Total War: Shogun 2
7.7
Total War: Shogun 2

Jeu de Creative Assembly et SEGA (2011PC)

1665. Cela fait maintenant près de dix ans que le clan Mori est en guerre contre le clan Otomo. A leur rivalité pour la domination de l'Ouest du Japon s'est ajoutée une furieuse haine religieuse entre Otomo chrétiens et Mori bouddhistes. La guerre fait rage et les batailles se succèdent, mais après une série d'éclatantes victoires le clan Mori prend lentement l'avantage sur son rival, s'approchant de plus en plus du siège du Shogun. Désespérés, les Otomo ont décidé de jouer leur va-tout et d'envoyer dans les provinces récemment perdues plusieurs missionnaires portugais, espérant créer une rébellion parmi la population chrétienne durement traitée par ses nouveaux maîtres. Avec succès. A Hizen, conquise il y a un an à peine par le troisième fils du Daimyo, la poudre prend feu et une révolte éclate dans la population, à 85% chrétienne. Une armée de paysans forte de 1700 hommes est levée par quelques meneurs, et ensemble ils marchent contre la ville, où le général Hidogawa Mori ne dispose que de 450 soldats pour défendre la province. La défaite des Mori semble, pour cette fois-ci en tout cas, assurée...

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J'étais dans cet état d'esprit quand j'ai lancé la bataille, que je pensais être l'une des plus ardues dans cette campagne de Shogun 2, déjà riche en émotions. J'ai donc placé mes hommes et lancé le début de la bataille, priant intérieurement pour que l'ennemi ait, comme c'est parfois le cas, formé deux ou trois groupes pour attaquer les murailles - en général j'en profite pour effectuer une sortie fulgurante, attaquer un groupe, le réduire à néant et profiter de la panique pour faire fuir toute l'armée - et j'ai attendu.

Attendu.

Attendu.

Et là, il s'est passé quelque chose de tout simplement extraordinaire... le jeu a planté.

Mais attention, il n'a pas cessé de fonctionner : la bataille avait commencé, et le chronomètre (60 minutes qui, si elles sont écoulées, accordent la victoire au défenseur, càd moi) défilait. Sauf que l'armée ennemie ne bougeait pas, elle restait figée, à quelques centaines de mètres de murailles, comme si elle attendait quelque chose.

La situation m'arrangeait bien, puisque si la bataille durait une heure, je serais automatiquement désigné vainqueur. De peur de changer quoi que ce soit ou d'activer par mégarde une réaction chez mes ennemis complaisamment immobiles, j'ai décidé, moi aussi, de ne rien faire, et de laisser le temps filer. J'ai multiplié par quatre (le maximum) la vitesse de combat, et j'ai attendu.

Je n'allais pas rester un quart d'heures à ne rien faire, du coup j'ai fait une de mes activités préférées dans les Total War : j'ai zoomé au niveau maximal, ce qui permet, en bataille, de voir la map du point de vue d'un soldat. Et je suis devenu, pour un petit quart d'heure, un petit troufion perdu quelque part dans un siège au Japon en 1565.

Tout d'abord, j'ai regardé autour de moi. J'étais un rebelle chrétien, avec sa blouse blanche et sa petite bannière. Autour de moi, mes camarades, sabre au clair, attendaient dans le froid en tapant du pied. Il neigeait. Mon supérieur était à cheval, il portait une bannière plus grande encore, flanquée d'une croix, et il avait l'air idiot.

Je me suis déplacé jusqu'à la falaise, à quelque mètres de là. En bas, la mer rugissait. A côté de moi, à moitié déraciné, se tenait un arbre noir et sec. J'ai regardé quelques instants cette côte sous la neige - et dans mes oreilles résonnaient la flûte de pan, les instrument traditionnels et ce qui ressemblait à une harpe, en plus rugueux et métallique.

Je me suis avancé jusqu'à la muraille, et j'ai regardé la porte qui barrait le passage. C'était de la belle ouvrage, il y avait même des dorures et des moulures en forme de dragon. Le mur, tout autour, n'était haut que de deux ou trois mètres, et ce n'était qu'une palissade en bois. En regardant à travers l'une des vitres artistement ouvragées, je vis que derrière se tenait l'armée adverse, grise et rouge, rangée autour du Tenshu. Je me suis glissé dans leurs rangs.

J'étais maintenant un soldat du Clan Mori, richement paré de mon armure et de ma lance longue - une naginata. En regardant à gauche et à droite, je pus constater que mes camarades n'étaient pas très différents des rebelles d'en face, et que mon supérieur avait, aussi, l'air idiot. J'ai regardé un peu alentours, et ce que je découvris me ravit. A proximité du mur d'enceinte Est, il y avait un petit temple Bouddhiste, une statue de Bouddha et quelques brûleurs d'encens, qui semblaient si fragiles sous la neige.

Je restai un petit moment à regarder ces multitudes de détails auxquels, quand on combat, on ne fait jamais attention. Il y avait une sorte de petit perchoir à oiseaux en pierre, c'était joli. Et le paysage depuis la falaise était décidément superbe, quand on le voyait au travers des yeux d'un soldat de passage. Il y avait même, sur un pic, un monastère.

Le temps filait toujours. Il ne me restait plus que deux minutes. Shogun 2, durant ses phases de gestion, me faisait voir le monde de l'œil du général, qui compte ses cavaliers par centaines et sa piétaille par paquets de mille. Moi, maintenant, je pouvais voir respirer les rebelles d'en face - et j'entendais du shamisen. J'ai dézoomé et ai placé ma caméra pour voir en même temps les deux armées face à face, qui se regardaient en chien de faïence. Je me suis dit, pour rire, que s'ils n'avaient pas bougé c'est parce qu'ils était paralysés par la peur.

Puis le compteur est arrivé à 0, et le message s'est affiché : "Victoire Héroïque".

Je n'avais pas tué un seul homme.
Tezuka
9
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le 6 janv. 2015

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Tezuka

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