Petit retour rapide sur le jeu qui fait pas mal parler de lui en ce moment, sans vraiment avoir réussir à m'attirer avant que l'on me l'offre (encore merci à mon généreux donateur pour la découverte !).
Last Campfire est l'exemple typique du petit jeu indé, "genre" duquel il coche à peu près toutes les cases :
- Petit jeu ;
- Mignon ;
- DA plus ou moins marquée ;
- Poétique ;
- Gameplay minimaliste.
Nous y incarnons une "braise", qui un jour se réveille on ne sait où. Qui fuit on ne sait quoi. Qui poursuit on ne sait quel but. Et qui en profite pour, ma foi, sauver les "braises mélancoliques" qu'elle croise sur son chemin. Les "braises mélancoliques" en question sont des personnages similaires au nôtre, mais figés, pétrifiés, enfermés dans ce que j'interprète comme leurs névroses.
Les mécaniques de jeu consistent globalement à se balader, explorer, trouver des coffres et résoudre des mini énigmes via des objets à trouver et un petit pouvoir télékinésique idéal pour déplacer gros cubes et petites échelles. Pas de saut, pas de baston, simplement un bouton d'action contextuelle et un autre pour le pouvoir. Ainsi chemine-t-on à travers cette petite campagne bucolique, tout en croisant le chemin de créatures certes hautes en couleurs, mais globalement complètement sous-exploitées : que ce soit la grenouille, le cuisiner ou le robot : quelle sont leurs histoires ? Leurs aspirations ? Quid de ce classieux serpent d'acier, qui jamais ne nous dévoilera rien de ses origines, ni même de ce qu'il fiche devant nous ? A peine un instant pour les découvrir, pas le temps de s'attacher, au revoir l'ami, au suivant de ces messieurs. Soit. Ainsi donc nous rabattons-nous sur nos semblables endormis, que nous nous évertuons à sauver malgré le maigre butin de dialogues qu'ils nous offrent en retour (une ligne, voire deux à tout casser). Ainsi chaque rencontre névrosée est-elle le prétexte de nous plonger dans une énigme plus ou moins tordue, et plus ou moins en rapport avec le souci psychologique de la personne abordée. On enchaîne les énigmes. On enchaîne les sauvetages. Qui au fond ne sont guère plus que des clés permettant à chaque "feu de camp" d'ouvrir la porte qui conduira jusqu'au prochain camp, ce jusqu'au fameux dernier d'entre eux.
Notons tout de même que la qualité des énigmes "mélancoliques" est à saluer : j'ai plus d'une fois été mis en défaut, et réussir ces défis par soi-même est plutôt gratifiant. Preuve en est du niveau un peu recherché de ces derniers : la possibilité en début de jeu de carrément les ignorer, via un mode "exploration" visant à ne pas laisser au bord de la route les joueurs souhaitant simplement profiter de la promenade.
Un bon point décerné également pour la narratrice qui nous accompagne tout au long de la partie. Si sa lecture des actions est sympathique, son jeu lors des dialogues est juste trop mignon. Sa voix a la douceur de la soie, mais reste néanmoins très impliquée dès qu'il s'agit de faire ressortir l'émotion d'un interlocuteur.
Pour le reste de la direction artistique je ne m'étalerai pas plus que ça : elle est gentillette mais j'ai tendance à la trouver plutôt quelconque en réalité, que ce soit côté visuel ou musique. Je suis conscient que c'est là un avis purement subjectif mais puisqu'on est aussi là pour donner son avis...
Non, le vrai gros souci à mes yeux, c'est ce manque d’implication du joueur, qui n'arrive pas à entrer dans la fable racontée, bien que son message soit plutôt intéressant (aller de l'avant, ne pas se laisser engloutir par ses angoisses ni par son passé...). On va dire que je fais encore mon fanboy, mais dans un genre similaire, Celeste est mille fois plus impactant sur son fond. Ori sur sa forme. Les deux sur leur gameplay. Entendons-nous bien : Last Campfire n'est pas un mauvais jeu en soi. Ce qu'il fait, il le fait plutôt bien. Mais il survole complètement son sujet à mon sens, ce qui conduit fatalement à ressentir une petite sensation de fade, tant le marché actuel regorge de pépites qui font au moins aussi bien. Pour moi, ce jeu est clairement sorti avec 10, voire 15 ans de retard.
D'où au passage une certaine surprise a posteriori concernant les critiques dithyrambiques auxquelles a eu droit le jeu. Quand je lis que le jeu est "gorgeous" ou bien quand je constate que des gens ont pleuré devant, je me dis que j'ai dû complètement passer à côté... Bon, ce sont des choses qui arrivent après tout.
Reste que Last Campfire est un bon petit jeu chill, qui a aisément rempli sa mission de détente que j'attendais de lui, tendu que j'étais en sortant d'un boulot plutôt prenant en ce moment. Ça m'a également changé des jeux un peu trop exigeants que j'ai tendance à lancer par les temps qui courent. Et bon, on va dire que c'est déjà pas mal. :-)