Cyberpunk, tranche de vie, synthwave, jeu centré sur le dialogue et les personnages, belle esthétique, ce jeu avait tout pour me plaire dès son lancement. Et il a pas raté son coup.
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VA-11 Hall-A (que je vais appeler VAHA parce que c’est quand même lourd à écrire à force) et un jeu produit et réalise par Sukeban Games, et en projet depuis 2014. Le jeu se présente sous un mélange de visual novel et de jeu de simulation. Androïdes, évolutions technologiques, conflits politiques, relations amoureuses et sexuelles, les thèmes de ce jeu se mélangent tel un cocktail rempli de Karmotrine. Ici, pas question de contrôler un androïde policier, un groupe de rebelles ou autre. On incarne le personnage de Jill, dans la vingtaine, dans sa position de barman dans le bar VA-11 Hall-A de la ville de Glitch City. Passé encore obscur, on mélange les différents ingrédients et options pour servir les nombreux clients variés et riches en personnalités du bar, tout en les écoutant parler de leur vie quotidienne et de leur travail. Difficile d’en dire plus sans dévoiler le contenu le plus intéressant de l’oeuvre, c’est à dire son oeuvre et son univers. Et comme à mon habitude, je vais plutôt m’attarder sur les qualités de celui-ci pour vous sentir obligé de jouer à ce petit bijou.
VAHA possède de nombreuses forces, passant de son histoire, son atmosphère, ses dialogues, son univers à sa direction artistique et son sound design. Tout est parfaitement construit pour créer une expérience riche en immersion, émotion et addiction d’en connaître encore plus sur cet univers et ses sujets. Chaque jours, vous devez concocter les boissons que vous demande vos clients. Il est assez difficile de ne pas réussir à faire ce que l’on vous demande, donc même les plus soucieux des joueurs mauvais aux jeux de gestions s’en sortiront sans encombre. Puis une fois servis, vos clients commenceront à vous raconter leurs vies, du premier journaliste lambda à des pop idols cybernétisées jusqu’aux doigts de pieds. Les jours passent et on commence à comprendre petit à petit comment le monde a avancé jusque en 2069. La réalité virtuelle, le transhumanisme et la culture étrange du moe s’étendent de plus en plus, en bien comme en mal. Il n’est donc pas anormal de voir autant de gens avec des hobbies particuliers, ou même des robots prostitués entrer dans votre bar pour demander un verre de Bad Touch. Lorsque vous rentrez du travail, vous pouvez acheter des objets et décors pour agrémenter votre petite pièce d’appartement, a la fois par pur plaisir esthétique, mais aussi pour rendre Jill plus efficace à son travail. Vous pourrez aussi à ce moment explorer le fameux monde d’internet, passant d’actualités (toujours avec un certain lien avec des clients et l’univers) à des simples discussions entre nerds sur des idols androïdes.
C’est ici que selon moi l’écriture de VA-11 Hall-A excelle : Les personnages sont tellement dingues de charisme, de réalisme et de liens avec l’univers que ça en devient presque flippant. Les dialogues sont d’un naturel presque à vous faire croire que vous faites face à des véritables discussions susceptibles de vous arriver dans une cinquantaine d’années. Après tout, 90% du texte se concentre dans le dialogue. La seule narration externe existant étant celle de l’introduction, Sukeban a décidé de se concentrer pour créer une histoire qui se dévoile au fil des dialogues et du temps. Chose assez surprenante d’ailleurs, quand on sait que la majorité des œuvres dans l’univers cyberpunk proposent un déluge assez important d’action et d’informations presque incompréhensible. Ici, la compréhension est simplifiée, car bien mieux diluée au travers de l’ambiance et l’écriture. On se rapproche bien plus de l’atmosphère de Time of Eve que Ghost in the Shell ou Blade Runner, en somme, même si les thèmes abordés restent sérieux et libres à l’interprétation.
Le pixel art excellent et les musiques sont tellement synchronisés avec l’histoire, qu’on a jamais l’impression de tomber dans ce piège du jeu à la direction artistique folle mais sans substance comme c’est malheureusement le cas de nombreux jeux indépendants, comme FEZ ou Limbo. Tout se marie à la perfection, pour ne vous donner qu’une envie : Continuer de jouer, encore, encore et encore sans jamais ressentir une seule lenteur. Les personnages sont tous tellement intéressants ou simplement amusants qu’il est difficile de ne pas éprouver de l’attachement avec tout vous clients, réguliers ou pas. Cependant, le développement de Jill est très loin d’être laissé de côté comparé aux clients. Il y a une certaine tension lorsque les sentiments de Jill sont abordés, jeune femme solide et professionnelle qui possède malgré tout ses faiblesses humaines, ses désirs et son passé qui se dévoilera au fil des jours.
Le jeu est sincère, simple, efficace et bourré d’un charme qui rends l’expérience unique et différente de tout ce que vous aurez pu jouer. Un jeu qui concentre sa force dans ses dialogues poignants et passionnants, parfaitement assaisonné d’humour et de tension pour vous maintenir en haleine pendant de nombreuses heures que vous ne verrez pas passer.