Tout commençait si bien…
Après une rapide prise de contact avec la topographie touffue et la palette ramassée des décors, la structure de l’île se manifestait lentement en présageant une belle unité !
Le silence des lieux posait une ambiance calme, un rien rieuse, et propice à la contemplation tandis que les alentours invitaient l’œil à la découverte : de nombreux "perchoirs" disséminés dans la péninsule offre une foultitude de splendides panoramas sur le monde pastel…
Dans les premiers instants du jeu, tandis que l’on résout les puzzles liminaires, notre implacable situation émerge : on est seul, on est isolé et aucune providentialité ne se révélera pour nous éclairer…
Une évidence qui résonne comme un défi. Partant !
…
Les heures s’égrainent…
Le front chauffe…imperceptiblement pour commencer puis de plus en plus cruellement jusqu’à ce stade excessivement avancé où la course du temps s’accomplit au rythme du plic-ploc produit par la sueur qui goutte depuis la taque de cuisson électrique thermostat 6 qui tient lieu de faciès rubicond à l’être que l’on n'est plus !
Notre regard suit cette transmutation : il n’y a plus de joie rieuse, un long rire sardonique bourdonne au sein de notre environnement prétendument paradisiaque! Solitaire, isolé ? Il aurait mieux valu…
Jonathan Blow est omniprésent, démon pervers qui apostrophe le joueur de ses énigmes capillotractées, narguant:
« Vas-tu abandonner ??? Vas-tu craquer ??? »
La descente aux enfers comporte plusieurs phases: pour ma part, il convient sans doute de ne pas mentionner – car je me ferais presque honte si l’adversité n’avait pas été si forte… – celle du poissard écumant dont la tempérance ne résorbe plus aucun sacrement à l’encontre de ce concepteur sadique…
Je trouvais une dérisoire consolation dans une clarification survenue au fil des déconvenues cognitives : « The Witness » ne sollicite pas foncièrement la logique, il demande d’être témoin, comme son nom l’indique, de la pensée de Blow, de démêler ses alambics tout en le laissant dicter sa galimatias…les solutions paraissent moins absconses dès lors que l’on se focalise sur l’intention de Blow.
En ce sens, le jeu se rapproche d’un rébus pontifiant de la pensée de Blow…Blow qui voudrait imprimer un élan savant à son œuvre, qu’elle ait une empreinte philosophique…
« Envisager la question sous tous ses angles » semble notamment être un crédo fondateur pour ce monsieur qui, voulant forcer un regard "neuf", envisage littéralement tous les angles – des angles qui se mesurent en seconde et avec une caméra traitre!
Sans doute voudrait-il aussi démontrer que la beauté de la réflexion est indépendante des fins auxquelles elle conduit…
J’admets n’avoir finalement plus cherché à dégager un sens de ce fouillis infâme, figurativement verbeux.
Je reconnais m’être senti piégé, claustrophobe et perdu dans cet univers qui s’appuie sur l’immuabilité des bits et du support virtuel pour se dégénérer depuis un certain idéalisme platonicien jusqu’à l’immobilisme absolu de ce monde impérissable qui sert d’écrin aux idées et aux concepts de Blow!
Dans mon monde le soleil bouge, le vent emporte les branches, et j’en ai marre de chercher des détails infimes sur le sol de tes foutus temples zen!
Vade retro Blow, va te faire cuire un œuf sur le front d’un autre: je laisse tomber ton jeu!
Y’a pas marqué Algernon ici.
PS: Merci à SC de m'offrir une opportunité d'exorciser cette colère. :-)