The Path
Je ne crois pas que le problème réside dans l'absence de gameplay ou de narration. Cette idée d'exploration, d'histoire dévoilée par petites touches a un potentiel, et ça pourrait être très chouette.
Ce qui ne va pas avec The Path c'est que la réalisation de cette idée n'est pas bonne.
Les contrôles sont très désagréables. La caméra aussi et je n'ai pas bien vu où était l'intérêt de ses vues éloignées lorsqu'on s'approche de certains lieux. Le personnage est très lent, et la course doit être interrompue régulièrement comme la caméra s'éloigne. Oui c'est pour l'ambiance, mais comme il n'y a pas grand chose à trouver dans la forêt et qu'on doit pas mal marcher dans du rien, c'est vite lourd.
En parlant d'ambiance, celle-ci est très monochrome, on explore mais rien n'est vraiment surprenant, tout semble à sa place : pas à sa place dans une forêt mais à sa place dans une forêt de jeu d'horreur (oui le nounours à deux têtes dans la forêt brumeuse, ou la petite fille en blanc, ça ne te défrise pas).
La musique est la même tout le temps, ce qui accentue ce côté uniforme. Elle est assez désagréable en passant, mais là c'est vraiment personnel comme avis.
Autre chose : c'est un jeu d'horreur, parait-il, mais il échoue totalement à arracher le moindre frisson, la moindre appréhension tout le long. Je pense que c'est à mettre sur le compte de la trop grande prévisibilité et l'atmosphère bien trop caricaturale.
Le jeu serait sur la découverte, l'imagination, l'histoire ne serait pas imposée et nous permettrait d'extrapoler, d'y mettre du sens nous-même : les choses se passent autant dans le jeu que dans notre tête nous disent les développeurs. Ça ne marche pas.
Je trouve qu'il y a un manque de subtilité catastrophique avec ce jeu.
Les personnages sont très stéréotypés, les situations aussi (la gothique de 15 ans à qui un inconnu offre une cigarette et c'est le looooooup et après elle est punie et elle meeeeeurt). Le jeu reposait sur la désobéissance aux règles, ici quitter le chemin, et explorer, aller où bon nous semble, histoire de se moquer des jeux à couloir.
La critique est un peu ratée car le trajet est tout aussi linéaire : quitter le chemin, rejoindre le loup, aller chez grand-mère, mourir, recommencer avec le personnage suivant.
Manque de subtilité aussi pour les petites phrases philosophiques à chaque découverte, du style :
Cold air. Hot water? Is this mist or is it steam?
Comme c'est cryptique... Ou des "perles de sagesse" à la con, du style :
chacun a sa moitié du sexe opposé qui l'attends.
Hétéronormativité, binarité et niaisierie, bonjour.
L'histoire c'est donc ni plus ni moins le conte original : ne désobéit pas, ne parle pas aux inconnus, le viol c'est de ta faute parce que tu as fait l'idiote, tu es systématiquement punie pour avoir fait ce qu'il te plaisait (dans the Path, pour avoir joué, pour avoir fumé, pour avoir réalisé sa passion, pour avoir séduit un homme...) Peut-être que le but était d'y voir autre chose, mais je trouve ça vraiment difficile vu le contenu. Il parait assez limpide (désobéissance, loup, évanouissement, marche de la honte, châtiment) et semble ne pas s'éloigner du tout du conte dont il s'inspire, ce qui nous influence d'autant plus dans notre perception.
Lorsqu'on obéit et qu'on suit le chemin, on ne meurt pas et la grand-mère non plus, notre portrait est dans sa chambre. La fille qui n'a pas fait de bêtises mérite d'être aimée. Bon... Aussi navrant et sexiste que le conte original en somme.
De Tale of Tales je préférais la vraie expérience proposée par The Endless Forest. Même si le titre manquait de profondeur et d'ambition, là y avait vraiment un truc.