Excellent thriller mais finalités perfectibles

Spoil vers la fin (et dans les commentaires) attention


Bon, bon bon, voilà, je me mets à ma critique de VLR. Et je suis franchement très embarrassé parce que, au final, je ne sais même pas ce que je pense de ce jeu. Je l'ai adoré globalement mais il y a tellement de points qui me dérangent que je suis partagé au final. Cette critique est l'occasion d'exprimer mon avis au moins.


Pour commencer, Virtue's Last Reward est indéniablement un jeu bien foutu, et franchement pendant au moins la moitié de mon temps de jeu (42h au total pour ma part) j'étais en mode "OMG BGE" et je pouvais pas lâcher la console. C'est pas souvent que je finis un jeu de 42h en une semaine de toute façon. L'intrigue est vraiment prenante et pleine de bonnes idées, en premier lieu l'Ambidex Game. Sérieux ce truc est juste génial, on ne sait pas ce que va voter l'autre et du coup c'est un incroyable dilemme à chaque fois, parce que choisir "ally" est la solution la plus sûre pour que tout le monde s'échappe, mais choisir "betray" fait gagner plus de points et on est assuré de ne pas en perdre. Et bien sûr les développeurs n'ont pas oublié de rajouter des petits dialogues dans les AB rooms pour nous faire changer d'avis, au cas où on serait déjà fixé sur notre choix. Et l'annonce des résultats fait partie des moments les plus stressants de ma vie de gamer. Ce moment où les votes s'affichent, où tu es persuadé que l'autre s'est allié avec toi, et en fait non, ce connard t'as trahi.
C'est ce genre de moments où tu as envie de passer à travers l'écran pour aller tabasser les persos.


Les personnages sont d'ailleurs l'un des plus gros points forts du jeu à mon sens. 999 m'avait déjà surpris avec des persos bien meilleurs que ceux d'Ever17 globalement mais là on est peut-être un cran au dessus. Entre le grand-père Tenmyouji, l'énorme Dio, la magnifique Luna et j'en passe, on tient vraiment un bon casting. Je n'aimais pas trop Phi au début mais elle gagne en consistance au cours du jeu. Même Sigma parvient à être un personnage principal intéressant alors que Junpei était assez oubliable dans 999. Sans oublier Zero III, le lapin sadique, c'est d'ailleurs dommage qu'il soit si peu présent dans le jeu. Et ne parlons pas du doublage exceptionnel qui augmente le charisme de l'ensemble.


Le scénario fait suite à 999, avec pas mal de références, ça fait toujours plaisir et l'intrigue est vraiment saisissante rendant la console impossible à lâcher pour ma part. Les mystères s'accumulent et les twists s'enchainent dans les dernières heures de jeu. J'ai cependant beaucoup de choses à lui reprocher mais j'y viens plus tard.


Le gameplay a subi pas mal de changements, on a désormais accès à un flowchart qui permet de se téléporter à divers moments clés du jeu quand on le souhaite, ce qui évite de devoir recommencer depuis le début tout le temps, fait assez appréciable vu le nombre de fins disponibles. Contrairement à 999, il n'y a pas besoin de faire des enchainements tordus pour éviter les bad ends car chaque choix influe directement sur l'histoire, d'où le nombre de fins élevé. Au passage je regrette un peu que le flowchart soit une machine à spoil (observez-le bien et vous verrez tout de suite les choix menant vers des Game Over) m'enfin c'est pas grand chose, il suffit de ne pas passer trop de temps dessus.
La difficulté des énigmes a été revu à la hausse, elles sont beaucoup plus coriaces et plutôt longues (j'aurais même tendance à dire qu'elles le sont trop, la plupart m'ayant pris plus d'une heure je pense, tout en sachant que les dialogues qu'il y avait dans 999 sont ici inexistants), en contrepartie elles sont un peu plus espacées les unes des autres.


