The Turing Test avait déjà beaucoup de choses solides sur lesquelles il pouvait s'appuyer : un sujet intéressant ; une direction artistique sobre mais efficace ; une réalisation technique sublime (quoique buggée par moment) et surtout une référence dans le FPS puzzle, à savoir Portal. Est-ce que le jeu s'impose dans la cour des grands ?
Graphiquement superbe
Avant de parler du rendu du jeu, il faut préciser que ce dernier tourne sous Unreal Engine 4, un des meilleurs moteurs graphique de la génération actuelle. Il permet d'obtenir des rendus graphiques sublimes rapidement et efficacement sans trop d'optimisation. Cependant, trop d'effets enlève une grande partie du charme d'un jeu et The Turing Test s'en sort très bien à ce niveau. Les textures sont sobres et peaufinés à la fois ; les reflets rendent très bien ; la lumière n'est pas éblouissante et apporte esthétique très travaillée et, dans l'ensemble, le jeu tourne très bien.
Le parcours se découpe en chapitres, eux-mêmes découpés en salles à la manière d'un Portal. On ressent, à travers notre épopée, une grande cohérence dans l'ambiance. Tout est aseptisé et géré par la technologie, comme s'il l'on était un tâcheron qui devait juste avancer dans un immense labyrinthe, ce qui amplifie l'impact du message global du jeu.
Une épopée très scénarisée
En effet, le but du jeu est de retrouver les membres d'un équipe se trouvant dans une base située sur Europa, un des satellites de Jupiter. Durant notre périple, l'intelligence artificielle Tom nous guidera de salle en salle en nous faisant la conversation. De là découlera une longue discussion sur le rôle de l'intelligence artificielle par rapport à l'homme, le but de sa création, comme fonctionne-t-elle, etc...
Sans rentrer dans les détails – car ce serait vous spoiler –, la trame scénaristique n'est pas vraiment recherché et les retournements de situations sont très prévisibles pour peu que l'on ait vu 2001, l'odyssée de l'espace, I-robot, Blade Runner ou les centaines d’œuvres traitant du rôle de l'IA par rapport à celui de l'humanité. Ce qui fait qu'à aucun moment on ne ressent de l’empathie pour les personnages, pour Tom et on ne s'attache à rien si ce n'est les énigmes qui nous sont proposées. Il n'y a malheureusement aucune originalité dans l'histoire. Toutes les questions abordées sont justes des introductions à de futures réflexions que vous pourriez vous poser. Si vous avez déjà réfléchi, débattu, discuté et même consulté des œuvres traitant le sujet, alors vous ne découvrirez rien de plus. Il semblerait plus que le scénario soit un prétexte aux énigmes.
La conception d'un Puzzle
Les énigmes seront très clairement le cœur du jeu. Vous devrez traverser sept séries de dix salles, parfois complexes, parfois d'une simplicité infantile. Les mécaniques de réflexions sont nombreuses et offrent beaucoup de possibilités sur la manière d'appréhender un niveau. Malheureusement, les puzzles présentés offriront rarement de la diversité sur les objets mis à disposition. On retrouve dans ce jeu tous les éléments classiques d'un jeu de puzzle game en vue subjective – et de plateforme, de manière plus générale –, à savoir : des plateformes amovibles, des caisses, des boutons à presser, des échelles et des escaliers. Ce qui est très scolaire et n'apporte pas de nouveautés. Le principe central, en revanche, est la manipulation d'un pistolet blanc (notez la référence) qui permet de stocker des boules d’énergie capable d'interagir avec lesdits éléments cités plus haut.
Sans vous spoiler, vous aurez une mécanique vraiment intéressante qui va s'ajouter vers le milieu du jeu mais qui sera très rébarbative au bout de cinq ou six salles.
Malgré les idées et le concept de base, le level design pêche énormément. Certaines salles ont été très mal pensées et devront être passées de manière tordue. Vous sortirez de la salle en vous demandant s'il s'agissait bien de la méthode "légitime" pour passer. Par exemple, il vous arrivera de chercher pendant cinq à dix minutes un élément qui se trouvait sur un mur mais qui était très mal indiqué – peut-être à cause de la teinte blanche, sur fond blanc, dans une pièces blanche ? Ce genre de problème est récurrent et vous obligera sans cesse à bien regarder toute la salle, avant de vous lancer dans l'énigme.
D'ailleurs, en terme d'ergonomie, le jeu est mal pensé. Un exemple : dans Portal si vous êtes bloqué il suffit de mourir ou juste d'appuyer sur un bouton de sauvegarde rapide. Dans The Turing Test, il n'y a pas de mort et il vous arrivera de vous bloquer vous-mêmes. Un simple bouton de chargement rapide aurait été pratique dans ce cas.
Mot de la fin: l'esprit Portal, en moins bien.
Outre les petites énigmes annexes en cours de route, le jeu ne propose pas une expérience rafraîchissante dans le milieu du "PuzzleFPS". Si vous n'avez jamais joué à aucun jeu du genre avant, pourquoi pas... En promotion alors. Ce n'est pas un mauvais jeu: c'est un jeu qui essaye d'apporter une histoire et un questionnement sur la relation homme-machine, mais qui le fait de manière peu originale. On ne peut pas lui reprocher sa prise de risque, car c'est normal de vouloir apporter son empreinte dans le genre. Cependant, The Turing Test aurait dû travailler le fond plus que la forme.