreuve les joueurs les plus aguerris, et ce n'est pas peu dire. Ceci pourra rapidement rebuter les plus impatients d'entre vous mais procurera un vrai défi aux joueurs tenaces.
A y regarder de plus prêt, on distingue très nettement la pâte de Spielberg et surtout le fait que The Dig n'ait pas pu être adapté au cinéma. Le soft est doté d'une réalisation tout à fait soigné, de nombreuses séquences vidéos viendront agrémenter l'expérience et faire avancer l'histoire. Pendant les phases de jeu, quelques petites surprises visuelles viendront régulièrement troubler le calme des phases de réflexions tout en étoffant un peu plus le mystère ambiant. The Dig, bien que différent par son ambiance, et à mettre au côté des titres comme Sanitarium. Des jeux intelligents et intéressants qui plongent le joueur dans une aventure immersive sans ne jamais le lâcher une seule seconde jusqu'à la conclusion. A ce sujet, je me permet d'émettre un légère réserve. La fin du soft semble être expédiée un peu rapidement, le joueur restera probablement sur sa faim.
En dehors de ce petit point noir, The Dig et une œuvre d'art, hors du temps, irréelle et profonde, un soft envoûtant et onirique, un voyage aux confins de l'univers qui happera le joueur qui saura ouvrir les portes de son imaginaire pour y laisser pénétrer ce fluide chimérique durant une poignée d'heures. Un incontournable des années 90. Il s'impose comme une pierre maîtresse du point & click à son âge d'or. The Dig est un jeu qui transcende, une perle du point & click et de la science-fiction que tout fan d'un des deux genres se doit de faire de toute urgence.
PS : Ne l'achetez surtout pas sur Steam.
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