Des sensations de jeu exceptionnelles
En apparence, Top Spin 4 ressemble beaucoup à Top Spin 3. Les courts sont identiques, et le système de frappe relâchée lors du rebond adverse a été conservé. Fort heureusement, de nombreuses améliorations ont été apportées à la licence en l'espace de 3 ans, à commencer par une meilleure percussion des balles : alors que Top Spin 3 était assez mou, TS4 est extrêmement dynamique. Les échanges sont plus rapides, les balles ont nettement plus de poids, et on se rapproche tout doucement de la vitesse de jeu réelle, du moins telle qu'on la perçoit sur un match télévisé.
La jouabilité a également été simplifiée, mais le jeu ne perd aucunement de sa technicité. Les coups sortent désormais plus facilement, on fait vraiment ce que l'on veut sur le terrain, et le challenge consiste désormais à adopter une bonne tactique plutôt qu'à essayer de sortir un coup risqué avec une gâchette. Pour résumer, il existe maintenant 2 types de frappe : les frappes puissantes (on charge en restant appuyé sur le bouton), et les frappes précises (on appuie rapidement sur le bouton lorsque la balle est près de nous). Cette jouabilité plus subtile donne plus de variété aux échanges, même si l'on peut regretter que les coups précis soient vraiment très mous (la balle est souvent 2 mètres au dessus du filet).
Niveau casting, le panel de joueurs rétro séduira les trentenaires qui ont regardé le circuit ATP des années 90 : Sampras, Agassi, Becker, Chang, Rafter et Courier sont ainsi de la partie, mais il y a aussi des joueurs récents comme Nadal, Federer, Djokovic, Roddick ou Murray. Les développeurs ont eu la mauvaise idée de leur attribuer des notes dans chaque domaine plutôt que de chercher à reproduire précisément leur jeu, et il est absolument aberrant que des joueurs mythiques comme Sampras ou Courier soient si faibles par rapport aux joueurs modernes. Pour vous donner une idée, le service de Nadal est largement plus puissant que celui de Sampras, et ce dernier n'est vraiment bon qu'à la volée. Au niveau de la modélisation, il y a du bon et du moins bon : Agassi, Nadal ou Djokovic sont extrêmement bien reproduits, aussi bien au niveau du visage que de la gestuelle, tandis que d'autres sont complètement méconnaissables (Courier, Lendl). Globalement, les développeurs ont fait des efforts pour que les coups phares des superstars soient immédiatement identifiables, mais quand on a regardé joué Agassi ou Sampras pendant 15 ans, on est forcément choqué quand on voit leur geste de service ou leur coup droit honteusement bâclé. Au niveau des aptitudes, 2 tennismen sortent vraiment du lot : Nadal chez les joueurs actuels et Becker chez les légendes. Agassi et Djokovic sont de quasi-clones surpuissants dans le jeu de fond de court, et Murray s'en sort également très bien.
La difficulté est divisée en 5 niveaux, et soyons clairs, elle est vraiment mal dosée. Les niveaux "très facile", "facile", et "moyen" n'apportent strictement aucun challenge, et si vous avez déjà fait vos armes sur Top Spin 3, le mode "difficile" ne vous posera pas trop de problèmes. Malheureusement, le niveau "pro" est presque injouable, et il manque un niveau de difficulté intermédiaire entre le "difficile" et le "pro". Toujours à propos de la difficulté, sachez que lorsque vous jouez un tournoi du Grand Chelem dans le mode carrière, les joueurs ont tendance à monter subitement de niveau à partir du stade des demi-finales, mais fort heureusement, le niveau de difficulté est paramétrable entre chaque match.
Le mode carrière ne propose aucune surprise pour quiconque à déjà touché un Top Spin ou un Virtua Tennis, et pour être honnête, il se révèle assez fade : vu que le panel de joueurs actuels est très limité, on rencontre systématiquement les mêmes adversaires dans chaque tournoi, et les 5 années de carrière passent un peu trop vite (vous ne pouvez jouer qu'un seul tournoi par mois).
Au niveau sonore, les frappes et les rebonds de balles sont variés et fidèlement retranscrits, mais il n'en va pas de même pour les cris des joueurs : la plupart poussent des grognements ridicules lorsqu'ils frappent fort, et le plus drôle, c'est que tous les joueurs font exactement le même bruit, même ceux comme Sampras qui jouaient en silence dans la vraie vie ! Sans être ridicule, l'ambiance sur le court est assez terne, et le public s'emballe parfois sans raison pendant les échanges. Contrairement à Top Spin 3, le score est constamment affiché en haut à gauche de l'écran, et les ralentis sont toujours autant à côté de la plaque (impossible de choisir l'angle de vision). Enfin, même si c'est un petit détail, on pourra reprocher aux développeurs de ne pas avoir proposé de cérémonie de remise des coupes lorsque l'on remporte un tournoi du Grand Chelem.
Malgré ces quelques défauts, je ne peux m'empêcher d'enchaîner les parties. L'emballage de Top Spin 4 est comme vous l'avez compris assez quelconque, mais en terme de sensations, ce jeu est juste une tuerie ! On sent parfaitement la balle, les frappes sont lourdes, et la gestion des aces est vraiment proche de la réalité (on en fait un de temps en temps, et pas systématiquement). Les balles let sont enfin de la partie, la gestion de la volée a été grandement améliorée, et il est désormais possible de gagner des matches en jouant service-volée, alors que c'était quasiment impossible dans le 3. Enfin, les amateurs de simulation seront heureux de savoir que les fautes sont plus fréquentes qu'avant : si vous frappez la balle trop tard ou si vous la croisez trop, vous aurez de grandes chances de commettre une faute directe.
Pour résumer, Top Spin 4 est peu le NBA 2K11 du jeu de tennis : les sensations de jeu sont exceptionnelles, et même si ce n'est que du marketing, avoir Agassi et Sampras dans un jeu de tennis, c'est un peu comme avoir Jordan dans un jeu de basket : on sait que c'est du fan-service, mais fibre nostalgique oblige, ça marche ! Pour le fan d'Agassi que j'étais, vous ne pouvez pas imaginer le pied que j'ai pris à jouer contre son éternel rival pour la première fois dans un jeu vidéo. Voir ces 2 légendes s'affronter, même virtuellement, ça fait quelque chose, croyez-moi !