Arrivant un peu, beaucoup, après la bataille, et même après la sortie de ses deux extensions, je vais essayer ici de ne pas réinventer la roue, mais au moins tenter dexpliquer pourquoi The Witcher 3 : Wild Hunt mérite selon moi la note maximale.
Passons très vite sur l'aspect technique. Le jeu est sublime. Les 154 screenshots, tout de même, que j'ai pris durant ma partie en atteste, et se balader dans les divers environnements est un plaisir en soit. A noter que malgré un coup en ressources assez élevé, le Hairwork au max sur tout le monde rend le tout plutôt classe.
Mais le principal attrait du titre est pour moi, et a toujours été, son univers. Toujours aussi bien représenté, l'univers où évolue notre protagoniste n'est clairement pas un endroit où il fait bon vivre, mais un monde sombre, dure et déprimant. Cet épisode n'hésite d'ailleurs pas à traiter des thèmes forts avec subtilité et talent d'écriture. Le racisme par exemple, déjà très présent dans les deux premiers opus est ici omniprésent, mais aussi l'homosexualité. Principalement, c'est la peur de la différence ou de l'inconnu qui est au centre des évènements avec également une chasse aux sorcières (et sorciers) qui fini trop souvent sur le bucher. L'ambiance est dautant plus morose qu'une grande partie du jeu se passe dans une région ravagée par la guerre où l'horreur des champs de batailles nous est soit montrée ou racontée. L'écriture générale du titre y est dailleurs pour beaucoup dans l'immersion au monde du Witcher.
Pourtant Skyrim, et une bonne partie des jeux Bethesda sortis par la suite, avait bien tenté de nous faire croire qu'il était impossible d'allier open-world et exploration avec qualité décriture et quêtes intéressantes. Et c'est là que The Witcher 3 se démarque et dépasse tous ses concurrents de la tête et des épaules. Le jeu pullule de quêtes secondaires plus longues qu'un solo de Call of Duty et traitées avec grand soin. Certaines quêtes vous marqueront dailleurs presque autant que l'histoire principale (le phare hanté, le serial killer de Novigrad, les sorcières des marais, le chasseur exilé, la mystérieuse disparition de la femme d'un chasseur... et tant d'autres). Ces quêtes secondaires ayant une histoire propre pouvant, ou non, être directement liée à d'autres quêtes ou évènements de l'open-world et vos choix lors de leur résolutions auront souvent des conséquences sur le monde. Et tant qu'on parle de l'écriture, si le ton de The Witcher est d'ordre général plutôt sombre (voir ci-dessus), il n'est néanmoins pas rare de sourire, voir carrément rire à haute voix lors de certains dialogues. L'humour ici est évidement principalement sarcastique, caustique, mais fait mouche (les dialogues fabuleux entre Geralt et Djikstra ou les piques envoyées à, ou par, Yen...). Le tout sublimé par l'excellent doublage du jeu (du moins pour la version anglaise, n'ayant pas testé la version française...).
Autre élément d'immersion, le bestiaire spécifique au monde du Witcher est il faut l'avouer, plutôt classe. Outre les habituels Noyeurs, Nekkers ou Loup garous, on sera confronté dans cet épisode à un bestiaire plus large et terrifiant. Les rencontres avec les griffons, Fiellons (genre d'Elan-garou géant a trois yeux capable de vous hypnotiser) ou les Leshen (un monstre bipède avec une tête en forme de crane de cerf capable de contrôler les racines ou d'autres animaux et monstres) sont simplement fabuleux. Les affrontements qui d'ailleurs profitent d'une refonte du système de combat, ici très fluide et principalement basé sur les esquives où Geralt danse autour d'un ennemi ou au milieu de plusieurs. Evidement certains préférerons privilégier la parade à l'esquive, mais cela dépendra de votre build (combat, signes, alchimie ou un mix).
Alors certes, il est possible de se prêter à l'exercice de l'enculage de mouches, et de noter certains mauvais points comme une difficulté trop facile après quelques niveaux (en tout cas en 'sang, sueur et larmes' qui correspond au niveau de difficulté 3/4, mais cela dépend probablement de votre build, et il est possible de changer la difficulté à la volée), la limitation de poids et la durabilité des armes contraignante et inutile (merci les mods), les trop nombreux points d'intérêts qui n'ont pour la plupart d'intérêt que le nom (Skellige mon regard se porte sur toi...) et un loot d'équipements au final assez peu utile car vos meilleurs armes et armures seront celle que vous crafterez (avec un système de craft au passage très efficace). Mais ma principale critique reste la romance avec Triss ou Yennefer assez mal gérée niveau timing. Votre contact avec Yen se résume à une 15aines de minutes fort pénible au début de l'aventure, vous donnant une très mauvaise première impression de la sorceress de noir vêtu. Vous ne la reverrez pas ensuite avant une bonne soixantaine d'heures, et ce après avoir fini plusieurs quêtes avec Triss et surtout avoir dû prendre une décision irréversible à son sujet. C'est d'autant plus dommage que le personnage de Yen devient beaucoup plus intéressant au fur et à mesure de l'avancée de ses quêtes. Et si je ne pense pas que j'aurais changé mon choix, je suis certain cependant qu'il aurait été bien plus difficile à prendre.
Bref, je n'ai fait ici qu'effleurer une petite partie de ce qu'est The Witcher 3, d'autres l'ont décrit en détails et bien mieux avant moi (je n'ai pas parlé de la tres bonne BO habillant le jeu). Malgré tout, pour toutes les qualités mentionnées ici, The Witcher 3 et CDProjeck sont parvenu à me redonner un infime espoir dans les jeux estampillés triple A ou Open World. Et pour cela, oui il le mérite sont 10 !