Le 20 juin 2003 marque l’arrivée en Europe de Wario World sur GameCube, un tournant pour le personnage emblématique de Nintendo, car c'est son premier épisode solo sur une console de salon. Si Wario a toujours incarné l'antithèse cupide de Mario, ce jeu le place au cœur d'une aventure où l’avidité et la quête de trésors sont au premier plan.
Wario World a été développé par Treasure, un studio japonais réputé pour ses jeux d’action novateurs. Connu pour sa créativité dans la conception de gameplay, Treasure va insuffler à son jeu sur Wario une dimension dynamique et frénétique qui colle parfaitement à la personnalité exubérante et avare de la némésis de Mario.
Triomphant et suffisant, Wario savoure ses succès dans un château flambant neuf, véritable monument à sa gloire et à son avarice. Ce manoir n’est pas seulement une demeure, mais un coffre-fort géant, rempli de trésors amassés au cours de ses nombreuses aventures. Cependant, parmi ces merveilles scintillantes, un joyau noir se dresse, objet mystérieux et corrompu. Sa rébellion ne tarde pas : le joyau s’anime, et dans un éclat sombre, il détruit le château de Wario, renversant sa fortune en un clin d'œil. Pire encore, les trésors si précieusement gardés par Wario se transforment en monstres, trahissant leur ancien maître. Cette catastrophe marque le début de la quête de Wario pour récupérer son empire perdu. L’ironie est mordante : ce même désir insatiable de richesse qui l’a poussé à accumuler tous ces trésors est maintenant la cause de sa chute. Le château s’effondre en quatre mondes distincts, chacun imprégné des échos de sa richesse passée, et Wario doit maintenant se battre pour reconquérir ce qui lui appartient.
L’aventure commence dans un hub central qui représente ce qu’il reste du château dévasté de Wario, un symbole brisé de sa soif insatiable de trésors. De ce point de départ, quatre mondes distincts s’étendent devant lui, chacun représentant une part de sa fortune éparpillée. Chaque monde est divisé en deux niveaux, des terrains de chasse où Wario traque ses richesses volées tout en affrontant les monstres créés par le joyau noir. L'architecture de ces mondes reflète à la fois l'extravagance et l'éclectisme de Wario, avec des environnements variés qui vont des forêts maudites aux temples remplis de pièges, tous regorgeant de joyaux, d'or et de secrets.
Chaque monde se conclut par l’affrontement d’un boss, souvent une créature grotesque et surdimensionnée, symbole de l’inversion monstrueuse de la fortune de Wario. Ces boss, plus que de simples obstacles, incarnent l’ultime défi pour récupérer ce qui lui appartient. Pour Wario, ce n’est pas seulement une question de victoire, mais une lutte personnelle pour restaurer sa puissance et sa richesse. L’aventure, structurée autour de cette quête avide, met en scène sa fureur bouillonnante et son désir de tout reconquérir, morceau par morceau, trésor par trésor.
La durée de vie est relativement courte, estimée à environ 5 heures pour un joueur qui traverse simplement les niveaux sans s’attarder sur les détails. Pourtant, cette aventure brève est compensée par un système de collecte qui résonne parfaitement avec le thème central du jeu : la quête insatiable de trésors. Chaque niveau regorge de trésors cachés, des joyaux scintillants, des statues d’or, des elfes, et autres objets précieux, que Wario, véritable incarnation de l'avidité, doit absolument récupérer pour restaurer sa fortune. Ce besoin de ramasser chaque pièce et chaque artefact est comme une extension de sa personnalité : plus il en a, plus il en veut.
Les elfes ou lutins jouent un rôle plus important qu'il n'y paraît au premier abord. Non seulement ils sont des éléments à collecter dans chaque niveau, mais leur sauvetage influence également la conclusion de l’aventure. En effet, le nombre de lutins sauvés détermine directement la fin que le joueur obtiendra. Si Wario néglige de sauver suffisamment de lutins, il peut s'attendre à une fin où il est, d’une certaine manière, puni pour sa cupidité : malgré sa victoire sur le joyau noir, il ne récupère pas tout son château ou son trésor. À l’inverse, en libérant un maximum de ces lutins, la fin devient plus positive, récompensant Wario d'une restauration plus complète de ses richesses et de son château. Ce système pousse le joueur à explorer minutieusement chaque recoin du jeu, à la recherche de lutins emprisonnés, faisant écho à l'obsession de Wario pour ne rien laisser derrière lui.
Wario World brille par son gameplay hybride, offrant un savoureux mélange de beat’em all et de plateforme, une combinaison parfaite pour capturer l’esprit brutal et excentrique de Wario. D’un côté, le jeu repose sur des mécanismes de combat simples mais terriblement satisfaisants : Wario est une véritable force de la nature, capable de frapper, secouer, lancer et écraser ses ennemis avec une férocité qui reflète sa soif insatiable de récupérer ses trésors. Chaque rencontre avec des adversaires se transforme en une explosion d’action, où l'on peut enchaîner coups et prises pour détruire les hordes d'ennemis monstrueux. Le côté beat’em all du jeu est accentué par ces attaques exagérées, rappelant à quel point Wario se distingue par sa brutalité, loin de l’agilité de son rival Mario.
D’un autre côté, le jeu conserve l'essence des jeux de plateforme, avec des niveaux regorgeant de pièges, de secrets et de zones cachées. Wario doit sauter, escalader et traverser des environnements complexes, tout en récupérant des trésors disséminés dans chaque coin. Ce mélange équilibré entre combats intenses et exploration fait du jeu une expérience unique, fun et engageante. Le joueur alterne entre des moments d’action frénétique et des phases où il doit fouiller les niveaux avec attention, à la manière d’un chasseur de trésors avide. Cette dualité dans le gameplay reflète parfaitement l'univers du jeu, où la cupidité et la violence de Wario s’accordent pour offrir une aventure délirante et dynamique.
La collecte de trésors n’est pas seulement une question de satisfaction personnelle pour Wario, mais elle cache aussi des récompenses pour le joueur. Si celui-ci réussit à trouver tous les trésors d'une zone, il débloque des mini-jeux tirés de Wario Ware, Inc. : Minigame Mania sur Game Boy Advance. Grâce au câble reliant la GameCube à la Game Boy Advance, il est possible de transférer ces mini-jeux sur la console portable et d’y jouer séparément. Ces mini-jeux, typiques de la série Wario Ware, sont des épreuves rapides, loufoques et déjantées, qui capturent l’essence absurde et imprévisible de Wario.
Wario World sur GameCube est un jeu qui reflète parfaitement l’esprit exubérant et cupide de Wario. Mélangeant combats frénétiques de beat’em all et exploration propre aux jeux de plateforme, il offre une aventure aussi courte qu’intense, où chaque pièce d’or, trésor caché et lutin sauvé devient une obsession. Bien que la durée de vie soit relativement brève, l’aspect collection et la quête des trésors renforcent la rejouabilité, tandis que les mini-jeux Wario Ware apportent une récompense amusante pour les joueurs les plus méticuleux. Wario World est donc à l’image de son protagoniste : une expérience démesurée, brutale et centrée sur la richesse, où l’avidité et la luxure se transforment en moteur d’action. Ce premier épisode solo sur console de salon immortalise Wario dans un monde qui lui est propre, rempli de trésors scintillants et d’aventures aussi décalées que lui.