La question que je me suis posée durant une bonne partie de mes pérégrinations dans Skyward Sword, c'est : pourquoi joue-t-on aujourd'hui à un jeu Zelda ? Ce qui est rigolo, c'est que ce questionnement vient un peu en écho à une série d'articles publiée ce mois dans le magasine JV - Culture Jeux Vidéo - et je précise que je n'ai aucune action financière dans ce magasine - à l'occasion du 30ème anniversaire de Legend of Zelda (the first one).
Il y a 30 ans, The Legend of Zelda participait à la définition de ce que pouvait être à la fois le jeu d'aventure, mais également le RPG dans un registre simplifié. Quelques années plus tard, sur Super Nintendo, A Link to the Past constituait un échelon majeur dans la création d'un open-world cohérent et agréable, participant à une aventure forcément limitée par les 16-Bits de la console mais définitivement épique. Zelda s'imposait alors comme une série à l'avant-garde du level design.
Avec Ocarina of Time, Nintendo transcrivait cette recette miracle dans le domaine récent de la 3D, ce qui renforçait la crédibilité du monde d'Hyrule et offrait de nouvelles possibilités de design.
Les épisodes majeurs suivants, Wind Waker et Twilight Princess - je mets Majora's Mask un peu à part dans la série - , offraient des déclinaisons intéressantes de ces bases solides, avec un design général et un souffle épique renouvelés pour le premier et une ambiance plus sombre et adulte pour le second.
Sorti à l'occasion des 25 ans de la franchise, Skyward Sword se présente plus comme un épisode de synthèse de la série, un opus qui tente de nous rappeler - si cela était nécessaire - ce que représente la série Zelda. C'est sa force et sa faiblesse. Car si le jeu est globalement maîtrisé et bien conduit, à la différence de tous les précédents opus sur console, il n'apporte pas d'innovation structurelle ou de prise de risque.
Car pour changer, vous incarnez Link, jeune habitant et apprenti chevalier de la ville de Celesbourg, dont la spécificité est d'être perchée dans le ciel (la ville, pas Link ...). Un monde en apparence sans terre, donc, mais rassurez vous, celle-ci apparaîtra bien assez tôt. Qui dit Zelda dit également princesse, dont la matérialisation dans cet épisode prendra les formes d'une jeune femme aux traits à la fois simples mais plus affirmés, une petite réussite de cet épisode selon moi. Et comme d'habitude, il conviendra d'accomplir une grande quête visant à libérer le monde de la menace d'un péril ancien. Voila ...
Du Zelda dans le texte, avec la possibilité d'avancer au fur et à mesure que l'on acquiert les différents pouvoirs et les différents item permettant notamment de débloquer de nouveaux accès et chemins.
Il faut néanmoins souligner le travail assez subtil fournis par les développeurs en matière de level design, permettant d'offrir au fil du déroulement de l'aventure plusieurs lectures de certains lieux : une espèce de recyclage intelligent et stimulant des quelques grands lieux créés pour cet épisode.
Avant de me lancer dans l'aventure, j'avais lu sur de nombreuses critiques certaines mises en garde (pour garder un terme positif), notamment concernant Fay, l'esprit de notre épée et sa tendance - selon ces mêmes critiques - à nous pourrir l'aventure par des interventions continues et inutiles. Alors c'est vrai : Fay n'est sans doute pas le personnage le plus réussi de l'histoire de la saga, et son espèce d'humour redondant à base de statistique est ... pas terrible. Néanmoins, ce n'est pas non plus la malédiction annoncée, juste un choix pas super opportun.
A ce moment de ma critique, vous - le lecteur émérite - pouvez vous dire que je parle de Skyward Sword avec beaucoup de détachement et un certain manque de relief. C'est sans doute en cela que mon texte est bien représentatif de ce jeu. Il est une parfaite synthèse de ce qu'est Zelda, en terme d'histoire (mais ça c'est classique), de mécaniques de jeu et de gameplay de façon générale. Le vrai problème de cet épisode, c'est qu'il pourrait ne pas exister sans que la saga perde le moindre élément de gameplay qui n'aurait déjà été présenté dans un autre opus.
Cela ne fait pas de Skyward Sword un mauvais jeu, mais juste un titre qui nourrit cette interrogation, présente dès le départ : "pourquoi jouer aujourd'hui à un Zelda ?". De nombreux RPG sont plus riches, plus beaux, plus stratégiques, plus complexes, plus longs, mieux scénarisés, plus profond ...
Mais Skyward Sword y répond de la même façon : par la synthèse de ce qu'est la saga Zelda. Une saga à laquelle on joue par plaisir, retrouvant nos marques, avançant dans le jeu à la fois grâce à la qualité du level design, par intuition, parfois par reconnaissance de mécaniques connues, en tout cas avec une certaine simplicité et une absence de frustration bienvenue.
Un Zelda sans doute un peu paresseux, mais un jeu définitivement agréable et sympathique, auquel il manque surtout le caractère épique de ses prédécesseurs.