L'une des plus grandes qualités de 999 était son ambiance, on peut dire que celle de Virtue's Last Reward est également réussie, même si très différente. Exit les décors et sprites en 2D, bonjour la 3D grisonnante pour les décors et les personnages à l'anatomie étrange. Pourtant ça fait son effet, l'ambiance est assez oppressante et immerge directement dans le jeu, comme son prédécesseur.


Et après ma partie je suis obligé d'admettre que c'est surtout l'ambiance et les personnages qui m'ont transporté jusqu'à la fin, tout le côté "thriller" en fait. Parce que même si l'intrigue est très bien ficelée, que les AB games sont géniaux et que les personnages ont pour la plupart une psychologie travaillée, le scénario s'est un peu perdu en route.
Mais là je suis obligé de faire une balise


                          SPOILERS

Le premier reproche que j'ai à faire au scénario de Virtue's Last Reward, c'est d'être beaucoup trop gros en fait. Il est cohérent (enfin sauf quelques exceptions quand même) mais parfois un peu tiré par les cheveux. Plus on approche de la fin, plus les révélations s'enchainent, et plus j'étais partagé tellement un twist sur deux manquait de crédibilité. Enfin là c'est surtout la subjectivité qui parle mais je trouve que 999 fait limite simple à côté de VLR alors qu'il était pourtant déjà tiré par les cheveux.
Un deuxième point qui m'a dérangé concerne la construction de l'histoire, certaines révélations sont agencées de manière très étrange. Par exemple j'ai appris très tôt que le tueur de la vieille femme du début était Dio et sa fin est la première "bonne fin" que j'ai obtenu. On apprend beaucoup de choses sur son background à ce moment là, et le jeu nous pousse à penser que c'est lui qui a placé les bombes dans une route alternative (en prenant la porte avec Alice donc). On peut donc penser que Dio est le "grand méchant" de l'histoire. Sauf que l'histoire, bah elle est encore loin d'être terminée et au final il reste plein de meurtres et autres événements mystérieux à voir avant d'apprendre que... oui Dio est bien l'antagoniste principal, c'est bien lui qui a posé les bombes et il a commis tous les meurtres tant qu'on y est. J'ai un peu eu l'impression que le jeu me donnais les révélations avant les mystères, ce qui est assez paradoxal.
Globalement je n'ai presque jamais eu de mindfuck en fait sur VLR (sauf rares exceptions comme les AB games, meurtres/trahisons tout ça) et c'est dommage vu que c'était la spécialité d'Ever17 et 999. A la limite ce ne serait pas bien grave si le scénario était vraiment consistant, je suis le premier à penser qu'un scénario prévisible n'est pas forcément un mauvais scénario, mais ce n'est pas trop le cas ici et là vient le plus gros défaut que j'ai à lui reprocher.
Je n'ai pas vraiment compris l'intérêt du scénar' de Virtue's Last Reward, là est le problème. Parce qu'au final après tous ces retournements de situation, ces révélations et autres tonnes de dialogues, on se retrouve avec une conclusion qui n'en est pas une. Sur le coup je l'ai apprécié, elle est bien rythmée et l'épilogue à la fin avec Akane est génial, mais bordel après avoir pris un peu de recul, les défauts me sautent aux yeux quand même ! On apprend notamment que les personnages se trouvent en réalité sur la lune (je l'avais pas vu venir ça, c'était bien trouvé) et que le Radical-6 a ravagé une bonne partie de cette chère planète Terre. Le but de l'opération de Zero était de renvoyer la conscience de Sigma et Phi dans le passé, avant la propagation du virus afin d'empêcher celle-ci d'arriver. Pour ce faire il fallait inclure du danger, d'où la présence de cette raclure de Dio.
Et c'est à peu près tout ce que je retiens du scénario. Au final, les péripéties, "l'intrigue" ne servent quasiment à rien, si ce n'est à augmenter les capacités des deux héros à effectuer des sauts temporels. Tout ça pour une aventure qui aura lieu dans le jeu suivant.
Les motivations de Dio sont assez floues, c'est juste un clone qui a pour mission de faire échouer le plan de Zero (en plus, autant je l'adore en tant que méchant ridicule, autant je le trouve assez fade en tant que réel antagoniste). Sans parler d'Alice et Clover qui sont des figurantes !
Le jeu tente d'expliquer pourquoi chaque perso était présent mais bon c'est un peu poussif, à la limite j'aurais presque préféré une justification du genre "c'était un Nonary Game alors il fallait 9 personnes".
Enfin il y a quelques incohérences, par exemple avec l'utilisation du chat de Shrödinger. La personne dans l'armure de K et la mission de Dio diffèrent selon qu'on ai sauvé Akane ou non en passant par la salle Q, sauf que une seule route du jeu mène à cette salle, alors que les bombes sont présentes dans trois routes différentes, donc théoriquement deux d'entre elles ne devraient pas exister. Enfin bon je ne vais pas cracher là dessus, le même problème est présent dans 999 après tout.
Ah, et la toute dernière révélation avant le générique...

