Pour apprécier ce jeu, il me semble nécessaire de comprendre que Chimera Squad est un projet ‘annexe’, proposé à bas prix (même si tous les Xcom sont bons marchés de nos jours). Approcher cet opus comme une suite de Xcom 2 ne peut qu’inviter à la déception.
Pour ce spinoff, Chimera Squad ne brise pas la formule des Xcom mais joue suffisamment avec ses principes pour proposer une expérience unique.
Nous incarnons ici une force policière spéciale, composée d’aliens et d’humains, plutôt qu’une force terrienne en guerre contre des extra-terrestres. En poursuivant la continuité des derniers Xcom, nous pouvons profiter d’une vue rafraichissante, en côtoyant une société cosmopolite, remplie de mutons ou sectoïdes qui vivent comme n’importe quel civil, en plus de nous laisser la possibilité de suffoquer nos ennemis via une étreinte reptilienne.
A la tête de Chimera Squad, nous sommes invités à mener de nombreuses opérations au rythme soutenu. Directement plongés dans le combat, en omettant les phases d’approches, les missions se veulent plus courtes et nerveuses. Le fonctionnement du tour par tour a été remanié, par une alternance entre personnages ennemis-alliés fluide, et influençable. Le système d’actions quant à lui a été préservé mais les nombreuses possibilités d’actions bonus, souvent procurés par les équipements/gadgets disponibles, rendent dans l’ensemble les combats moins rigides qu’auparavant.
Les objectifs de missions ne diffèrent pas vraiment de ce qu’on a l’habitude voir (escorte, nettoyage, activation d’un objectif), et il faut avouer qu’on en aura vite fait le tour. Chacune d’entre-elles possèdent une nouvelle mécanique commune pour chacune de ses phases : l’entrée en brèche. Très réussie dans sa présentation et sa richesse tactique, il est difficile de se lasser de cette nouveauté malgré son caractère lui aussi répétitif.
La plus grande différence d’approche reste l’utilisation de personnages prédéfinis pour les agents que l’on contrôle, plutôt que nous laisser la possibilité de personnaliser nos soldats et de leur donner nous-même une importance au risque de les voir mourir (ici la mort d’un agent provoque un game-over). Pour tout fan de Xcom, une telle aberration équivaut à la perte de ce qui fait l’essence même de la franchise depuis les années 90. Les mérites de cette déviation restent évidentes puisque chaque personnage offre un gameplay unique très fun à maîtriser. Apprendre et maîtriser les différents combos au fil des promotions, découvrir les synergies entre équipiers, et arriver à contrôler les champs de bataille, suffisamment pour avoir le luxe d’assommer les unités hostiles plutôt que les tuer (pour un bonus de ressource), s’avère extrêmement plaisant dans Chimera Squad. Ajouté à ça le fait que vous ne pourrez pas recruter tous les membres possibles en une seule campagne et il y a là un prétexte convaincant pour réessayer plus tard le jeu sous un nouvel angle.
Il y a tout de mêmes quelques défauts notables autour des personnages disponibles. Même s’il y a des efforts pour donner à tous une utilité et/ou une puissance de feu redoutable, certains paraissent plus pétés (pour moi, Claymore) ou tout simplement plus indispensables que d’autres (Terminal comme seul medic). En outre, la personnalité des agents n’est pas très convaincante, souvent trop basique malgré quelques concepts intéressants comme Verge. Le doublage (anglais) n’aide pas non plus, et l’on ressent bien que les personnes derrières leur micro ne savent pas vraiment dans quel situation ils se trouvent. Bref, l’équipe pourtant colorée tombe à plat et on jouera ses membres bien plus pour leur gameplay que pour leur répartie.
En conclusion, on sent bien que l’équipe de Firaxis a profité de ce projet pour expérimenter et apporter des innovations, avec un succès variés. Certaines implantations se font sans reproches, comme les percées, tandis qu’on saluera d’autres pour leur amélioration de gameplay. Cependant, il y a aussi un recul stratégique fort dommageable, et clairement, il y a beaucoup de marges d’améliorations possibles à apporter pour de nombreux aspects (comme la gestion de base). L’un dans l’autre, j’ai tout de même beaucoup aimé Chimera Squad et je suis certain de le ressayer même après 20 heures de jeu, en plus d’être optimiste quant au futur de la franchise.