Uncharted 3, j’aurai mis du temps à m’y mettre, et ce malgré les commentaires dithyrambiques de la presse spécialisée. Après avoir fait le 2, et m’être fait spoiler ce que je pensais être les 3 scènes majeures du 3 au cours des différents salons, mon envie de le tâter s’était grandement amoindrie (et pourtant, j’aime tâter).
Mais voilà, j’ai fini par mettre la main sur les courbes généreuses du jeu… qui n’en a alors plus fini de m’étonner. Alors que je m’attendais à du pan-pan-boum-pan-crack-BOUUUUM ad nauseam eternam, il ne se passe quasiment rien avant le chapitre 6 ! Arrivé à ce fameux chapitre, j’avais presque envie de supplier le jeu de m’offrir le boum pan boum que je cherchais en lançant le jeu tellement le rythme était inattendu.
Mais je ne fus jamais vraiment exaucé. Car en fait, U3 est de loin le jeu le plus calme et le plus posé de la série. Et cela bordel, c’était tellement inattendu. Et cela bordel, c’est tellement jouissif. Les énigmes sont de loin les meilleures de toutes, avec de très bonnes trouvailles, les temples sont plus que jamais calmes, angoissants et énigmatiques. En fait, à l’heure où le prochain Tomb Raider s’annonce n’être qu’un Uncharted 4 raté (pitié faites que j’ai tort et que les présentations n’étaient là que pour satisfaire nos amis les ricains), ce troisième opus n’a jamais été aussi proche d’un TR. Autant avant je riais au nez de ceux qui osaient faire la comparaison, ce qui prouvait qu’ils n’avaient jamais touché à un TR de leur vie (ou Legend peut-être à la limite), autant cette fois la comparaison pourrait avoir une certaine légitimité.
Parallèlement, le soin apporté à la narration dans cet épisode est démentiel. Que cela soit l’histoire de Laurence d’Arabie, de Francis Drake ou du jeune Nathan Drake, on est happé par ces cinématiques extraordinairement bien réalisées. Suite logique, la mise en scène est bien évidemment fabuleuse, et on enchaînera scène captivante sur scène captivante.
Néanmoins, tout n’est pas rose au pays d’Uncharted 3. Il y a également une bonne grosse dose de sable qui s’est glissé dans la boîte pour rayer la galette, quelques graviers tombés dans le pot de vaseline. Car en effet, alors que le rythme est un des meilleurs jamais vus dans un JV du genre, alors que la réalisation magnifique nous déchire la rétine, et alors qu’on est à fond dans l’histoire… vient le passage des bateaux. Si tous ces chapitres sont géniaux à jouer, et pas qu’un peu, avec selon moi la meilleure scène d’action non mise en scène de tous les Uncharted (et je pèse mes mots), scénaristiquement parlant ils foutent tout en l’air.
Cela, on s’en rend compte lorsque Nate débarque sur la plage post-naufrage, pile aux pieds d’Elena. Wait, seriously ? C’est si petit que ça l’Afrique ? Et l’océan idem ? On enchaîne alors la séquence de l’avion, puis la dernière partie du jeu, en ayant désormais du mal à raccrocher tous les wagons. C’est précipité, à la limite de l’incohérence parfois. La fin est archi-expédiée, des personnages super importants au début du jeu ne réapparaissent jamais (Chloé et Cutter), et au final les mystères ne sont pas tous résolus (qu’on ne me parle pas de libre interprétation).
Alors au final, ce jeu est une désillusion sur tous les points.
Positivement d’abord, car il réussit à merveille là où on l’attendait (mise en scène, réalisation, ambiance sonore, …), mais surtout là où on ne l’attendait pas (énigmes, ambiance des temples, système de combat au corps à corps, …)
Négativement ensuite, car la sensation d’un jeu mal fini, torché pour sortir avant la fin de l’année afin de garnir le line-up PS3 et pour pouvoir annoncer The Last of Us tranquillement, se fait cruellement sentir. Le dernier tiers est, en comparaison de l’excellence des deux premiers, un tragique échec scénaristique.
Un jeu surprenant donc, dont les spoils massifs de la communication agressive et imbécile de Sony n’ont pas réussis à réduire l’intérêt. Un épisode à faire pour quiconque aime l’action/aventure sur PS3, qui a toute sa place dans la trilogie. Mais qui aurait du être encore meilleur. A vouloir aller trop vite dans les sables mouvants, on s’enfonce.
