Le constat ne peut que s’avérer amer lorsqu’il est impossible de se souvenir du nom du personnage principal, à peine quelques jours après avoir vu défiler le générique de fin.
Le temps emporte inévitablement les souvenirs, mais de là à tout oublier en quelques jours, il y a comme une évidence à relever l’extrême fadeur de ce produit tellement aseptisé et inoffensif qu’il ne laisse rien au joueur. Symptomatique de la production Ubisoft, l’uniformité rend toute l’expérience extrêmement accessible d’abord, puis rapidement redondante et sans intérêt.
Second volet d’une licence déjà essoufflée, WD2 apporte avec lui pour seules nouveautés notables que deux joujoux qui permettent de s’infiltrer à distance, en les pilotant tout en restant en dehors des zones de danger. Ç’aurait pu être génial si Ubisoft avait travaillé son level design en conviant/défiant l’inventivité et l’audace du joueur. Dans les faits, il s’agit juste de poudre aux yeux puisque, au bout du compte, il faudra presque toujours s’infiltrer avec le héros dans la zone pour uploader/downloader un programme et clore la mission. En bref, après avoir fait du repérage avec les outils, ça se termine en affrontement.
Si San Francisco a permis aux développeurs quelques audaces visuelles, notamment sur la palette de couleurs pétantes retenues qui tranchent avec le gris du premier volet, le tout se révèle vite bien lisse et uniforme. Une fois le Golden Gate franchi, l’île d’Alcatraz visitée et une course poursuite dans les rues en pente « comme dans les films », brutalement interrompue en s’emplâtrant dans un tramway, la ville ne révèle pas beaucoup de surprises. La plus mauvaise est certainement la vulgarité hallucinante des habitants. Il est probable que la VF soit à mettre en cause, et non l’écriture originale, mais le langage retenu choque par son exagération.
L’IA est d’ailleurs d’une agressivité rare ; les passants invectivent le héros sans le moindre filtre au seul prétexte qu’il les a effleurés. Et il faut les voir sauter comme des abrutis pour se mettre à l’abri parce que vous conduisez un peu trop vite, alors que vous êtes bien sur la route et non sur le trottoir. Juste mettre le contact suffit parfois à les effrayer. Le pire reste les flics ou voyous qui tirent sans sommation dès lors que la limite de la zone interdite a été franchie. Autant le premier WD laissait un souvenir agréable de la vie dans la ville, autant tout dans le second rappelle qu’il s’agit d’un jeu vidéo. Conne à se bouffer les boules, la population de San Francisco est l’une des pires vue dans un jeu à gros budget ces dernières années.
Mais tout cela resterait acceptable si le scénario et les personnages étaient suffisamment développés pour donner au joueur l’envie de continuer. N’évitant pas l’écueil des clichés avec des antagonistes ridicules aux motivations prévisibles, le jeu peine à développer une intrigue captivante. La bande de potes du héros fait bien peine à voir et use d’ailleurs de méthodes bien peu morales pour des défenseurs du peuple et de la liberté. WD2 est un mauvais jeu, quoi que vous entendiez à son propos. Quelques quêtes et easter eggs arrachent un sourire de temps à autre, mais cela n’a rien de fréquent.
Élément important dans ce genre de jeux, le choix des morceaux de l’OST n’est pas particulièrement pertinent. Les quelques features ajoutées de type courses de kart/voilier/drone ne rendent pas l’aventure plus pertinente.
Le premier était décevant, notamment pour sa réalisation revue à la baisse entre la première présentation et le produit final, mais il offrait au moins une aventure prenante. Celui-ci n’est pas meilleur, il a même sacrément régressé.
Vous ne perdez rien à passer votre tour.