Bon dieu que je l’ai attendu ce jeu. Et pourtant, j’étais persuadé de ne pas pouvoir y jouer à sa sortie. Problème ? Je n’ai pas de PS4. Mais grâce à la gentillesse de mon meilleur pote, j’ai pu m’approprier sa console et ainsi, j’ai pu jouer à The Last of Us 2 day one. Et c’est quelque chose que j’ai pas fais depuis 2011 avec Rayman Origins. C’est dire à quel point, j’attendais ce jeu.
Il faut dire, le premier Last of Us est probablement ma plus grande claque vidéoludique. Si bien que j’hésite constamment entre celui-ci et Zelda Wind Waker pour la première place de mon top dix.
La recette qui faisait du premier Last of Us, un véritable chef d’œuvre à mes yeux, c’était sa simplicité. Une histoire de fin du monde déjà vu, un schéma narratif sur deux personnes que tout oppose et qui vont s’unir pour survivre. Bref, rien de bien révolutionnaire dans The Last of Us. Sauf que le scénario était tellement maîtrisé, la narration tellement bien ficelée, que le jeu était d’une efficacité redoutable et j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps à la fin.
Et avec un si gros cliffangher, il était naturel d’attendre avec impatience ce qui allait advenir de nos adorables Joel et Ellie.
Ce n’est pas ce que The Last of Us 2 nous offre. Alors, oui, on retrouve nos personnages, mais clairement pas là où on les attendait. Le but réel du jeu, c’est de complètement déstabiliser son joueur pour mieux lui ingurgiter sa morale. Et déjà là, y a un problème qui aura fait bouder une bonne partie du public. Parce que je veux bien qu’on me sorte de ma zone de confort, encore faut-il que ce soit au service d’une véritable démarche…ce qui est à moitié le cas dans The Last of Us 2. Faut bien comprendre que ce jeu, je l’adore, je l’aime vraiment beaucoup, mais je lui trouve tout de même de sacrés défauts qui m’ont fait hésiter entre un 8 et un 9.
Mais avant de m’attarder sur le scénario puisque j’ai l’intention de spoiler comme un gros dégueulasse, penchons-nous d’abord sur le gameplay.
Le gameplay constitue le meilleur élément du jeu. Plastiquement parlant, The Last of Us 2 est un jeu incroyable. Il reprend exactement le même gameplay que le premier volet, mais l’use à merveille. Alors, non, il y a très peu de nouvelles armes, ni même d’améliorations avec les stimulants, et en soi, ça pourrait être un reproche mais même pas. Ce qui manquait peut-être au premier jeu, c’était un level design vraiment efficace au service d’un tel gameplay, et c’est totalement le cas dans cet épisode. Le level design est…parfait ! Les développeurs se sont surpassés pour créer des zones incroyablement denses à explorer. Le meilleur exemple se trouve au début du jeu (Seattle J1), où on se retrouve avec une carte de Seattle et, sur notre cheval, on doit fouiller une bonne dizaine d’immeubles. C’est riche, c’est intense, y a plein de petites énigmes, de passages secrets, bref, du lourd.
Ça, c’était un exemple concernant l’exploration, mais lorsqu’il s’agit de passages d’infiltrations avec des ennemis, là encore, c’est du diamant brut. Ceux qui y ont joué au jeu se souviendront forcément de Seattle deuxième J2 où on doit passer sur une passerelle, pour ensuite descendre une immense tour infestée d’infectés et enfin, chercher des médicaments dans un hôpital. Comme dans le premier, le jeu propose toujours différentes approches lorsqu’on doit affronter les ennemis, on peut se la jouer discret en tuant les ennemis un par un, ou foncer dans le tas, mais ça implique de dépenser beaucoup de munitions.
Les munitions, parlons-en, elles sont beaucoup moins nombreuses que dans le premier jeu, ce qui est un atout indéniable. De ce fait, le jeu impose de rationner et d’être précis lorsqu’on veut tirer sur les ennemis. C’est un excellent moyen de rendre le joueur plus aguerri dans des situations désespérées.
Et d’un point de vue formel, le jeu est visuellement magnifique. Bon, c’est la première fois que je joue à un jeu PS4 chez moi, mais ma télé n’avait jamais diffusée d’aussi belles images. Sinon, je vois peu de gens en parler et pourtant, c’est une évidence, le sound design est ce qui s’est fait de meilleur dans l’histoire du jeu vidéo. J’ai passé la première moitié de ma partie à jouer avec mes grosses enceintes, et le son des coups de feu résonnaient avec fracas dans ma chambre, c’en était tétanisant ! Puis j’ai opté pour un casque de qualité et là encore, la jouissance auditive était au rendez-vous tant la spatialisation du son est un atout majeur du jeu. Il m’est arrivé de savoir exactement où se trouvait un ennemi rien que par le son.
En sommes, si vous cherchez simplement un bon jeu bien réalisé, The Last of Us 2 saura répondre à vos attentes… Mais honnêtement, qui a joué à ce jeu pour son gameplay ? Qui l’a acheté day one pour ça ? Ce qui nous intéresse, c’est le scénario, et c’est de ça dont tout le monde parle depuis deux semaines.
Et ce scénario du coup ? Qu’est-ce qu’il vaut… C’est compliqué. En fait, je pense pas que le scénario pose tant de soucis, au contraire, je le trouve sympa et surtout plein d’audace. Non, le véritable souci du jeu, c’est sa narration. Et là, ça va spoiler, donc vraiment, si tu n’as pas fini le jeu, fuis pauvre fou.
