Je suis subjuguée.
Je fais partie de ceux qui connaissent l'univers des livres sur le bout des doigts, j'avais hâte de tester ce jeu et en même temps j'appréhendais le résultat.
Oui, The Witcher c'est avant tout la saga du Sorceleur et j'étais curieuse de savoir par quelle trame narrative ils allaient introduire le scénario. Mon avis va être orienté forcément en comparaison de ceux qui débutent le jeu sans rien connaitre de l'histoire originelle. Les développeurs ont opté pour le bon vieux cliché de l'amnésie car la trame se situe après la fin de la saga. Cela peut être discutable mais en réalité, c'était le seul choix plausible :
Dans les livres, quasiment invincible, sans peur et blasé du monde, Geralt est dénaturé de son humanité de par sa fonction de sorceleur, un mutant tueur de monstre qui n'accorde que peu d'importance à la vie. Cette notion de l'existence va basculer au fur et à mesure qu'il avance dans son périple : l'amour qu'il porte à sa fille (Ciri) et à la mère de sa fille (Yennefer) va l'amener à ressentir la peur, un attachement à leur sauvegarde dans un univers déchiré par la guerre et, par extension, à sa propre survie.
La peur de mourir et ce besoin de protéger les siens le conduisent à délaisser son rôle de tueur insensible ce qui paradoxalement va le rendre vulnérable et causer sa perte. On se console néanmoins de cette chute douce-amer avec une fin qui laisse supposer qu'il termine son existence en paix auprès de son amour Yennefer où sa vie d'autrefois est bel et bien derrière lui.
Dans le jeu qui se situe après les romans, choisir de lui faire reprendre son activité de Sorceleur était inconcevable dans la logique de l'histoire. L'option amnésie était alors un passage obligé : il a oublié Ciri, Yennefer, il ne se souvient de rien. Malgré tout, après presque 100 ans a morflé il avait enfin trouvé le repos, on se dit qu'il très vache de la part des développeurs de le renvoyer à la case départ. Mais franchement... ça en valait la peine!!
Rentrons dans le vif du sujet.
Difficile de savoir par où commencer, on va essayer de faire dans l'ordre. On commence alors dans les faubourgs de Wyzima. Premier constat assez moyen, nous sommes dans un monde semi-ouvert, la carte est limitée et on ne peut pas explorer à sa guise un monde vaste et ouvert. Personnellement cela ne m'a pas ennuyé plus que ça tellement le jeu m'a transporté, en revanche j'étais plus gênée de constater que Geralt ne peut ni sauter, ni nager, ni escalader. C'est dans ces moment là qu'on ressent davantage le cloisonnement qui apparait alors artificiel et au service du scénario.
Néanmoins, le champ des possibles est immense. Outre l'histoire principale, les quêtes secondaires sont nombreuses, certaines sont surtout faite pour gagner de l'XP et de l'argent (celles de l'auberge notamment), d'autres enrichissent considérablement le jeu et la durée de vie. Vous pouvez parler avec bon nombre de PNJ et glaner des informations intéressantes en leur donnant à manger par exemple. Mais le gros point fort du jeu est le scénario au choix multiples. Tous les choix que vous ferez amèneront des conséquences pour la suite de l'histoire et vont conditionner votre avancement, pour le meilleur comme pour le pire. Il est probable que vous refassiez le jeu plusieurs fois pour tenter diverses approches et alliances. Et le plus intéressant, c'est qu'il n'y a pas vraiment de bons choix, aucun des 2 camps n'est gentil ou mauvais, ils sont tous des motivations qui se défendent et des méthodes pourries pour parvenir à leur fins. Vous pourrez alors rester neutre (une référence évidente à la personnalité de Geralt dans le livre) mais cette option n'est pas non plus toujours la plus judicieuse. Bref, on se sent réellement investit dans l'histoire et dans les relations avec les différents protagonistes.
Un autre élément que j'ai trouvé superbe sont les mini-jeux dans le jeu, le principal étant le poker aux dés. Associé à des quêtes, le but est utilitaire bien sûr, vous pourrez gagner de l'argent au besoin en battant d'autres joueurs (et devenir une légende pourquoi pas) mais c'est aussi super fun! Ajoutons à cela les combats de pugilistes. Le principe est top aussi mais moins fun car le combat à main nues est assez limité, on ne sait pas vraiment comment on gagne ou on perd un combat. C'est dommage.
Excellente transition pour parler combat. Très calibrée hack'n'slash, j'ai été très surprise par cette technique du jeu qui fonctionne en combos. C'est très laborieux au début : la prise en main se fait pendant le prologue qui se tient à Kaer Morhen et les premières minutes m'ont passablement refroidies. Déjà, Geralt se tient de façon plus que ridicule l'arme à la main et il faut un petit moment avant d'intégrer la mécanique d'attaque. Mais quel plaisir une fois fait! Pour résumer, on a 3 modes de combat différents : rapide, puissant, groupe - à adapter selon l'ennemi qu'on a en face. Les coups et les combinaisons s'enrichissent en complétant le médaillon de compétence en gagnant le l'XP. Ce choix singulier est plutôt une réussite.
