Ainsi donc s’achève les aventures de Geralt de Riv, débutées il y a presque 10 ans. Une trilogie plus tard, CD Project aura donc réussi à installer sa licence au sommet de la pyramide du jeu de rôle et du jeu vidéo en général. Un tour de force admirable conclu par un dernier épisode magistral, qui marquera à jamais l’histoire du genre.
The Witcher 3 est un chef d’œuvre artistique et technique. A un niveau qui fait passer les autres jeux du genre au rang de série B et qui justifie à lui seul le passage à une nouvelle génération de machine. The Witcher 3 fout des claques du début à la fin, comme aucun jeu n’en avait distribué depuis trop longtemps. Le travail de CD Project est remarquable en tout point. Le jeu est incroyable techniquement, et orgasmique auditivement. Difficile de se lasser de cette OST qui rentre par la grande porte au panthéon des meilleures bandes-son vidéoludiques jamais composées.
C’est difficile à exprimer par de simples mots, et je ne suis pas bien sûr que cette accumulation de superlatifs serve tout à fait la cause du jeu mais comment décrire cette expérience autrement ? C’est simple, pad en mains et casques sur les oreilles The Witcher 3 offre une expérience sensitive fabuleuse, d’une cohérence et d’une finition jamais atteinte. Dans sa vie de gamer il faut avoir arpenté les terres désolées de Velen un jour de tempête, s’être aventuré de nuit dans les marais de Torséchine ou avoir fait trotter Ablette au pied des montagnes d’Ard Skellig un soir de soleil couchant et rasant.
Surtout, The Witcher 3 ne renie pas ses origines et ne badine pas avec les qualités de ses préquelles. Bien au contraire, il propose à l’image des autres épisodes de la série une qualité d’écriture quasiment inégalée. Là encore CD Project tutoie la perfection, et réalise l’exploit d’associer une trame riche en contenu à un univers totalement ouvert.
Si la trame principale n’est pas d’une densité incroyable, le contenu général, lui, l’est. Et c’est précisément là que le script de TW3 tire toute sa force. Dans ce contenu secondaire, qui n’a finalement rien d’annexe mais qui, bien au contraire, donne de l’épaisseur au jeu par la cohérence et l’interactivité qu’il entretient avec l’intrigue. Le casting, l’univers et le background, déjà remarquables se retrouvent ainsi magnifiés par cette tonne de contenu. Ici pas (ou peu) de remplissage artificiel via des quêtes fedex sans saveur et sans intérêt, toutes les quêtes secondaires sont prétextes à donner du volume au jeu. La quête principale se retrouvant même complètement impactée par certains choix effectués durant celles-ci. Un tour de force génial et une maîtrise impressionnante de la narration.
Mieux, quand il s’agit d’envoyer la sauce sur la mise en scène pour élever certains passages au rang de culte, CD Project sait aussi faire. Le dernier quart du jeu est à ce titre une merveille : un enchaînement de scènes et de situations cultes, inoubliables. Je n’ai pas souvenir d’avoir pleuré devant un jeu depuis FF7, c’est donc chose faite.
Une expérience parfaite donc ? Oui en terme de sensations, assurément. Même si objectivement il convient de préciser que le jeu n’échappe pas complètement à l’écueil du second épisode sur la partie gameplay. Ce qui n’empêche pas CD Project de s’être très nettement amélioré dans le domaine, Geralt (et Ciri !) étant ainsi beaucoup plus souple et dynamique à manier, rendant de fait la jouabilité et la progression beaucoup plus agréables. Rien à dire à ce niveau-là. C’est surtout au niveau des situations de jeu que les développeurs ont encore du mal à se renouveler, on se retrouve ainsi à toujours effectuer les mêmes actions (« follow him », « fouillez la zone à l’aide de vos sens de sorceleur » etc.). Et encore une fois la gestion et la progression du personnage n'est pas optimale, trahissant le manque d'expérience du studio dans le domaine. Malgré tout, rien qui ne puisse à mon sens, altérer la puissance de tout le reste.
Car The Witcher 3 est jeu marquant, et bien plus encore : une pierre angulaire du RPG, qui marquera son époque et les suivantes. Il y a eu un avant et un après FF6 dans l’histoire du JRPG, comme il y aura, à mon sens, un avant et un après TW3 dans son domaine. Bravo CD Project pour avoir su réussir à fournir un travail aussi colossal, et merci d’avoir su être à la hauteur de ce que j’attendais de ce jeu.