La première grande audace du jeu et moi, je l’ai accueilli à bras ouverts, c’est la mort de Joel. En règle générale, je trouve le prologue incroyable. L’introduction du jeu rappelle parfaitement la fin du premier opus, on retrouve les personnages qu’on connaît et les nouveaux protagonistes sont parfaitement introduits. On commence à s’habituer à nos personnages et d’un coup, le drame ! Brutal, inattendu, injuste, et surtout, parfaitement mis en scène. Le meurtre de Joel est un véritable uppercut douloureux qui n’aura pas manqué de me faire chialer. Et tout comme Ellie, j’ai ressenti une haine profonde, viscérale, envers Abby. Sa quête de vengeance était devenue ma quête de vengeance. Je pense que ça a été le cas pour tout le monde, c’est bien la preuve que le jeu a parfaitement su impliquer les joueurs.
Cependant, c’était le piège de Neil Druckmann. Le but caché, c’était qu’on partage la haine d’Ellie pour humaniser Abby par la suite et qu’on remette en question les choix violents d’Ellie et donc, les nôtres. Et c’est raté. Pas totalement, mais la démarche est tout de même extrêmement maladroite.
Parce qu’à l’inverse du premier Last of Us dont la mise en scène était assez bien ficelée pour te donner l’illusion de choix, on a très souvent l’impression d’être pris en otage dans ce jeu. J’ai un exemple pour ça.
A la fin du premier Last of Us, lorsqu’on doit tuer le médecin qui s’apprête à opérer Ellie, le jeu nous laisse le temps de le tuer. Et me concernant, j’ai hésité deux secondes. Et rien qu’en me laissant hésiter, le jeu m’a donné l’illusion du choix. Ce qui fait que lorsque j’ai tué ce médecin, j’ai épousé les décisions de Joel, je les ai partagés et j’ai donc totalement accepté ses actions.
A l’inverse, dans The Last of Us 2, Ellie retrouve Nora et décide de la torturer pour que celle-ci lui révèle la position d’Abby. Et cette torture se fait en QTE et hors-champ. C’est totalement contre-productif. Non seulement, le jeu ne nous permet pas ce temps d’hésitation, et en plus, il ne nous met pas face à ce choix de torturer Nora. Il y a un écart qui se crée entre le joueur et Ellie et c’est vraiment dommage.
Et ce genre de choix un peu foireux, il y en a pas mal dans le jeu. Notamment les (trop) nombreux flash-back qui ont leur utilité lorsqu’il s’agit d’Ellie. Mais ceux concernant Abby me paraissent bien moins pertinents. Surtout que ça rend la narration ultra confuse puisqu’on passe notre temps à retourner en arrière, trois ans plus tôt, deux ans, la veille, le lendemain, une semaine plus tôt, trois mois, ça devient vraiment compliqué de savoir où on en est chronologiquement.
Enfin, il y a cette morale. Morale très recevable, mais qui manque de finesse et de nuance. Druckmann essaye de faire d’Abby, la victime d’une folle assoiffée de vengeance et de punir Ellie à la fin. Ellie perd Dina, ses deux doigts et donc ne peux même plus jouer de la guitare, seul moyen qu’elle avait pour se remémorer Joel. Et Abby s’en sort, certes, elle a douillé, mais elle s’en sort. Sauf que je suis pas d’accord. D’abord parce qu’Abby, elle aussi, a été une folle assoiffée de vengeance, et que sa revanche, contrairement à Ellie, elle l’a eu. Et que tout sa quête de protéger deux enfants dans un monde hostile, quête qui cherche justement à nous montrer qu’Abby est une bonne personne, je la trouve extrêmement bancale !
Au final, tous ces choix narratifs pris par Druckmann mènent à une conséquence qui a fait hurler beaucoup de joueurs : on a jamais l’impression d’être récompensé par le jeu. La preuve ultime, c’est cet affrontement entre Abby et Ellie où on est forcé d’incarner Abby. On est forcé de frapper Ellie et j’ai personnellement subi ce passage. Pareil pour l’ensemble du jeu, parce qu’au final, la quasi-totalité de nos déplacements ne servent à rien. Ellie traverse les États-Unis pour retrouver Abby pour finalement ne pas la tuer. Abby passe une journée entière à chercher des médicaments pour sauver une gamine qui meurt le jour suivant. Ce qui fait que le jeu crée une frustration vraiment amère et je comprends que beaucoup se sentent froissés. J’arrive même pas à comprendre si c’était le but de Druckmann, de nous froisser, parce que des fois, on a vraiment l’impression qu’il se fout de notre gueule.
Bon après, je trouve le reste du scénario vraiment bien. J’aime énormément les interactions entre les personnages, il y a des flash-backs qui m’ont fait pleurer (en général, ceux avec Joel). Et même si certains critiquent l’évolution d’Ellie, j’aime énormément ce personnage. Je l’aime de tout mon cœur.
Donc voilà, je pense pas que The Last of Us 2 soit un jeu parfait, loin de là. Il a des longueurs, c’est indéniable, il y a des passages qu’on aimerait voir raccourcis, des décisions qu’on aimerait différentes. Mais bon, quand tu vois tout le boulot qu’il y a au niveau du gameplay et à quel point le jeu est visuellement et auditivement spectaculaire, bah moi, je peux pas bouder mon plaisir. J’ai pris mon pied devant ce jeu et même s’il y a certains passages qui m’ont déplu, je continue de penser que c’est un grand jeu. Pas aussi important et puissant que le premier, mais un grand jeu quand même.