The Legend of Zelda: Skyward Sword par ngc111
Promesses de renouveau dans le système de jeu, de changement dans le gameplay, de nouveautés dans le level-design ; voilà ce qui caractérisait la période de développement de ce nouvel épisode de la saga Zelda. Des promesses alléchantes mais quelque peu ternies par un style graphique "casse-gueule" coincé entre le "Toon-shading" de Wind Waker et le design de Twilight Princess. Au final on retrouve cette indécision, ce trouble et cette difficulté à trancher entre le "j'aime/j'aime pas" même après avoir terminé le jeu...
D'abord il convient de rendre hommage à la volonté des développeurs d'avoir enfin su bousculer une formule qui commençait à lasser un peu, il faut l'avouer ! Malgré des qualités et une efficacité toujours présentes, des titres comme Twilight Princess et même Wind Waker avaient déçus par un cruel manque d'innovation dans la structure même du jeu (sans parler de la difficulté ridicule de ces deux opus). Alors pour Skyward Sword, Nintendo a décidé de changer un tant soit peu la formule. Fini l'exploration libre dans un monde trop vide, place à des zones accessibles depuis un "hub" restreint dans lequel on a juste accès à de petits îlots sur lesquels on trouve coffres et mini-jeux. La bonne idée vient du fait que ces trois zones (classiques dans leur thème : forêt, volcan et désert) sont denses, riches en obstacles, ennemis et objets ; bref se parcourent presque comme des donjons. C'est efficace, plaisant et bien entendu l'on en découvre de nouvelles parties au fur et à mesure. Le seul problème de cette ligne directrice est que l'on a que ces trois zones et que, aussi réussies soient-elles dans leur level-design, on ne peut s'empêcher de trouver cela insuffisant.
D'autant plus que le jeu impose un peu trop de séquences de remplissage, qui non content de briser le rythme et le souffle épique de l'aventure, ont tendance à être répétitives. Phases de collecte sur le même principe, combat contre le même monstre par trois fois (avec de légères variantes), allers-retours inutiles... un fléau qui diminue l'envie de refaire le jeu.
On a parlé des phases pré-donjons, ces derniers ne s'en tirent pas trop mal heureusement. Les énigmes se renouvellent fort bien, la structure plus linéaire et fluide s'accommode bien avec les séquences précédentes dans les fameuses zones, les boss sont sympathiques à combattre ; le talent des développeurs ne s'est pas perdu de ce point de vue là !
Et comme une bonne nouvelle ne vient jamais seule, la difficulté est déjà bien plus correcte dans cet épisode, grâce à des ennemis qui frappent fort, des boucliers qui menacent de se briser (du moins au début de l'aventure) et à un nouveau système de combat révolutionnaire. Place au motion Plus !
Avec cette évolution de la Wiimote, Nintendo a permis à ce Zelda un contrôle total de l'épée de Link. Dans la pratique tout n'est pas parfait, il arrive que la synchronisation se perde un peu et que l'épée parte en vrille mais il faut avouer que pouvoir donner ses coups d'épée dans la direction souhaitée se révèle jouissif... et bien exploitée !
Car les combats ont bien changé avec cet épisode ! Plus lents, plus tactiques, c'est la principale nouveauté de cet épisode. Les ennemis parent les coups, ont une garde intelligente, et même de banales araignées doivent être étudiées pour pouvoir être vaincues. Les autres objets ne sont pas en reste et l'on appréciera d'ailleurs le fait que chaque objet est utilisé tout au long de l'aventure et ne se contente plus d'une utilisation momentané dans le donjon dans lequel ils ont été découvert.
Dans le rayon "ils servent enfin à quelque chose", saluons aussi le retour de l'utilité des rubis, qui étaient trouvables à foison et pour une utilisation trop rare dans les volets précédents. Il faut ajouter à cela un système d'upgrade des objets jouissif, des sous-quêtes intéressantes et aux récompenses correctes et une bande-son inégale mais qui à le mérite de proposer un ou deux thèmes épiques et mémorables.
Le scénario, lui, fait office de prologue à la saga mais à les même qualités et défauts que l'ensemble du jeu. Très intéressant et riche en révélations sur le pourquoi des choses, il a malheureusement tendance à disparaître pendant de longues séquences, pour revenir en apothéose à la fin du jeu. Encore un élément qui nuit au rythme de l'aventure.
Il faut ajouter à cela le ridicule du méchant qui nous "accompagne" tout au long de la quête, et un combat final classe mais pas très novateur ni légendaire contre le superbe boss de fin.
Pour le reste le design des protagonistes est excellent, notamment concernant les habitants de Célesbourg. C'est le seul village du jeu mais il faut avouer qu'il est très réussi et agréables à parcourir.
Pour revenir sur les graphismes, il faut avouer que certaines choses passent mal, certains décors modélisés de façon grossière (les arbres de la forêt par exemple), l'aliasing trop présent et cet effet peinture qui ne rend pas toujours très bien. A d'autres moments on goûte avec délice les joies du Toon-shading que l'on retrouve sur les personnages par exemple et qui rappelle la réussite esthétique de Wind Waker.
Au final ce dernier Zelda apporte un vent de fraîcheur bienvenu à la légende mais se retrouve entravé de défauts accompagnant chaque élément de nouveauté. La jouabilité "motion plus" ? Elle change la façon de combattre mais est entachée de problème de reconnaissance. L'esthétique picturale ? Réussie sur certains points mais limitée par le hardware de la Wii. La nouvelle structure du jeu ? Un changement salutaire mais brisé par les baisses de rythme à coup de remplissage. Le scénario prologue riche en révélations ? Trop absent par moments.
Cela peut sembler un constat amer mais il n'en est rien, Skyward Sword reste un bon jeu et à le mérite de proposer du renouveau à une licence stagnante ; mais ce qu'il fournit en espérances, il ne le convertit pas en certitudes et passe à côté d'un statut d'épisode mythique comme on ont pu l'être le premier, A Link to the Past ou encore Ocarina of Time.
Reste qu'il pose de nouvelles bases exploitables pour le futur de la série, et démontre que The Legend of Zelda est une licence encore renouvelable et exploitable du point de vue ludique.
Comme un élève en progrès qui rechute mais dont on attend désormais de belles choses...