Ne prenez pas la fuite !
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le 20 déc. 2020
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Comment un jeu à moitié raté peut-il être l’un des open world les plus mémorables ? C’est un peu le mystère de The Getaway, jeu bourré de promesses formidables mais anéanti par un gameplay que les plus indulgents nommeront comme indigent.
Sorti à l’orée des années 2000, The Getaway souffre déjà de la comparaison avec GTA alors que le troisième épisode de Rockstar est devenu instantanément une référence. Pourtant, les équipes de la Team Soho veulent déjà casser les codes d’un genre nouveau pour créer une expérience vidéoludique cinégénique aux accents hyperréalistes. Pour se faire, tout est pensé comme un bon polar anglais avec ses véritables acteurs modélisés, ses accents bien marqués et son ambiance sonore au poil. British à souhait, The Getaway nous transporte aussi dans la véritable star du jeu : sa représentation d’un Londres numérique.
Loin de la fantaisiste Liberty City de GTA, Londres est ici modélisée avec un soin alors jamais vu dans un jeu vidéo. La volonté d’inscrire la ville dans un réalisme photographique y est pour beaucoup. On retrouve les quartiers de Central London, leurs spécificités architecturales et une variété dans les bâtiments qui surprend encore aujourd’hui. En outre, et cela parait inimaginable désormais, on reconnait les enseignes et les publicités qui habillent les rues de la capitale (Prêt à Manger, H&M, etc.). L’idée est d’abord de créer Londres telle qu’elle existe vraiment. Une époque où le concept de licence était encore obscur au bon plaisir des développeurs. Les véhicules sont tous des modèles existants et forment aussi un bon marqueur temporel de l’époque où se déroule le jeu.
Tandis que le vélo et les zones à trafic limité pullulent dans les grandes villes, le Londres de The Getaway est l’une des dernières traces d’une cité où la voiture est reine et les constructions futuristes des vingt dernières années encore au stade du projet (pas de Shard par exemple). De plus, impossible de prendre le métro dans le jeu puisque les stations sont visibles mais toutes fermées. Néanmoins, aucun temps de chargement ne ralenti la progression, on entre dans les bâtiments comme on se balade dans la ville. C’est donc en surface que l’on navigue… avec cet éternel problème de rouler à gauche.
Autre point fondamental dans The Getaway, c’est l’absence totale de HUD. Aucune info à l’écran puisque toutes les informations sur l’état de son avatar et de sa progression se caractérise visuellement uniquement. Pour le meilleur puisque cela a un pouvoir immersif formidable dans cette ville photo-réaliste, mais aussi pour le pire puisqu’il faudra être attentif aux clignotants de sa voiture et éviter les sens uniques (trop nombreux) pour se déplacer. Mais le plus récalcitrant sont sans doute les phases à pied. Le système de couverture est alors novateur mais tellement capricieux : l’inertie se confond avec la léthargie. Cerise sur le pudding, après avoir encaissé quelques balles il faut s’appuyer contre un mur, se mettre à l’abri et… attendre ! Très régulièrement, il s’agit donc de s’interrompre de jouer pour faire souffler son personnage. Vive la frustration.
Les séquences véhiculées sont aussi paralysées par une physique clairement ratée avec des chocs qui n’ont aucun sens et des voitures de flic infernales. Sans parler des bornes de parcmètre et des barrières infranchissables. En plus, les rues sont densément remplies de bagnoles, ce qui est impressionnant techniquement mais on est constamment sur le fil si on veut tracer.
Malgré ses intolérables défauts, il y a comme un plaisir candide à découvrir The Getaway. Un jeu aux allures de film, polar anglais comme aucun jeu ne l’a fait et ne le fera ensuite. La modélisation de Londres est une prouesse technique et on se laisse porter par le flow de la capitale anglaise sous son ciel gris et le long de ses devantures reconnaissables. The Getaway c’est finalement tout ce qu’on attend de l’Angleterre, il ne faut juste pas être trop difficile quand il s’agit de déguster du poulet à la confiture.
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Créée
le 28 mars 2023
Critique lue 32 fois
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