Temps de jeu : 40 heures
Mon huitième The Legend of Zelda
The Legend of Zelda: Link's Awakening (2019) est un remake du titre éponyme paru en 1993 sur Game Boy. C'est donc plus de 26 ans après sa sortie originale que connaisseurs et nouveaux venus vont pouvoir s'essayer à la version « définitive » d'un classique de chez Nintendo. En portable comme à l'ancienne ou sur téléviseur, le tout grâce à la Nintendo Switch et à Grezzo, un studio réputé pour ses portages et remakes d'opus de The Legend of Zelda. Link's Awakening donc, propose un voyage pour le moins original : ici, pas de Hyrule, ni de Princesse Zelda ; on lui préfèrera l'Île de Cocolint et ses indigènes, comme la charmante Marine. Toujours dans la peau de Link, toujours ensommeillé avant de partir à l'aventure, le joueur devra cette fois-ci réveiller le Poisson-Rêve, gardien de cette île en proie aux Ténèbres. Car s'il ne le fait pas, le petit aventurier à la tunique verte pourrait bien y rester jusqu'à la fin de ses jours...
Ce rêve vert, c'est un nouveau monde en 3D
Jeu Game Boy oblige, The Legend of Zelda: Link's Awakening est un titre condensé ; la carte du monde est bien moins impressionnante que les autres opus, la maniabilité et l'ergonomie générale un peu plus archaïques. Le remake de 2019, s'il ne change en rien l'échelle du monde, donne un peu plus de souplesse aux déplacements de Link et à l'utilisation de ses objets. Outre des mouvements libres sur huit axes en lieu et place du case par case sur quatre directions (haut, gauche, bas et droite), on notera qu'il n'est plus obligatoire de placer l'épée, le bouclier, le bracelet de force ou encore les bottes. La plume, qui permet de sauter, reste quant à elle un objet à (dés)équiper. Un bien fou qui ne fera absolument pas regretter les trop nombreux passages dans le menu de l'inventaire, lesquels gâchaient un peu le rythme de l'aventure. Pour le reste, on ne peut que rester émerveiller devant l'ingéniosité du level design, qu'il s'agisse de l'over-world ou des donjons, déjà complètement fous pour l'époque et surtout sur son support.
Si les premiers dédales sont relativement simples, que leurs énigmes et ennemis paraissent basique, arrivé à la seconde moitié du jeu (notamment le donjon de la Tour du Vautour et son casse-tête vertical), on se surprend parfois à se perdre dans nos pensées. Et pour cause, Link's Awakening est un opus peu bavard, mais surtout chiche en explications. Tout ou presque est suggéré ; pis encore, les quêtes annexes (comme celle des échanges, pourtant si souvent inutiles dans ce média, prennent ici une importance majeure. Ne pas fouiller, c'est assurément se perdre ou bloquer à un moment donné du jeu. À moins de connaître l'original comme sa poche, il vous faudra fouiller, parler à tout le monde et surtout, ne pas hésiter à tout expérimenter. Il faudra d'ailleurs un peu moins de quinze heures pour boucler le jeu en ligne droite (six, si vous avez déjà joué au titre), et bien plus pour le 100% et la nouvelle run en mode Expert (une run bien plus difficile, surtout en début de partie). Une fin secrète est disponible si vous arrivez à ne pas mourir une seule fois durant votre aventure.
T'as le look, Coco(lint)
On appréciera grandement la direction artistique de ce remake, proche de la maquette et des miniatures (une impression donnée par la bonne utilisation du tilt-shift), laquelle concorde parfaitement à la thématique du jeu et sa trame scénaristique. La musique, composée par Ryô Nagamatsu (une pépite qui monte encore et toujours chez Nintendo), reprend tous les thèmes d'origine et les magnifie, n'hésitant pas à y incorporer quelques touches rétros. Et à l'instar du scénario et des dialogues, Link's Awakening propose une ambiance nostalgique et mélancolique rares pour un titre de Game Boy. Le final, déchirant, n'en est pour autant pas désespéré ; on est heureux du dénouement, quand bien même ce qu'il implique n'en demeure pas moins triste (dans une certaine mesure). Au final, si on devait se montrer déçu de quelque chose, ce serait du framerate capricieux, lequel chute à chaque changement d'écran ou dans les grandes étendues (rien à signaler dans les donjons), ou encore l'ajout des donjons d'Igor que le joueur doit composer soi-même, à la fois trop répétitifs et trop peu amusants. Le prix, très élevé pour un remake de ce calibre, peut également refroidir les connaisseurs ou quiconque ne ferait pas les deux runs, dont une à 100%.
En conclusion
The Legend of Zelda: Link's Awakening (2019) est un superbe remake, mais non sans défaut. Techniquement surtout, puisque tout l'enrobage visuel et sonore embellit un classique déjà fantastique pour l'époque. C'est avant tout l'occasion de se plonger dans un univers étrange et attachant, lequel plonge Link dans une curieuse île où se rencontrent plusieurs univers de Nintendo, comme Kirby ou Super Mario. Le level-design, très dense en dépit de la petitesse de son monde, brille toujours autant, et plus encore quand on se remet en tête que le titre original proposait une telle aventure sur une console portable du gabarit de la Game Boy. Un passage obligé pour tout amoureux de Nintendo, de The Legend of Zelda, et d'autant plus de Zelda 2D ; les néophytes eux, profiteront des améliorations technologiques, lesquelles font un bien fou au niveau de la souplesse du jeu ou de l'ergonomie de ses menus et de ses contrôles. Reste que le tarif conseillé parait un poil absurde, tant le jeu reste relativement court et qu'aucune véritable prise de risque n'est à noter. Un chef d'œuvre miniature, qui n'a absolument pas vieilli malgré le poids des années.