Celui sur Nes en 87 n'a jamais déchainé les foules, celui sur Snes seule une poignée d'enfants uniques y jouaient avant qu'il ne soit rendu totalement obsolète par le Secret of Mana de Square, le Majora's Mask était trop génial et pointu pour l'époque, le Wind Waker en cell shading passé de mode était une véritable arnaque, "toilette princesse" tous les joueurs de ma génération l'ont boycotté, en réalité il n'y a que ce Ocarina of Time qui aura mis tout le monde d'accord à sa sortie, la licence Zelda ne serait rien sans cet opus.
Vous retrouverez d'ailleurs ce type de phénomène sur Castlevania ou sur Final Fantasy, il n'est absolument pas nécessaire d'être un grand spécialiste et d'avoir consommé tous les épisodes de la franchise, s'il y en a un à essayer c'est évidemment Symphony of the Night et FF VII, vous ne ratez rien si vous ne jouez pas aux autres ça ne sera jamais aussi bon.
Pour ce Zelda je me souviens avec précision où, quand et avec qui j'étais lorsque j'en ai eu un premier aperçu (comme pour le 11 septembre...), c'était avec 3 potes pendant une heure de perm'.
L'un d'entre eux nous avait invité chez lui et tout en discutant il allume alors sa télé sur Game One (il avait canal satellite, c'était un riche...) et là... comment dire... nous nous sommes subitement arrêtés de parler.
Ce n'était pas une présentation ou un "trailer" à la noix le jeu était testé en direct sous nos yeux, nous n'avions bien entendu jamais vu un truc pareil à tel point que toutes les 20 secondes l'un d'entre nous ne pouvait s'empêcher de sortir un "mais comment c'est possible, c'est incroyable!".
Ce qui m'a le plus marqué au-delà des graphismes extraordinaires pour l'époque c'est la fluidité de l'ensemble, et notamment ce passage de la 3ème à la 1ère personne lorsque vous utilisiez l'arc, le gameplay semblait incroyablement inventif et dynamique.
Autant vous dire qu'à la sortie de Wind Waker absolument personne n'a eu la même réaction que nous ce jour-là, les joueurs de ma génération auraient plutôt été du genre à balancer un "mais... c'est du cell shading!? Putain mais quelle arnaque!!!" et c'est cette 1ère impression finalement qui s'avère la plus révélatrice, tout le reste n'est que du blabla marketing destiné à vous faire consommer éternellement des produits sans âme.
D'ailleurs le jeune internaute formaté qui ne pense pourtant pas à mal vous dira toujours la même chose: "mais tu ne peux savoir sans y jouer, il faut lui donner une chance à ce jeu"...
Personnellement je ne pense pas que Nintendo ait besoin de moi pour gagner des tunes, les joueurs du monde entier leur "donnent une chance" tous les jours que dieu fait depuis les années 80, je préfère de loin soutenir les petits studios qui prennent des risques créatifs même si leurs jeux sont maladroits. "Donner une chance" à des grosses boites comme Arkane ou Bethesda qui se foutent de votre gueule depuis toujours ou presque cela me semble en effet au-delà de la naïveté, ça n'a tout simplement pas de sens.
Pour en revenir au fabuleux et indétrônable Ocarina of Time nous n'étions cependant pas du genre à nous précipiter pour nous procurer les jeux, nous attendions patiemment qu'ils baissent de prix ou nous les cherchions dans les brocantes, ce qui constitue également une différence notable avec le consommateur d'aujourd'hui qui veut tout tout de suite et qui est en réalité incapable d'apprécier un jeu à sa juste valeur.
En définitive sur mes 3 potes aucun n'a acheté la 64, je suis le seul à avoir eu l'impression que si je ne me procurais pas ce jeu j'allais le regretter par la suite. Nous sommes allés ensuite dans la chambre de notre hôte jouer à Cool Boarders 3 sur Play qui était un excellent jeu à l'époque, toutefois il me paraissait déjà tout de suite moins bon à côté de ce que je venais de voir sur Game One...
Bref celui qui n'a aucun vécu et qui ne peut pas replacer les jeux dans leur contexte parlera ici de "nostalgie" (en ayant la malhonnêteté de citer A Link to the Past dans son top), c'est à dire que le public actuel a oublié l'essence même de ce qui faisait un "jeu", la notion de sensation ayant été remplacée au profit d'une succession d'anglicismes vulgaires et racoleurs inventés par une presse numérique totalement soumise aux éditeurs (le "level design", mon dieu...).
Ocarina of Time était en ce sens un grand jeu, Wind Waker un produit au rabais maquillé en projet ambitieux, je m'aperçois aujourd'hui que très peu d'internautes en ont conscience.