On enrichit ses attaques par l'usage des Signes (pouvoir magiques) spécialisés dans l'offensif ou le défensif. Tout comme les compétences d'épéiste, on peut les faire évoluer en montant son niveau. Pour être honnête, à part Aard (étourdissement), Igni (incinération) et Quen (bouclier), je n'ai que peu expérimenter les signes (il y en a 5 en tout).
S'ajoute à cela l'usage de l'alchimie. Et oui, notre bon vieux sorceleur utilise des élixirs pour développer ses capacités physiques, sensorielles et autres (éléments tirés des livres). Tout cela apparait très fouillis au début mais on y prend goût au fur et à mesure qu'on avance dans l'histoire. Pour développer ses compétences d'alchimiste, il faudra acquérir des connaissances d'herboristes en se procurant des herbiers, tout comme il faudra compléter son bestiaire pour pouvoir dépecer les monstres et récupérer des ingrédients précieux. Parfois, ce sont des PNJ qui vous donneront ce genre d'informations. Toute cette mécanique marche à merveille!
Une fois que l'on cerne les usages (potions, huiles pour améliorer les armes, explosifs), c'est vraiment cool et ça apporte un vrai plus.
Visuellement, c'est beau même si ça a vieilli (le jeu date de 2007 ne l'oublions pas) et c'est surtout vivant!! Bon... à quelques détails près. Les expressions faciales laissent à désirer, Geralt lui-même a une sale tête mais la vie autour de lui est réaliste car très animée : les villageois vaquent à leurs occupations, s'abritent quand il pleut, les oiseaux et les poules s'enfuient sur notre passage, les enfants jouent dans la rue, Geralt pousse les personnages d'une main quand ils sont sur son chemin…. L'immersion du jeu est presque irréprochable.
> Soyons objectifs bien sûr, tout n'est pas parfait non plus, certaines choses auraient méritées une meilleure optimisation. Pour citer les principales :
- beaucoup de clones parmi les personnages y compris les personnages importants c'est un peu décevant
- pas toujours facile de se repérer sur la carte, les indications y sont claires mais c'est plus pour se diriger dans la bonne direction que j'ai eu du mal
- le plus GROS problème du jeu est sans aucun doute les temps de chargements. C'est loooooooong mon dieu!! Pour passer d'un endroit à l'autre on a droit à des transitions qui durent plusieurs secondes, ça en devient irritant par moment et cela n'incite pas à l'exploration non plus (le chargement se fait via des Artworks façon peinture à l'huile qui sont très réussis ceci dit)
- le monde non ouvert comme déjà dit
- Geralt n'avance pas très vite ce qui provoque parfois des envies de meurtre quand il faut le trimballer d'un bout à l'autre de la carte (un portail de téléportation est intégré au milieu du jeu heureusement)
- la caméra vrille de temps à autre pendant les combats
- le niveau de difficulté est très mal dosé. Quelque soit le choix entre le facile, moyen ou difficile, c'est le premier acte qui sera le plus dur (et quelques boss en cours de partie), le reste se résume à une vraie promenade de santé. C'est le scénario en béton qui vient compenser ce manque de challenge dans la difficulté.
> Conclusion synthétique
- GRAPHISMES : c'est beau, c'est réaliste, c'est vivant. Jeux de lumières, détails, artworks dans les cinématiques, j'adore!! Malgré tout, le jeu date donc ce n'est plus trop au goût du jour. On déplore aussi trop de têtes similaire parmi les PNJ et un ralentissement du jeu par moments (dans les marais notamment.)
- JOUABILITÉ : l'inventaire est ce qui m'a posé le plus de problèmes, il a des icônes toutes petites et ce n'est pas le plus pratique car on y passe pal mal de temps ; le système de combat peut rebuter au début mais une fois pris en main c'est un vrai plaisir, il en va de même pour l'usage des potions, la régénération (via la méditation) et le médaillon de compétences ; on regrette un monde pas tout à fait ouvert. A part ça, dans l'ensemble RAS.
- DURÉE DE VIE : c'est long et l'envie de tester les 3 niveaux de difficultés et multiples choix de scénarios garantissent des heures de jeu.
- SON : aucun problème pour le doublage pour ma part, le fond sonore est immersif et par dessus tout, la musique aux accents médiévaux est sublime, envoûtante, réellement marquante.
- SCENARIO : on retrouve l'univers du Sorceleur tel qu'on l'a laissé en fermant le dernier livre. Je ne sais pas ce qu'il en est pour ceux qui ne connaissent pas l'histoire car il y a de nombreuses références à la saga et l'univers est très riche. Néanmoins, c'est accrocheur tel que c'est conté, on est happé par cet univers, les personnages, les enjeux politiques, la guerre, le racisme, les complots... L'histoire non linéaire et non manichéenne fait qu'on est investit. Petit bémol : le personnage de Triss que je n'apprécie pas du tout est trop présent dans le jeu façon "love interest" en plus. Je sais, ce n'est qu'une adaptation, ils ont le droit de prendre quelques libertés, mais elle n'a que peu d'importance dans les livres tandis qu'on ne voit ni Ciri ni Yennefer. Dans la suite peut-être... ?
Que dire d'autre? C'est presque parfait. Hâte de commencer TW2 et TW3.