Uncharted a commencé comme une petite IP sur PS3. Raillé par les fans de Xbox 360 car il ne supportait pas la comparaison graphique avec Gears of War, il a failli passer inaperçu. Pourtant il donnait déjà les premiers signes de ce qu'allaient devenir les jeux d'aventure sur la génération précédente. Les gunfights, la mythologie, l'exploration ... Naughty Dog a transcendé le système avec Uncharted 2 pour en faire un Indiana Jones vidéo ludique. Nathan Drake, le héros, enchainait les catastrophes et situations complexes dans ce jeu qui allait à 100 à l'heure. Le troisième épisode mélangeait des tas d'idée de "gameplay" et les insérait au chausse pied dans une aventure. Ce qui donnait un résultat plus mitigé aux yeux de tous. Quel allait être le choix du studio pour ce 4e et donc dernier épisode ?
On pouvait penser que Uncharted 4 serait Uncharted 2 bis en plus joli. Mais au final c'est plutôt leur jeu précédent, Last of Us, qui a inspiré Naughty Dog. On suit Drake dans une quête de trésor certes mais dont sa vie privée, son entourage proche a une vraie influence. Au début du jeu Nathan raccroche son gun et sa boussole pour finalement être obligé de s'y remettre et s'en suit un questionnement sur ce qu'il est réellement. Tout cela est à lire entre les lignes de dialogue, sur le visage du protagoniste (incroyablement bien modélisé, Uncanny Valley ne passera pas par Naughty Dog), sur ses choix et actions. Du coup l'aventure est plus posée. PS4 oblige, la technologie permet au studio de créer des décors sublimes et on nous "force" à les admirer via de nombreux passages d'escalade. Cela n'a jamais été le point fort d'Uncharted. Effectivement il suffisait de chercher l'élément de décor "jaune" pour s'y accrocher et trouver le bon chemin. Ici le level design a été repensé pour que plusieurs chemins soient praticables. Cela renforce l'impression que c'est le joueur qui explore l'univers même si les différents chemins arrivent TOUS au même endroit (à un ou deux trésors cachés près). L'illusion ne marchera pas sur tous. Mais si on se laisse porter par ces passages où Nathan converse toujours avec son acolyte du moment, on est plongé dans son aventure.
Viennent ensuite les gunfights. Toujours bien dosés selon moi (à part la jouabilité étrange du 3e épisode), ils sont ici épurés. La majorité de ceux ci sont évitables. C'est à dire que l'arène de combat nous permet d'éliminer furtivement tous les soldats ou bien simplement de passer sans se faire voir. Là encore cela contribue à un rythme de jeu plus posé. L'adrénaline n'est pas sursollicitée. Même si on se fait assez rapidement remarquer et que le contact est alors obligatoire, on a l'impression que les gunfights ne font plus vraiment partie du gameplay du jeu. Dommage. Dommage car ceux de cet épisode sont extrêmement jouissifs. La sensation de shoot est parfaite et cet épisode force le joueur à jouer comme il aurait toujours fallu le faire dans les opus précédents : il faut se mouvoir. Se cacher derrière un talus et tirer sur les têtes qui dépassent n'a jamais été la meilleure façon d'appréhender un Uncharted mais cette fois ci cela n'est même plus possible. La plupart des couvertures se brisent après quelques salves d'ennemis. Cela nous force à changer d'endroit et à réagir très rapidement. Idem pour nos munitions qui se font plus rares. Il faut se mouvoir jusqu'au premier cadavre ennemi pour lui voler son arme si l'on souhaite finir le combat. Rajoutons à cela le grappin pour se déplacer efficacement d'une plateforme à une autre et l'on obtient des affrontements très dynamiques. Mais assez peu nombreux.
Le manque de rythme est la critique que vous trouverez le plus sur Internet concernant Uncharted 4. Une critique renforcée par ses détracteurs tant en face on ne nous parle que de superbes graphismes. Alors certes le jeu est très joli techniquement, mais ce qui surprend le plus c'est le souci du détail dans les environnements. Tout y est bluffant.
Mais un jeu ce n'est pas ses graphismes. Alors on ne peut balayer cette critique d'un revers de main. Ce que l'on peut dire par contre c'est que ce n'est pas un manque de rythme. Uncharted 4 a choisi sciemment ce rythme. Cette narration plus contemplative, plus centrée sur ses personnages. Exactement comme l'a fait Last of Us avec Elie et Joel. Sauf que la relation entre Elie et Joel avait besoin de ce rythme pour que l'histoire fonctionne. Nathan Drake a été vu depuis des années comme un aventuriers à fond dans l'action et c'est cette transformation qui choque. Il était sans doute temps que la saga s'arrête. Nathan Drake s'essouffle et cherche autre chose. Naughty Dog a voulu symboliser ce changement chez le héros. Il l'a très bien fait. Au détriment des joueurs qui ne cherchaient que de l'action, que du AAA hollywoodien. Uncharted 4 est une histoire de chasse au trésor, intimiste avec un héros fatigué qui souhaite sans doute privilégier la vie qu'il a créé plutôt que l'aventure à tout prix. Et en ça, Uncharted 4 est une réussite. Il suffit de ne pas vouloir faire dire au jeu une toute autre chose.