The Witcher: Enhanced Edition par Johnutella
On reproche souvent aux jeux vidéo d'être trop dirigiste ou à l'instar de nombreux films contemporains d'user encore et toujours des mêmes ficelles scénaristiques depuis 30 ans :
- le méchant est le personnage le plus proche du héros ou le mec insoupçonnable affublé pourtant d'un énorme écriteau : "C'EST MOI LE MECHANT"( Insaisissables par exemple)
-le méchant doit "mourir" plusieurs fois et si on peut même voir une main sortir des décombres pour confirmer une suite c'est encore mieux ( universal soldier, die hard, l'arme fatale, terminator,..)
La force dans ce jeu réside dans le fait qu'il brise certains de nos codes de lecture d'une oeuvre culturelle.
Tout d'abord le fond sonore et visuel du jeu est très organique, quand on se balade dans les champs et villages pour remplir nos quêtes, on pourra observer alors des oies caquetant fièrement sous l'autorité inflexible d'une jeune villageoise, des oiseaux se posant aléatoirement et s'envolent quand on s'approche d'eux, les villageois discutent entre eux, se réfugient sous le parapet des maisons quand il pleut, ils rentrent chez eux une fois la nuit tombée. Même s'il y a une certaine cyclicité dans ces actions et étant donné le nombre limité de sprite de villageois on se retrouve bien souvent avec une armée de clone, on ne peut nier qu'elle renforce l'impression de vivre l'aventure, d'être ce sorceleur évoluant dans un monde qui le rejette tout en ayant besoin de lui.
Le monde est d'ailleurs plutôt mature, que cela soit dans les dialogues, la possibilité de coucher avec certaines villageoises ou ribaudes moyennant un peu de parlotte - nous gratifiant ainsi de jolies artworks, coucou chéri : https://lh4.googleusercontent.com/-kbW233MS7fs/TLpmGZmoWfI/AAAAAAAAWJs/Kb6GSHxe61Q/Citadine.jpg - et les thèmes abordées : le cannibalisme, la xénophobie, le bien et le mal et même la justice.
On a souvent rêvé d'un jeu qui nous laisseraient le choix. Pas seulement le choix du bien et du mal comme unique alternative, par exemple fallout 3 et ses "multiples" fins se révélant finalement exactement les mêmes, mass effect dont on peut espérer au moment où j'écris ces lignes que mass effect 4 et plus corrigeront le tir, mais bien un choix intégral ne nous laissant pas présager de leurs conséquences et des intrications qu'elles pourraient avoir dans le futur.
Et c'est en ça que pour moi The Witcher a tenu ses engagements, des choix parfois simples, à la limite de l'évidence entrainent des conséquences imprévisible, et c'est parfois en voulant faire le bien qu'on se retrouve à aider le mal. Et même une fois que le mal a été débusqué, on peut choisir de ne pas être un chevalier blanc, de n'être que le mercenaire tueur de monstre dont la société a besoin. Ces choix en plus d'influencer la fin de notre aventure vont par la même occasion influencer la vision des protagonistes de l'histoire sur nous même.
Le jeu n'est pas exempt de défauts cependant, le gameplay est légèrement rigide à la mode de la vieille école. Si le scénario laisse une large palette de choix au joueur, la géographie du jeu en laisse peu. Ce n'est pas un monde ouvert, il y a des zones de jeu et des chargements entre ces zones de jeu mais heureusement vous pourrez admirer pendant ces chargements de très jolies artworks ( oui encore ) http://www.capturesjeuxvideo.com/image.php?id=335 ou http://www.mobygames.com/images/shots/l/520795-the-witcher-enhanced-edition-windows-screenshot-loading-screens.jpg par exemple.
Je finirais par vous dire, si vous avez comme moi joué aux "Livres dont vous êtes le héros", vous ne pourrez rester insensible à The Witcher, si vous gardez encore intact l'exaltation ressentie à chaque choix, n'hésitez plus, foncez sorceleur.
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