Tomb Raider
7.1
Tomb Raider

Jeu de Core Design, Toby Gard et Eidos Interactive (1996PlayStation)

Mesdames et messieurs les jurés, Monsieur le juge, je suis ici pour défendre Tomb Raider contre les déclarations abominables qui lui sont proférées. On reproche à mon client d'être injouable, moche et dépassé.
Ces déclarations, Môsieur le juge, sont infondées.


Tomb Raider est simplement lent. Il est lent et rigide. Mais est-il pour autant injouable ? Non monsieur. Son gameplay est soigné de telle sorte à ce que le joueur, une fois les commandes comprises, puisse faire ce qu'il veut avec Lara (je demande à l'assemblée de cesser de ricaner). Des commandes simples, répondant au doigt et à l'oeil... Comment louper un saut si vous avez bien appliqué la manipulation adéquat ? Celle-ci fonctionne à tous les coups.
Bien sûr, je comprends ceux qui pestent contre le fait que l'héroïne avance lentement, qu'elle tourne sur elle-même avec la souplesse d'un poids-lourd. Mais cela fait parti des règles régissant ce gameplay lent, mais parfaitement quadrillé.


La première heure de découverte, ou peut-être les deux ou trois quatre premières, peuvent être déstabilisantes, je le reconnais. Mais après des heures et des heures de jeux, la lenteur disparait de l'impression ressentie, car celle-ci permet d'en prendre plein la vue dans des décors en 3D révolutionnaires pour l'époque. Quelle grandeur ! Quelle majesté ! Comment insulter TR de laid quand celui-ci affiche tous ces décors impressionnants alors que les jeux d'action en 3D n'étaient qu'à leur prémisse ? Si la rétine peut picoter au début, elle s'habitue, et on profite alors des merveilles des décors de ce jeu de 1996.


L'ambiance y est lourde, pesante, alternant entre le frisson d'angoisse et celui de la découverte. Les musiques sont absentes, plongeant le joueur dans la solitude, dans l'exploration de lieux à jamais oubliés... mais quand les mélodies retentissent, alors l'effet n'en est que décuplée, on apprécie chaque piste audio avec une saveur inouïe. En découle alors une incroyable intensité dans certaines séquences, et plus particulièrement dans tout le monde final qui transcende le jeu à lui tout seul. Oui messieurs, un jeu lent peut être intense, ça se fait avec du talent.


Tomb Raider ne sera jamais dépassé. Il est de ces jeux d'aventures qui crèvent le temps, qui s'impose au fil des années comme une référence, comme une base, un pilier, un aboutissement. Malgré les défauts liés à son âge, il reste un jeu unique, souvent imité, jamais égalé.


Et c'est pour cela, Monsieur le juge, que je demande à ce que tout le monde ressorte ses manettes et prenne le temps de jouer correctement à Tomb Raider avant de le juger. Si l'expérience ne peut pas toucher tout le monde de la même manière, elle n'en est pas moins enrichissante. C'est une leçon de jeu vidéo, de level design, et de direction artistique.

Créée

le 28 juin 2012

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