Un jeu sans fausses notes ?
La musique dans Final Fantasy fait partie intégrante du jeu depuis les débuts de la saga en 1987. On en a sorti des albums, aussi bien des OST originales que remixées ou en version orchestrale (à titre d’exemple, lisez ma critique de Final Fantasy VI Grand Finale dans la rubrique «Mode Shuffle» de ce blog). Les concerts de musiques de jeux vidéo jouent aussi les principaux thèmes, et les Distant Worlds et autres Video Games Music Live sont à guichets fermés.D’autres chantent et adaptent les chansons dans leurs langues ( allez voir le portrait de Mi0une, toujours dans la rubrique «Mode Shuffle»). Chez Square Enix, on s’est dit que ce serait bien de faire un jeu de rythme sur les musiques en question. C’est ainsi qu’est né le premier Theatrhythm Final Fantasy en 2012.
Lors de sa sortie, les avis étaient partagés entre bon jeu et foutage de gueule intégral. En effet, c’était un bon jeu dans ses principes, mais le contenu était un peu chiche, avec seulement 70 morceaux, et surtout, faisait l’apanage des DLC à outrance : en effet, Square Enix facturait 1 € chaque morceau supplémentaire. De quoi miser sur la crédulité des fans, à n’en pas douter. Alors en 2014, lorsque ce deuxième opus de Theatrhythm vient à sortir, on est en droit de se demander si Square-Enix est sur le point de commettre les mêmes erreurs que par le passé.
CONCERTO POUR LES FANS
Il n’y a pas vraiment d’histoire dans ce jeu, tout juste une bribe de scénario. Le Grand Cristal a appelé les différents héros de FF pour défendre la déesse Cosmos contre le retour de Chaos, que les ennemis du bien voudraient bien faire revenir à la vie. Pour cela, ils devront jouer correctement des airs de musique tout en voyageant. Mais ce n’est pas ce qui est primordial dans un jeu musical.
Le concept est donc celui d’un jeu de rythme. Vous devrez appuyer dans les temps lorsque les notes arrivent sur la cible, un concept éprouvé mais efficace, d’autant plus que les principes dans Curtain Call sont identiques au premier jeu. On ne peut pas dire qu’on soit dépaysé à ce niveau.
La première fois que le joueur démarre le jeu, il devra composer une équipe de quatre héros issus de différents épisodes. Le jeu propose plusieurs modes de jeux : Le premier est le « Music Stage », où vous pourrez choisir parmi les différents morceaux des épisodes de la saga et cette fois, au moins, on ne peut pas dire que Square Enix se soit foiré. Ils rattrapent le coup de la dernière fois en proposant d’entrée pas moins de 221 morceaux ! Et tous les épisodes sortis jusqu’à présent sont là, de FF I à XIV, en passant par Christal Chronicles, Tactics, Type-Zero (jamais sorti chez nous à l’heure actuelle, mais ça va changer avec sa réédition HD) ou Mystic Quest Legend et même du long métrage Advent Children. A vous de choisir entre les morceaux d’environnements, les Field Music Stages (FMS) où nos héros de relaient pour marcher, et dont la récompense dépend notamment de la distance effectuée en plus du score,et les thèmes de bataille ou Battle Music Stages ( BMS) où ils combattront ensemble. Vous aurez aussi des morceaux de cinématiques mais ils se débloqueront au fil du jeu.
Chaque note validée est évalué selon quatre critères : « Bad » est la plus mauvaise, vous avez ensuite la « Good », « Great » et la meilleure validation reste la « Critical ». Chaque mauvaise note ou choix de touche vous fera baisser votre barre d’énergie présente en haut à droite de l’écran, et une barre complètement vide signifie une fin de partie. Il en est de même si vous ratez trop de notes, c’est dire trop de « miss » en oubliant de valider. Je dirais même que c’est encore plus pénalisant qu’un « bad ». A la fin, chaque chanson est sanctionnée par une note, qui pourra aller de F si vous vous ratez et ne finissez pas la chanson à SSS si vous faites que des notes critiques et atteignez le score maximum de 9 999 999 points.
Vous pouvez jouer chaque chanson selon trois modes de difficulté : le «Basic Score » reste le plus abordable, vous avez ensuite le « Expert Score » déjà plus rapide, et les plus téméraires se frotteront au mode « Ultimate Score ». Avant de vous lancer, vous avez la possibilité de vous entraîner sans que cela ne devienne pénalisant, ou de voir une démo…
Vous récoltez aussi des point D’XP selon votre score, permettant de faire évoluer vos personnages, ces derniers pouvant aller jusqu’au niveau 99, et développer des compétences. Vous gagnez aussi des points de Rhythmia permettant de débloquer divers bonus, dont des gemmes de couleur. Ces gemmes permettront de débloquer d’autres personnages.
