The Talos Principle n'est pas seulement un jeu à la direction artistique... étrange et fade, où ruines antiques côtoient équipements de chantier et tétrominos en lévitation : c'est surtout un jeu bien écrit et très bien construit, reprenant l'essence de Portal pour en retirer sa linéarité et y insuffler une narration totalement optionnelle et interactive, qui arrive à sonner juste sans s'égarer ni ressembler à un cours de philosophie pour les nuls.
À l'époque, les premières images m'avaient pour ainsi dire laissé de marbre, que ce soit à cause de la direction artistique ou du gameplay présenté, qui paraissait plutôt pauvre. Cependant, le titre avait fait parler de lui à sa sortie grâce à son écriture, et je pense que c'est mérité, malgré un ou deux défauts qu'on peut facilement pardonner. Les puzzles à résoudre sont intuitifs (à tel point que les quelques pièges présents ici et là se révélent vraiment vicieux), on débloque régulièrement de nouveaux outils (et ainsi de nouvelles combinaisons), et le côté ouvert du jeu permet de se changer les idées et d'aller tenter quelque chose de nouveau en cas de blocage, que ce soit pour explorer un peu, chercher des indices et des secrets ou tout simplement appréhender un autre puzzle.
Mes deux seuls regrets côté gameplay concernent la longueur du jeu (au moins trois fois plus long qu'un Portal 2) et la répétitivité que cela implique une fois tous les objets débloqués.
Bon, et j'ai quand même ragé une ou deux fois parce que je bloquais, ne sachant pas qu'il était possible d'attraper quelque chose en se tenant en hauteur (alors qu'il faut s'approcher pour ramasser un Jammer actif, ou ne pas sauter pour placer n'importe quel objet…).
Mais bref, TTP n'est ni punitif ni vraiment frustrant, et on prend plaisir à y retourner et à se triturer un peu les méninges. La bande son est douce et comporte de très beaux thèmes qui se laissent apprécier sans être répétitifs, même au bout de la trentaine d'heures de jeu qu'il vous faudra probablement compter pour débusquer la totalité des secrets du jeu.
Il y a aussi quelques petits bonus sympas, avec un aspect méta-jeu : les membres de votre liste d'amis Steam peuvent laisser des messages (pré-définis) un peu partout dans le jeu, voire incarner un personnage secondaire. Ça s'inscrit parfaitement bien dans le thème du jeu, renforce son propos avec une petite tournure poétique*, et c'est vraiment quelque chose que j'aimerais voir développé et exploité plus souvent. Et développeur PC oblige, on retrouve chez ce titre Croteam un menu si riche qu'il en est presque ludique à lui seul. On y trouve aussi beaucoup d'options d'accessibilité, qui soit dit en passant devraient faire partie de la norme.
Une bonne expérience que je recommande à tout le monde !
*
Vous devriez jouer au jeu avant de continuer.
Vous êtes sûr ?
Bon, très bien.
Vous êtes toujours là ?
(en comparant à l'évolution humaine le parcours et les difficultées surmontées par les itérations successives d'une intelligence artificielle, transmettant chacunes leurs découvertes et leurs expériences dans une mémoire collective et invisible à la conscience, et où votre liste d'amis représente une liste d'ancêtres génétiques)
C'est fini, il n'y a plus rien.