Comme il a été répété maintes et maintes fois, et comme on peut le deviner en observant la jaquette, Unmetal (2021) est jeu d’action-aventure et d’infiltration parodiant la célèbre saga Metal Gear, en particulier les tous premiers épisodes tels que Metal Gear sur MSX2 sorti en 1987. On y retrouve un univers entièrement en 2D, la reprise de scènes identiques (celle des chiens endormis dans une cour de base militaire par exemple) et la vue surplombant le personnage (reprise aussi dans le premier Metal Gear Solid sur PlayStation). Unmetal, contrairement à la licence duquel elle s’inspire, observe un ton volontairement décalé, humoristique, voire absurde à certains moments lui conférant beaucoup de charmes. L’intégralité du scénario est racontée par le héros lui-même, Jesse Fox, sous forme de flash-back à une jeune femme qu’il semble vouloir séduire. C’est important de le préciser, car ce détail viendra à point nommé modifier le gameplay ou les situations de jeux. De plus, il n’est pas rare d’entendre cette femme demander des détails supplémentaires au héros. Ainsi le scénario développe le point de vue de Jesse Fox ou comment en tant que « civil innocent d’un crime qu’il n’a pas commis », il s’est retrouvé emprisonné dans une base militaire perdue au fin fond d’une forêt tropicale et impliqués, malgré lui, dans un conflit nucléaire mondial. Deux histoires s’enchevêtrent : la volonté farouche du héros de sortir de ce complexe militaire et une histoire plus large de conflit dans lequel Jesse Fox, capturé par l’armée américaine, devra rendre des comptes sur le pourquoi du comment il se trouvait au sein du complexe ennemi (russe probablement). Cela paraît compliqué, mais une fois devant l’écran, tout paraît plus simple. Personnellement, j’ai beaucoup apprécié l’histoire mélangeant les temporalités pour mieux nous mener en bateau. Par ailleurs, la fin est excellente.
L’atout principal du titre, outre l’humour, c’est comme je le disais plus haut que le scénario était narré par Jesse Fox lui-même. En effet, vantard et soucieux d’être considéré comme une machine de guerre, il n’est pas rare que notre personnage exagère volontairement la réalité de son histoire pour impressionner la donzelle. Ceci se traduit par des scènes où le narrateur offre la possibilité au joueur de sélectionner les événements à l’écran. Exemple : vous progressez dans les égouts puis, soudainement, la femme interrompt le récit de Jesse pour lui demander s’il y avait beaucoup de rats. Deux choix s’offrent au joueur, à vous donc : « oui, il y avait beaucoup de rats » ou « non il n’y avait pas beaucoup de rats ». A l’issue du premier choix, vous vous transformez en morceau de gruyère géant poursuivi par des centaines de rats qui souhaitent vous bouffer sous une musique pastichant Benny Hill. Dans le second choix, Jesse Fox se met à raconter des conneries absolument hilarantes pour justifier la présence, non pas de rats, mais d’écureuils tueuses et mutantes dans ces fameux égouts, vous transformant ainsi en gland géant poursuivi par les rongeurs. Au final, la situation revient au même car vous devrez vous frayer un chemin dans les égouts pour échapper à vos poursuivants mais sachez qu’il y a possibilité de faciliter votre progression en faisant parfois les bons choix. Attention cependant, les choix sont toujours ineptes et imprévisibles. Impossible d’anticiper quoi que ce soit tant le jeu adopte un ton décalé (je pense à la scène de la livraison de pizza dans la base militaire par exemple). Toujours dans l’aspect humour, les objets que l’on collecte et que l’on assemble prêtent à sourire, la mise en scène des antagonistes comme dans un jeu de combat versus, le ton de la narration adopté par le héros Jesse Fox absolument hilarant du début à la fin (le décalage entre son sérieux et les situations clownesques qu’il décrit), les dialogues sont crus et vulgaires, la manière originale de combattre certains boss et bien évidemment les situations loufoques rencontrées au fil de l’aventure.
Côté gameplay, voici un petit résumé : vous contrôlez votre personnage en vue du dessus. Il est possible de tirer uniquement à l’horizontale et verticale, pas de saut, mais une roulade pour esquiver les tirs, on peut se battre à mains nues et un inventaire est disponible vous permettant d’amasser des objets d’importances variables et combinables. Il est possible de personnaliser ses raccourcis avec la croix pour accéder à quatre objets/armes rapidement. Dans Unmetal, Jesse Fox n’est pas autorisé à tuer ses adversaires humains pour des raisons scénaristiques. Du coup, si vous tirez avec votre pistolet sur un garde, il vous sera impératif d’utiliser une trousse de soin pour le soigner une fois au sol sinon c’est le game over. Il faut donc ruser, orienter le plus possible son gameplay en mode infiltration et assommer à mains nues ses adversaires ou les endormir (chloroforme). Le gameplay de l’infiltration est basique, vous pouvez vous plaquer contre les murs et devenir invisible si vous avez débloqué cette compétence, sinon c’est le décor lui-même et votre patience qui vous donneront les opportunités d’avancer discrètement. A noter qu’on prend de l’expérience dans Unmetal uniquement lorsque vous assommez des adversaires en toute discrétion, le personnage pouvant aller jusqu’au niveau 10.
Les musiques et les bruitages sont sympathiques mais la tour de force reste le doublage des acteurs en anglais, en particulier le doubleur de Jesse Fox. En revanche, le bât blesse sur le game design que j’ai trouvé personnellement trop punitif. Vous rencontrerez beaucoup de situations où la moindre erreur vous sera fatale. Heureusement, un système de sauvegarde dans des toilettes existe, nous ne sommes plus en 1990, cependant, ils sont régulièrement espacés vous obligeant à recommencer des pans entiers d’un niveau en cas de défaite. Oui, j’ai trouvé Unmetal frustrant et punitif à de nombreuses reprises pour cette raison-là. Prenons un exemple : Jesse Fox dialogue avec un personnage, il arrive que vous deviez sélectionner une réponse, si vous ne choisissez pas la bonne, c’est le game over. Il faut donc recommencer toute la scène. Un boss est basé précisément sur cette mécanique ! Je me suis arraché les cheveux car si vous perdez contre ce fameux boss, les développeurs vous obligent à refaire tout un secteur casse-couilles vous contraignant à l’infiltration sous peine de game over… Bref, vous l’avez compris Unmetal est un titre exigeant de la patience pour en voir le bout et qui n’hésitera pas à vous punir au moindre faux-pas.
Malgré cet aspect frustrant, j’ai trouvé l’aventure Unmetal, au global, très sympathique et originale sur son ton. Les jeux humoristiques ne courent pas les rues, cela fait du bien de temps en temps. Au-delà des blagues, on sent que les développeurs aiment la saga Metal Gear (du moins les premiers épisodes) ainsi Unmetal s’affirme aussi comme un bel hommage à ces jeux d’autrefois doté d’un gameplay rigide mais correct et d’une belle réalisation 2D (animations, décors, variété des situations de jeux, etc.). Attention cependant, le titre de @unepic_fran (drôle de nom pour un studio) s’affiche comme un jeu d’action dans les annonces mais il est en réalité bien plus axé sur l’infiltration. On passe le plus clair de notre temps à esquiver les ennemis ou à les éliminer silencieusement un par un. Unmetal n’est pas un défouloir et nous sommes à des années-lumières d’un titre tel que Broforce. A bon entendeur…