Le deuxième mode est le « Medley Quest », où vous effectuerez des quêtes en plusieurs étapes pour récolter du loot et des objets, et plusieurs chemins sont possibles pour atteindre le boss. Il vous est possible d’interrompre une quête pour la reprendre ensuite. Ces dernières sont de longueurs différentes, courtes, moyennes ou longues, et chaque étape représente une journée. Vous pouvez aussi utiliser des objets de votre inventaire en cas de coup dur. Évidemment on ne sait pas à l’avance de quelle difficulté va être l’épreuve qui nous attend, histoire de pimenter un peu les choses. Ce mode remplace le « Chaos Shrine » du jeu précédent. Et bonne nouvelle, les scores effectués sont désormais conservés d’un mode de jeu à l’autre.
Mais Curtain Call a maintenant ajouté un mode Versus vraiment bien fait. Vous pouvez jouer contre la console ou contre des gens soit dans vos amis 3DS soit du monde entier. Ce mode se distingue par l’apparition de phases de « burst » qui apporte des pénalités aléatoires parmi quatre : les flèches qui changent de direction en permanence, les notes qui n’apparaissent qu’au dernier moment, le changement de vitesse aléatoire ou encore la pénalité qui impose de ne faire que des « Critical ». Cela ajoute du piment aux parties. On a de quoi s’amuser dans le jeu, d’autant qu’il n’est plus nécessaire de désactiver les compétences ou objets des personnages pour atteindre le score maximum, gros défaut du premier jeu. On débloque les bonus beaucoup plus facilement, et si on ajoute régulièrement des nouveaux personnages dans nos équipes, il est désormais possible de réinitialiser leurs niveaux une fois arrivés au niveau 99 pour acquérir de nouvelles compétences. Le jeu dispose de trophées qui se débloqueront selon vos exploits.
A LA RECHERCHE DE L'HARMONIE PARFAITE
Techniquement, c’est plutôt bien fait. Les musiques sont de bonne qualité, et entre les remix et originaux, vous aurez le choix. L’interface graphique est bien pensée et intuitive. Les décors de fonds sont symboliques des Final Fantasy, après, j’admets qu’il faut accrocher au style SD et mignon dans lesquels les personnages et ennemis sont dessinés. Mais on les reconnaît aisément. Le jeu est globalement coloré et ça chatoie sur l’écran.
Musicalement, c’est l’extase pour les oreilles. On appréciera les originaux mais aussi les morceaux remix, mais surtout le choix offert est juste hallucinant. Si on retrouve de quoi faire via les épisodes canoniques de la série , inclure des épisodes dérivés était une très bonne idée. Le jeu permet également des outils de classement des morceaux et inclut un moteur de recherche pour directement arriver à ses morceaux favoris. Et la qualité sonore n’en souffre pas le moins du monde, c’est impeccable. Le contraire eut été fâcheux pour un jeu musical, non ?
Curtain Call ne se contente pas d’une légère refonte graphique et des mêmes mécaniques de son prédécesseur, et il propose trois styles de jouabilité différents : vous pouvez désormais jouer aux boutons de la console, une nouveauté bienvenue,soit intégralement au stylet en tapant l’écran tactile comme avant, ou en un style hybride permettant de mêler les deux. C’est bien trouvé et permet à chacun d’adopter le style qui lui convient.
Avec tout le contenu qu’il propose la durée de vie est conséquente. Les plus acharnés tenteront des « Full Chain » et « All Critical » en visant le score maximum, sachant que la deuxième condition entraîne forcément l’obtention de la première… Et ils n’hésiteront pas à recommencer en cas de faux pas, sachant que la différence entre un « Great» et un « Critical » se ressent au niveau des points marqués. Le Versus offre bien entendu de quoi faire avec des joueurs du monde entier.
DIÈSE IRAE
Alors Curtain Call, c’est mieux que le premier jeu ? La réponse est oui. Square Enix ne s’est pas moqué de nous et si on apprécie le contenu gargantuesque, cela ne va pas sans quelques défauts. Le premier étant bien entendu, que des DLC sont toujours de la partie. Par exemple pour le thème de Vincent dans FF VII, il faudra raquer.
D’autres râleront sur le fait que le jeu soit en full english, et personnellement ça ne me dérange pas. Déjà parce que ce n’est pas un RPG mais un jeu musical, et que l’histoire passe au second plan (voire plus loin encore), on demande ici de valider des touches dans une rythme donné. Sur la console portable concurrente, je joue bien à un jeu du même genre intégralement en japonais et ça ne pose aucun souci. Alors la non-traduction est à mon sens un faux problème.
En revanche, la colère de ceux ayant acheté le premier volet est plus légitime, je peux comprendre le sentiment d’entubage (vaseline non incluse), étant donné la grande différence de contenu de base.
GRAND FiINAL :
Theatrhythm Final Fantasy Curtain Call corrige les défauts de son aîné : un contenu gargantuesque, avec de nouveaux modes de jeu offrant largement de quoi s ‘amuser et on se surprend à améliorer ses scores. Les nouveautés sont bien là, et le jeu ne se contente pas que d’un simple fan-service pour faire craquer ceux qui ont déjà le premier jeu. Si vous aimez les jeux musicaux, vous n’avez aucune raison de vous en priver, idem si vous êtes fans de Final Fantasy ou des musiques de la saga. Les quelques fausses notes n’entachent en rien son intérêt.