Nintendo nous joue-t-il en réalité qu'un tour pendable avec sa reconnaissance de mouvement? Ou vient-elle enfin, à tour de poignet, dépoussiérer les vieilles traditions du tripotage de manette?
Parti pris audacieux pour un épisode signe Zelda qui, disons le tout de suite, ne fera ni concession, ni compromis dans sa démarche. Parler de Skyward Sword, c’est un peu faire l’autopsie de l'idolâtrie du “Motion Gaming” et d'y assumer le gâchis.

Dans cette même logique, Skyward Sword est en réalité une véritable vitrine technologique, prêt à convaincre les plus férus du jeu vidéo plus traditionnel de prendre la Master Skyward Sword de leurs propres mains. Apportant une liberté instinctive non négligeable au combat. S’intégrant au passage intelligemment à l’ensemble du gameplay avec le même brio. Le fruit d'une grande réflexion, cristallisant l'expérience acquise par Nintendo depuis ses tous premiers débuts sur Wii Sport.

N'allez, en revanche, pas croire que nous nous trouvons devant un Link's Sword Training 2.1 de la sorte. Non, Skyward Sword reste bien plus profond, tentant même de raconter la genèse de son riche héritage. Assumons le propos. Nous incarnons donc la toute première version du héros malgré lui, faisant partie d’une population Harry Potteresque perchée dans les nuages. Un abri dans le ciel crée par une déesse anodine afin de protéger l’humanité des démons terriens. Le destin oblige, l’aventure prendra vite ses racines terriennes lors de l’enlèvement de notre copine Zelda, prêtresse (et non princesse) en détresse. Ensuite s'enchainera un triptyque beaucoup moins prononcé, malgré un record d'aller- retours dans le ciel à dos de votre destrier pour sauver notre amie.
Exit sa trame principale, Skyward Sword c’est aussi un épisode où ludisme rime avec impressionnisme. Une œuvre capable de se vanter de ce que peu de jeu ont actuellement, un propre indenté dont l'éclat onirique est parfaitement digne de son appellation Zelda. Du grand art. Même Gamekult craque à rester blazé devant tant de poésie. Et puis, suis-je vraiment le seul à adorer le design de Link dans cet épisode? Personnellement, la balance esthétique penche plutôt vers le bon mais je peux très bien comprend que l’on perd ici le côté Tolkien plus épique et adulte de l’ancien épisode. D’ailleurs je suis conscient que l’on perd beaucoup plus et que l’on fait face à l’épisode de la saga le plus maudit en matière de redite et repompe.
Vous l’aurez peut être compris à ce stade, ce titre avant-gardiste n’est au final pas si grand public qu’il en a l’air. Sans doute victime de son ambiguïté, ou plutôt de son ambivalence. D’aucuns ont crié à la trahison, voir au déclin de leurs séries chétives en illustrant ses nombreux défauts impardonnables. Comme l’absence du cycle nuit et jour, ou alors sa linéarité absolue et son manque de contenue alertant.
Je ne m’attarderai néanmoins pas plus sur ces points obscurs. Peut-être de peur d’éclipser ma propre conclusion que Skyward Sword reste un bon jeu. Couloirdesque mais immersif. Redondant mais amusant et mille fois jouissif.
Non pas incontournable, il a le mérite de refléter les choix artistiques d'un grand Game Designer. Celui opérant directement et simplement le jeu vidéo, indiffèrent des grandes influences impersonnelles actuelles.

dreamcasteur
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le 22 févr. 2016

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