Bien trop culte pour que je passe à côté, j’ai tenté de savoir si l’épopisodique adaptation de The Walking Dead par Telltale en valait la chandelle. Reportage.
Système de jeu
Nous avons affaire à un point & click sans véritable challenge, pas bien difficile, et surtout assez minimaliste comparé à un certain Back to the Future par exemple (précédent jeu de Telltale). L'interface y est très épurée, tout cela pour avant tout raconter une histoire, et se concentrer sur les choix à faire. On se rapproche donc plus du film interactif que du véritable jeu d'aventure pointer cliquer.
Une particularité du soft, et au contraire d'autres jeux intégrant la notion de choix, ici ils sont limités dans le temps. Cela force les réponses instantanés et instinctives, au risque de regretter par la suite ce choix. Problème, ils disparaissent quelques fois un peu trop vite, ou apparaissent carrément en même temps que du dialogue, pas toujours évident de faire 30 choses à la fois quand notre temps est limité. Et même si vous voulez faire demi-tour parce que vous avez répondu quelque chose qui vous semblait impertinent, vous ne pouvez pas, le jeu sauvegarde automatiquement, et il est assez archaïque de reprendre une ancienne sauvegarde, ce qui force l'aspect continuel et intransigeant du déroulement scénaristique.
Contrairement aux jeux de David Cage, ici les QTE se veulent bien moins élaborés et présent. En fait c'est tout le temps le même : on bourrine "A", et on appuie sur "E". Et c'est ça pendant une cinquantaine de fois. La plupart sont clairement inutiles, même si quelques-uns participent à la frénésie de certaines scènes, d'autres les rendent ridicules. Si vous ne réussissez pas ces QTE, vous mourrez dans la majorité des cas. Ceci m'est beaucoup arrivé à cause d'une chose, le jeu se joue uniquement en QWERTY. Vous devez donc basculer entre les différentes configurations claviers quand vous passez sur le jeu, mais il m'est déjà arrivé d'oublier, et là, c'est le drame. D'ailleurs leurs impacts sont quasi nuls, car si vous échouez, vous pouvez reprendre juste avant, donc ils sont clairement là pour faire jolie (contrairement à un certain Heavy Rain, où les Game Over n'existent pas, mais où vous pouvez réellement mourir).
Scénario
L'un des points forts que l'on peut admirer dans ce jeu, c'est qu'il n'y a aucune pitié, les personnages peuvent mourir violemment, sans crier gare. On s'attache parfois assez vite à certains personnages, sauf qu'ils partent aussi assez vite. Et la raison pour laquelle on s’attache vite à eux, c’est parce que la plupart sont charismatiques, assez variés dans leur comportement, on s'attache beaucoup à certains, d'autres qui nous ont l'air détestable à première vue, mais qui ont finalement un bon fond, ou l'inverse. Assez peu de personnage nous laisse indifférent en somme, notamment Clémentine, le fameux petit personnage innocent plongé dans ce monde de brut, qui donne un contraste assez intéressant.
On a également un bon petit paquet de facilités scénaristiques, comme au pif, le fait que Lee se retrouve comme par hasard dans la maison de ses parents dans le premier épisode. Ou encore le fait que les mecs partent en infiltration à 46 dans l'épisode 4. Seems legit. Aussi un truc que je déteste, les teasing en fin d'épisode, ça n'a aucun intérêt, ça spoil parfois beaucoup trop, et c'est surtout bien trop long.
Le jeu contient quelques scènes mémorables, parfois très bien mises en scènes, mais il y a aussi une bonne grosse partie où l'émotion passent moins bien. Les transitions ne sont parfois pas naturelles, voire bâclés, les animations ne sont pas tout le temps convaincantes. Certains moments, pourtant plein de potentiels, tombent un peu à plat, comme la fin, qui arrive pour le coup bien trop doucement pour qu'on parvienne à être surpris.
J'ai bouclé les 5 épisodes en 12 heures (2h pour le premier, 2h30 pour le deuxième, 3h pour le troisième, 2h50 pour le quatrième, et 1h30 pour le cinquième), des temps de jeux assez divergents donc, et notamment un final bien court. Comptez 1 heure et demi de plus pour le DLC "400 jours". DLC par ailleurs assez décevant, là où on aurait bien aimé avoir de grands choix, avec des conséquences plus lourdes (grâce à un format plus court), ils se révèlent assez peu impactant, dommage.
Technique
Techniquement, le jeu a quelque peu vieilli. Bien au-delà de l'aspect visuel (qui effectivement contient quelques ombres pas très lisses, un peu trop d'aliasing, mais rien de bien méchant), c'est surtout l'animation des personnages qui n'est pas toujours convaincantes (oups, je l'ai déjà dit). Mais sinon, on a aussi quelques bugs, parfois pas bien méchant, parfois carrément dérangeant, comme l'application qui plante dès le lancement avec un excellent message d'erreur "a cessé de fonctionner" (un petit changement de mode de compatibilité résoudra le problème sans problème). Le jeu souffre aussi d'imprécisions, notamment à un moment où il faut sauver une fille de zombies qui l'attaquent, je prends mon fusil pour les shooter, je tire (à 50 mètres d'elle) au moins 40 balles, et à la 41ème PAF, cinématique où on voit que je la bute. A noter que ce qui est drôle, c'est qu’aucun zombie n'a été touché. Une bien belle anecdote qui montre à quel point le jeu est assez linéaire et que les choix sont en soit plutôt limités (en l'occurrence ici, on ne peut pas tuer les zombies, qui a l'air pourtant d'être un choix plutôt probant).
Conclusion
Un jeu qui, ma foi, n'est pas désagréable à parcourir, mais dont la progression n'est pas toujours forcément passionnante. Et même si l'histoire s'avère plaisante à suivre, une fois le générique de fin arrivé, bah finalement, j'ai eu un petit arrière-goût de je ne sais quoi, un genre d'impression de vide en fait.
Bref, un jeu qui ne me laisse pas un souvenir impérissable, et qui pourtant recèle de quelques scènes intéressantes, de personnages charismatiques, et une bande-son, bien qu'assez discrète la plupart du temps, mais qui fonctionne très bien sur certaines scènes (le morceau "Alive inside" est assez incroyable).