Tout ce qui brille n'est pas d'or

Après avoir pourtant beaucoup apprécié le précédent opus, the Rise of the Golden Idol s'est avéré assez décevant pour moi. Pour rappel, le jeu vous met face à une série de scènes fixes tournant autour d'un évènement particulier (un meurtre, le plus souvent), où il vous reviendra d'en déterminer la cause (à travers un texte à trous laissant beaucoup de place à l'erreur), ainsi que le nom de tous les personnages présents grâce aux nombreux indices disséminés dans le tableau. Chaque scène apporte un peu de lumière sur une fresque, et une histoire, d'une plus grande ampleur.

Le relatif échec de "Rise" s'articule autour de deux points pour moi. Tout d'abord, la qualité des énigmes n'était pas au rendez-vous. Le grand talent de "Case", c'était de cacher ses secrets en pleine lumière. Après la phase de collecte d'informations (parfois un peu laborieuse, faut admettre), arrivait souvent ce moment où la solution la plus évidente vous laissait dans l'échec. Après une nouvelle observation, vous tombiez enfin sur le détail qui remettait tout en contexte pour enchainer les déductions. S'il reste quelques moments comme ça ici, ils restent plus rares et relèvent du détail. La plupart des scènes sont très claires dans leurs grandes lignes, et je trouve que globalement, la complexité des scènes a pris du plomb dans l'aile. Moins de petits détails à prendre en compte dans les décors et les poches, tableaux de taille réduite,... Ça veut pas dire que c'est facile, mais j'ai trop souvent trouvé qu'on était moins dans la déduction, et bien plus dans le recoupage méticuleux des informations à votre disposition. Peut être était-ce aussi le cas dans le premier titre, mais j'en avais pas eu l'impression. Un bon exemple de mon problème se trouve dans le dernier tableau de chaque opus. Celui du premier m'avait donné pas mal de fil à retordre, avec son déluge d'informations à prendre en compte pour rétablir la chronologie d'une série d'évènements complexes. Si on a ici droit à des énigmes et une révélation finale plutôt sympathiques, le déroulé est affreusement linéaire, ce qui limite beaucoup la réflexion.

Je note toutefois que ce ressenti a pu être affecté par le fait que j'ai terminé "Case" il y a un moment déjà, peut être que mon estime d'alors et mon approche d'aujourd'hui exagèrent l'écart qualitatif perçu dans le game design. En revanche, pas d'excuse du côté narratif. Au delà de ma préférence pour l'ambiance XVIIIème siècle, "Case" vous plongeait dans petites affaires et grands complots avec talent. La suite des évènements prenant toujours des directions inattendues, passant de chasse au trésor à délires sectaires pour atteindre la mise en place, et la chute, d'un état totalitaire, et ce sans jamais perdre le fil rouge. L'histoire de l'idole méritait bien les efforts pour la dévoiler. On ne retrouve pas la même audace ici. J'irais même jusqu'à dire qu'il ne se passe pas grand chose, le mystère initial (une série de meurtres mystérieux) n'étant jamais vraiment dépassé. On retrouve bien notre lot de crapulerie et de magie macabre, mais cette histoire de bêtise corporatiste manque d'ambition. Rien de comparable à la montée au pouvoir de Lazarus Herst, alors que franchement, il y avait moyen de faire des folies.

The Rise of the Golden Idol reste un jeu de réflexion honnête, avec son lot de petites déductions qui font les grandes enquêtes. Mais entre sa narration sans éclat et des énigmes qui ont l'air d'avoir fait un pas en avant pour deux en arrière, l'expérience ne m'a laissé l'impression que d'être une affaire de plus.