Franchement c'est juste IMPOSSIBLE que Sigma ne se soit pas rendu compte qu'il était Zero plus tôt. Il se retrouve quand même dans son corps de 45 ans plus tard, tout le monde le traite de pépé, sa voix a changé et il a un monocle à la place de l'oeil droit m'enfin bref.


Au final malgré ces défauts, je ne regrette pas d'avoir joué à Virtue's Last Reward, j'ai passé un très agréable moment, mais il ne me marque pas plus que ça malgré tout.
Il y a des scénarios comme Umineko, Xenogears, ou MGS2 (que j'ai fini assez récemment) que je trouve supérieurs et qui me font réfléchir un peu.
Quand je vois les critiques dithyrambiques qu'il se prend, avec des "surprenant, la true end défonce !", je vous avoue que je suis pas totalement d'accord.
J'achèterai quand même la suite, parce que ce serait con de s'arrêter là et parce que les bases sont déjà posées, Zero Time Dilemma (c'te titre badass) a donc toutes ses chances d'être une grosse tuerie, chose qui serait appréciable.
Malheureusement je crains qu'Uchikoshi ne nous ressorte une fois de plus le même scénario avec des twists vus et revus à la fin, je reste donc sur mes gardes.


Un peu plus de développement pour les quelques hipsters qui ont fait Ever17 (les autres, ne lisez surtout pas !) :


Bon évidemment après avoir fini le jeu, impossible de ne pas se rendre compte des similitudes entre les deux VN. Le coup du visage du héros caché, la maladie qui infecte tout le monde, la quatrième dimension, bla bla, il y a plein de trucs en commun qui sont en plus à mon sens assez bourrins dans VLR (j'ai trouvé certains passages très clichés en fait) alors qu'Ever17 était plus subtil. Et puis c'est largement plus énorme dans ce dernier quand même, on joue deux époques en même temps sans s'en rendre compte, les deux points de vue étaient super bien utilisés, et tout avait un sens (la manipulation du joueur qui voit toute l'histoire en croyant que tout se passe au même moment pour lier les deux époques entre elles et sauver Takeshi et Coco). Le pire c'est que c'était imprévisible sans être trop tiré par les cheveux (enfin le coup des 17 ans d'intervalle pour expliquer les incohérences entre les routes, sinon la conclusion part totalement dans le surnaturel mais inclut le joueur dans l'histoire, je pardonne du coup), VLR avec son utilisation bancale du chat de Shrödinger fait pâle figure, sans parler de la quasi-intégralité de la partie thriller du scénario (excellente, je le répète) qui ne sert à rien, au final on joue pour augmenter les capacités des deux héros, c'est tout. Ever17 avait au moins un scénario logique, bien que gâché par du SoL chiant. M'enfin je vais arrêter là sinon je vais finir par baisser la note alors que j'ai beaucoup apprécié ce jeu malgré tout.

YoshiBlade
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le 19 août 2015

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