The Walking Dead Action-game
Auréolé d'un succès d'estime comme populaire, The Last of Us semble ne laisser personne indifférent, et semble un prétendant sérieux au titre de jeu de l'année. Pourtant, je n'en sors pas complètement satisfait, explications.
Doté d'un univers assez banal (le post-apo est vraiment à la mode depuis quelques années) et d'un scénario très convenu (surtout si on a joué à The Walking Dead avant), The Last of Us réussit néanmoins à proposer une intrigue efficace, avec un final particulièrement marquant (et original). Ce qui est particulièrement intéressant, c'est le traitement des personnages, et leur évolution. Je ne pense pas avoir déjà incarné un personnage aussi torturé que Joël, et étant aussi partagé entre le bien et le mal. Joël a une vague idée du bien, mais au final, il agira toujours pour son seul et unique intérêt, jamais d'altruisme ou même de signe ... d'humanité de sa part. Même s'il n'est toutefois pas un psychopathe. Et incarner un personnage aussi terre-à-terre, aussi campé dans son rôle de survivant à tout prix, c'est vraiment très intéressant. Sa relation avec la jeune Ellie sera peut-être plus stéréotypée, mais permettra quelques grands moments dans le scénario.
Ellie n'est cependant pas qu'un gimmick pour le scénario, elle accompagne aussi Joël la majorité du temps, et son aide pourra parfois être utile. Dans la lignée des sidekicks tels que Elizabeth de Bioshock, elle pourra aider le joueur directement dans les phases de gameplay et ne sera jamais pénible tout au long de l'aventure. Ses petites remarques d'adolescente rebelle auront même réussi à m'arracher quelques sourires. Le gameplay est aussi basé sur la coopération entre les deux protagonistes, et il faudra donc souvent lui faire la courte échelle, ou pousser des radeaux de fortune pour la faire avancer sur l'eau (il fallait quand même lui donner un défaut pénible, elle ne sait pas nager). Toutefois, ces interactions sont quand même limitées, et fort répétitives, le jeu peine sur la durée à varier dans ce domaine.
Et pour le gameplay plus général, c'est un peu le même problème. Au début, on est ravi de constater que le jeu cherche à proposer différents types d'affrontements avec les divers antagonistes (infiltration/action avec les humains, infiltration pure et méticuleuse avec les claqueurs, élimination en douce avec les infectés normaux), et que ceux-ci suivent un roulement pour ne pas lasser le joueur. Entre ces "combats", des phases classiques d'exploration, entre le trip contemplatif (probablement le plus beau jeu PS3) et la collecte d'outils potentiellement utiles, dans la lignée d'un Bioshock.
Cet aspect création est d'ailleurs assez mis en avant dans le gameplay, puisqu'on peut fabriquer des armes ou des trousses de soin, et tout se fait sans que le jeu ne se mette en pause. Idem pour le soin, ça met un peu de temps, et on peut à tout moment se faire attaquer pendant qu'on applique les bandages sur les blessures du héros. Et ça marche bien en fait, dans les situations tendues, le stress monte très vite et on n'est jamais trop sûr de pouvoir vraiment se guérir, quand bien même le niveau de vie est au plus bas (ça fait du bien un jeu sans auto-regen de temps en temps).
Cette pression, le jeu tente de l'instaurer à chaque instant, grâce à ses très bonnes musiques d'ambiance, mais aussi grâce à sa mise en scène dynamique et immersive, qui fait qu'on ne se sent jamais vraiment à l'aise, même dans les phases d'exploration pure, un ennemi peut débouler et tuer le héros en un seul coup. Et c'est la marque des bons survival-horror, faire peur autant voire plus en ne montrant rien qu'en exposant le danger. Même si en dehors de cela, le jeu 'est pas vraiment horrifique, il n'usurpe cependant pas son appellation de survival. En difficile, le mode de difficulté recommandé, les munitions ne sont pas légion, et si je n'ai jamais été à cours de trousses de soin, on est vraiment incité à jouer la carte de la prudence et à tuer un maximum d'ennemis de manière silencieuse ou "à la main", avant de devoir sortir les armes. Ce qui incite à fouiller de fond en comble les différents niveaux, et donc à s'exposer davantage au danger dans les zones grouillant de monstres dangereux, un cercle vicieux bien amené. Dommage que le mode difficile soit cependant aussi pénible à cause de la résistance des ennemis. Généralement, une balle logée en plein crâne ne suffira pas à tuer un humain, ce qui complique effectivement le jeu, mais peut-être trop artificiellement. Dommage aussi que le jeu force aussi souvent l'affrontement direct dans les dernières heures, alors que Naughty Dog a déjà prouvé sa médiocrité dans les phases de TPS pure. Dommage enfin que le gameplay tout entier finisse par tourner en rond, alors que l'histoire finit par émouvoir dans le dernier quart du jeu.
Au final, The Last of Us est un jeu qui réussit plutôt bien son pari : proposer un survival efficace et bien narré en guise de dernier gros jeu de la PS3 (même s'il y a encore Beyond), mais il aurait pu être encore meilleur, s'il avait été plus court (pour que le gameplay ne finisse pas par lasser) ou simplement s'il avait mieux réussi à diversifier ses séquences de jeu. Mais rien que pour sa fin, pour la psychologie du héros et le trip contemplatif, The Last of Us s'annonce déjà culte et mérite d'être joué par tout un chacun.