The Wolf Among Us, un jeu dont je ne savais absolument rien avant de le commencer. Aucune idée de l’histoire, des personnages, du contexte,… Je me suis jeté à corps perdu dans la bataille espérant trouver chaussure à mon pied avec ce jeu. Telltale est un studio en vogue en ce moment et après une excellente saison 1 pour TWD, et en attendant la fin de la saison 2, je me suis dit que leur savoir-faire allait pouvoir me divertir à mes heures perdues durant mes vacances dans la cambrousse profonde… Bingo !
La 1ère chose qui nous happe quand on commence cette aventure c’est l’ambiance. Dans les tons flashy des années 80 avec une musique synthé, des rues crades et un design général à tomber par terre, il suffit de quelques minutes seulement pour s’immerger complètement dans ce comic. Le cel-shading permet au jeu d’être non seulement très beau, malgré quelques bugs graphiques vite oubliables, mais aussi de créer une atmosphère étrange, peu rassurante mais passionnante.
Le problème dans tout ça serait les animations un peu raides, trop mécaniques. Et c’est d’ailleurs un des principaux reproches que je vais faire au jeu, c’est son côté mécanique. Certains dialogues sont coupés pour correspondre à nos choix, montrant que « c’était pas ça que tu devais choisir, joueur ». Dans ces moments là on a l’impression que la mise en scène ne suit pas. Un gros cut, mal foutu qui fait un peu mal au suivi du dialogue mais aussi à l’ambiance générale. Du coup, même si c’est seulement en de rares occasions, je sortais du personnage et je redevenais le joueur. Heureusement ce sentiment était très rapidement oublié et je redevenais Bigby.
J’étais le Big Bad Wolf, le Grand Méchant Loup, shérif impitoyable de FableTown. N’oubliant jamais ma nature de chasseur désirant mettre une cartouche à Blanche-Neige je jouais ce personnage peu commun connu comme le méchant et pourtant pas plus féroce que d’autres. Sauf que voilà, visiblement certaines personnes ne sont pas d’accord avec ma politique. Il faut avoir une apparence humaine pour vivre dans le monde des humains, sinon direction la Ferme. Mais voilà ça coute de l’argent d’acheter des sorts magiques pour paraitre humain et 90% des filles de conte de fée sont devenues des putains et il suffit que j’en rencontre une un soir pour la retrouver morte, décapitée, devant chez moi quelques heures plus tard. Le « Et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants » s’est pris un joli coup dans la tronche et la dernière partie de la phrase ne s’applique désormais que si elles oublient la pilule du lendemain.
Sur fond de polar je mène alors l’enquête, rencontrant différents personnages et je discute… Beaucoup. Si bien que certaines parties du récit en deviennent molles. Car oui, le 1er chapitre du jeu est génial. Final dantesque et ensemble parfait. Y’a du rythme entre les dialogues et la baston. Le seul problème c’est que toute une enquête ne peut se dérouler ainsi, il y a forcément un ventre mou. Alors pendant 2 chapitres et demi on traine la patte. Ça en devient presque long, heureusement que l’histoire est suffisamment riche en rebondissements et les chapitres suffisamment courts pour que le joueur accroche. Le jeu ne propose rien de fondamentalement dingue mais l’intrigue parait maitrisée jusqu’au bout. Mais il est dangereux de faire des épisodes là-dessus. L’attente grimpe et le joueur attend un final exceptionnel, à la hauteur de l’attente et des attentes.
Oui je pense que le format épisodique est un problème ici. D’une part parce que ça force à avoir des twists de fin d’épisode et parfois même de les forcer mais aussi parce que le rythme général en pâtît grandement. Je trouve aussi que les séquences de jeu sont mal incorporées. Dans le cahier des charges il faut un certain temps de jeu, ce qui parait normal, mais le remplir avec des ouvertures de porte en nous laissant choisir d’écouter, d’ouvrir ou de défoncer la porte, ne me donne pas l’impression de jouer mais plutôt de faire du remplissage. Merde Bigby se débrouille bien sans moi pour les combats pourquoi il a besoin de mon aide pour ouvrir une porte. Je travaille le caractère du personnage dans les dialogues pas dans les ouvertures de porte !
Même pour tout ce qui concerne la recherche d’indice dans la partie enquête ça sonne faux puisque mis à part choisir l’ordre des choses trouvées on n’influe en rien sur l’ensemble. C’est pas quelque chose que je choisis vraiment, où j’interviens en tant que personnage.
Donc toutes ces interactions un peu fausses m’ont permis de ne pas m’ennuyer quelque part mais en même temps… En fait plus j’y pense plus je me dis que ça aurait fait une super série d’animation mais on aurait perdu en proximité avec le personnage. Le système de jeu m’apparait comme du remplissage car présent dans le cahier des charges mais à côté de ça je ne vois pas comment ils auraient pu garder cette immersion générale sans ces phases de jeu. Je reproche quelque chose qui n’est finalement pas changeable sous peine de perdre des éléments. Du coup je bitche un peu pour rien mais ça me semblait assez important pour être signalé. Telltale, malgré ce que j’ai dit, vous avez fait le bon choix.
Plus haut je parlais du final, celui que tout le monde attendait impatiemment, bavant à l’idée d’en faire baver le méchant de l’histoire. Au final, ce final est un peu trop bavard mais d’un autre côté il est excellent. Il compense le manque d’action des autres épisodes, il fait monter la pression tranquillement et jusqu’à la dernière seconde il nous révèle des éléments. Le twist final me rappelle beaucoup The Usual Suspect mais ça marche à fond. On est un peu soufflé quand on se rend compte qu’on n’avait pas la main mise sur tout, que de nombreux éléments nous avaient échappés. Mais quelque part ça m’a dérangé.
J’aime beaucoup le genre policier parce que j’aime me triturer les méninges en me demandant qui a fait quoi et pour quelles raisons. Mais ici il est aussi question de changement d’apparence et autres joyeusetés qui rendent presque impossible les déductions. Du coup moi qui préfère être actif dans ce genre de chose j’étais passif, en tant que spectateur pas en tant que personnage.
Pas en tant que personnage car on fait des choix dans l’aventure, certains influent, d’autres, malheureusement, non. On crée nos relations en alternant le côté flic gentil, flic méchant, on fait peur aux personnages et le jeu nous le signale TOUT LE TEMPS ce qui est un peu gonflant par moments. Du coup on a l’impression de construire l’histoire seulement jusqu’à un certain point ce qui est grisant !
J’ai l’impression de bâcher le jeu comme un porc mais sachez que tout ce que je reproche ici est assez minime au final car j’ai vécu une super aventure, le tout dans une ambiance à tomber par terre avec des musiques superbes, je suis amoureux de la musique d’intro, et je suis resté accroché de bout en bout à l’histoire, aux personnages et à leur péripéties. Mais je ne recommencerai pas le jeu car j’ai eu mon histoire, mes relations et je considère que, ces choix, je ne peux pas les faire deux fois et pourtant j’ai envie de retourner à FableTown pour m’imprégner une nouvelle fois de cette ambiance, du personnage de Bigby que je trouve très bon,… . Du coup même si je regrette de nombreux points et que beaucoup peuvent être améliorés pour rendre la formule parfaite, je ne peux que saluer le travail de TellTale. Un très bon 1er chapitre, un très bon dernier, je ne me souviendrai pas de l’ensemble mais je n’oublierai pas le jeu. En attendant je me console en me disant qu’une saison 2 arrivera bientôt ! Get hype !