J’étais tellement content quand j’ai appris l’existence de ce jeu ; enfin des développeurs indépendants qui s’inspirent du travail de Vanillaware, il était temps ! Seulement, n’est pas Vanillaware qui veut, et The Vagrant n’est certainement pas Muramasa.
Je vais déjà énoncer l’évidence : ce jeu est beau. C’est sûrement sa plus grande qualité d’ailleurs. C’est évidemment moins propre que les jeux de Vanillaware, et certains sprites me semblent un peu bizarres (Celui de Vivian qui est peut-être un peu trop lumineux par exemple). Mais bon, on ne peut pas en attendre autant de la part d’un studio indépendant.
Côté gameplay, on peut se dire à première vue que c’est assez similaire aux jeux dont il s’inspire, mais on se rend vite compte des différences. The Vagrant est beaucoup moins axé sur le combat aérien que Muramasa (je prends l’exemple de Muramasa car c’est de loin le Vanillaware que je connais le mieux). Il est par exemple impossible de jongler avec les ennemis en l’air, ou même de les envoyer facilement en l’air en premier lieu (obligé de faire un combo pour ça), et Vivian ne peut pas planer en l’air contrairement à n’importe quel personnage de Muramasa/Odin Sphere. On aimerait pouvoir manier Vivian de manière beaucoup plus souple, rapide et satisfaisante, mais on ne peut pas. Le gameplay de The Vagrant est bien trop lourd et rigide pour être totalement agréable.
Je vais faire une comparaison un peu étonnante, mais je retrouve dans ce jeu le même problème que j’avais avec Chaos Legion, c’est-à-dire que j’ai l’impression que le jeu manque d’énormément d’options qui rendraient le gameplay bien plus maniable et juste. Dans le cas de The Vagrant, un dash au sol et dans les airs n’aurait pas été de trop, ainsi qu’un bouton pour parer les coups. En bref, des options supplémentaires pour rendre le gameplay moins rudimentaire et plus juste pour mieux faire face aux ennemis et boss bien trop rapides et mobiles que le jeu nous balance.
Plutôt qu’un système de niveau, The Vagrant dispose d’un arbre de compétences. Les mécaniques de progression ne sont pas trop mal, avec ce système de customisation d’armes et d’armures, et l’arbre de compétence se remplit assez vite au début, ce qui est très satisfaisant. Le problème, c’est que le sentiment de progression s’arrête bien trop vite ; à partir du moment où on débloque tous les combos de Vivian (donc dès la première heure de jeu en fait), plus rien ne va venir changer le gameplay mis à part les quelques techniques qui, en plus d’être très peu nombreuses, peuvent facilement être ratées. C’est justement ces techniques qui auraient dû assurer un certain renouvellement du gameplay au cours de la partie, tout comme dans Muramasa et Odin Sphere. Ce qu’ils auraient dû faire c’est, d’une part, augmenter grandement le nombre de techniques pour nous donner plus d’options, et d’autre part, nous faire débloquer les techniques via l’arbre de compétences afin que l’on puisse choisir lesquelles prendre, un peu comme la forge de Muramasa. En l’état, les combats sont pratiquement les mêmes du début à la fin, et on commence doucement à s’en lasser et à saturer avant même d’atteindre la fin de l’histoire, ce qui, pour un jeu qui dure à peine six heures, n’est pas forcément bon signe.
J’ajouterai que la courbe de difficulté semble un peu approximative. Certains boss sont bien plus corsés que d’autres. Le Soulreaper par exemple, l’un des boss les plus mobiles du jeu ; il se téléporte, fait énormément de dégâts, peut one-shot sur certains coups, et est un sac à PV. C’est l’un des boss les plus chiants du jeu, et il faut en plus l’affronter deux fois (du recyclage de boss dans un jeu qui dure six heures…). Comme je l’ai dit plus haut, les pires boss sont ceux qui donnent l’impression de manquer d’options et d’être impuissant, et il y en a beaucoup comme ça.
Pour finir sur le gameplay, l’exploration, qui est pourtant une composante essentielle de The Vagrant, est peu agréable. C’est en explorant qu’on trouve les techniques, ainsi que d’autres trucs importants comme de l’équipement. Le problème, c’est que les zones sont très grandes et qu’il n’y a que peu de points de téléportation. Soit tu fais des grandes zones comme dans Muramasa, et dans ce cas il faut qu’elles soient relativement linéaire pour ne pas nécessiter de points de téléportation, soit tu fais des zones plus petites comme dans Odin Sphere, avec beaucoup d’exploration et de récompenses à obtenir, mais avec beaucoup de points de téléportation. Un mélange des deux comme dans The Vagrant, ça ne marche que très moyennement.
L’exploration est aussi rendue très laborieuse par le grand nombre de tableaux horizontaux avec de la plateforme et des ennemis qui t’agressent en permanence, sachant que Vivian manque grandement de mobilité aérienne, c’est très chiant.
En définitive, le gameplay de The Vagrant est lacunaire, et c’est d’autant plus frappant quand on le compare avec ses sources d’inspiration directe. Ça me donne l’impression qu’O.T.K Games n’a pas vraiment compris ce qui fonctionnait dans les jeux de Vanillaware, c’est un peu dommage.
Pour ce qui est du reste, le scénario est passable, je suppose. On essaye désespérément de nous faire nous attacher à Vivian et au petit sorcier, mais ça ne marche pas vraiment. Ça se laisse suivre, mais c’est pas folichon. Les musiques sont sympathiques, mais très oubliables.
Malgré tout, on sent quand même que ce jeu a été fait avec amour, en témoigne les mauvaises fins quand on perd contre certains boss, petit détail anodin et pas du tout nécessaire, mais appréciable (dommage qu’elles se rejouent à chaque fois qu’on perd, ce qui les rend vite insupportables…).
The Vagrant est plutôt moyen, mais il a le mérite de disposer d’un rapport qualité/prix exceptionnel, donc difficile de ne pas le recommander en dépit de ses lacunes.