Le Grand retour de l'extension PC à l'ancienne.
XCOM : Enemy Unknown, c'était un peu le jeu que j'attendais pas trop, que j'ai acheté sans grande conviction, peu convaincu par son univers clairement générique, et les trois ennemis du début du jeu que j'ai vu, suffisamment peu charismatiques pour nous forcer à nous demander si le jeu se prenait au sérieux ou pas. Mais une fois que je l'avais pris en main, je ne l'ai plus lâché. J'ai enchaîné les parties peu fructueuses jusqu'à comprendre la mécanique globale du bousin, ce qui faisait qu'une partie allait s'inscrire dans la durée, ou lamentablement se ramasser à la première mission qui en a un peu dans le pantalon... Au bout de trois ou quatre parties décidées à finir dans le mur, ça y est, j'en tenais une bien. J'avais réussi à exploser la première base cachée des aliens avant l'apparition des mutons, j'avais mon premier colonel, une couverture satellite plus qu'honorable, l'armure Titan était pas loin d'arriver... J'avance, j'avance, jusqu'à cette mission d'attaque de vaisseau Alien, Où un joli combo bug de camera/pathfinding (le jeu était assez réputé pour ça, de surcroît : plus la partie avançait, plus on était confronté à des bugs pour le moins gênants), de fail overwatch et de coup de poisse a signé l'arrêt de mort de mes trois grosses brutes, dont mon Chosen One. Après avoir alt+f4, ragé comme un porc, et réalisé que ma partie était foutue, j'ai désinstallé le jeu. Voilà mon historique avec XCOM : Enemy Unknown. Alors oui, cette introduction est longue, mais c'est pour décrire à toi, cher lecteur, la nature de ma relation avec ce jeu : Viscérale, pleine d'affection, de bons souvenirs et de moments de joie, mais qui s'est terminée à cause d'un très mauvais moment, qui a tout foutu en l'air.
Ouais, voilà, en fait, XCOM : Enemy Within, c'est clairement la nana qu'on se tapait régulièrement fut un temps, et qu'on a laissé tomber à cause d'une dispute débile, et qu'on oublie, jusqu'au jour où elle cherche à reprendre contact, en annonçant qu'elle a du temps à tuer. Les bons souvenirs reprennent le dessus, le reste passe à la trappe, et on accepte directement. Sans sourciller.
Bon... Voilà voilà, tout ça pour dire que quand même, Enemy Within, je l'attendais pas mal.
Donc oui, Enemy Within, c'est un add-on pour XCOM : Enemy Unknown, qui ajoute plein de contenu tous azimuts, et qui ne s'arrête pas là, en proposant carrément une refonte complète du jeu (rien que ça !).
Cette extension donne en effet au XCOM de nouveaux joujoux et de nouveaux moyens de booster ses soldats qui font fort plaisir. On retiendra surtout la possibilité de transformer ses soldats en mécha pur et dur (les méchas sont une classe à part, en fait), avec des avantages pour le moins non-négligeables, notamment une augmentation drastique du nombre de points de vie, les "pioupious" de notre piétaille remplacés par des armes au gabarit tout de suite plus respectables, un skilltree de la classe Mécha pas très grand, mais complètement craqué, le tout, néanmoins, au détriment de la perte de la capacité à jouir du système de couverture. Contrepartie dans l'absolu assez mineure, au vu des avantages conférés complètement abusés. Néanmoins, comme on s'en doute assez facilement, une team de full mechas n'étant pas possible (pour des questions de coûts, et aussi de manque de possibilités techniques... On aura définitivement toujours besoin de nos bons vieux snipers, décidément), Firaxis nous a aussi donné de quoi gonfler nos soldats qui ont décidé de ne (pas trop) renier leur humanité.
L'autre grosse nouveauté de cette extension est la possibilité de modifier génétiquement nos petits bonshommes, tels des OGM. On se permettra ainsi d'en faire des professionnels du saut en hauteur, capables de grimper au sommet des immeubles d'un simple saut, de résister aux attaques mentales, ou d'augmenter ses chances de survie après avoir pris une saucée de pruneaux au plasma ramenant nos points de vie à zéro. On dispose de quatre organes à modifier, chacun avec deux améliorations possibles (le choix de l'une excluant l'autre, comme n'importe quelle amélioration due à un level up), ce qui permet de bonnes combinaisons, bien que dans l'absolu, ces possibilités sont dans l'ensemble moins marquantes que la transformation, car certaines sont un peu redondantes avec ce qui était déjà présent dans le jeu de base, voire assez peu spectaculaires et trop facilement résumables à un "boost chiffré" (modification des yeux permettant une visée plus efficace, mouais).
Alors oui, si l'on rajoute à ça un nouveau Bazooka, pas mal de nouvelles grenades, deux ou trois accessoires par ci par là pas piqués des hannetons, et une modification de certains des talents à prendre lorsqu'on level up, on se dit que le jeu va se faire complètement déséquilibré, mais que nenni, car les Aliens ne sont pas forcément en reste. Ils disposent notamment de deux nouvelles unités, un mecha embarquant un sectoïde (Très intelligemment appelé le Mechtoïd), nouvelle force de frappe assez brutale à mettre au niveau du cyberdisque, et qui jouira d'un bouclier particulièrement fatiguant à faire sauter pour peu qu'un de ses petits potes n'ayant pas eu la chance de se trouver une armure rien qu'à lui, se décide à lui donner un petit coup de pouce, qui, non content d'encaisser des dégâts, les réduira drastiquement. On a aussi le Seeker, espèce de bestiole sacrément dégueulasse ayant la capacité de se rendre invisible et de surgir au moment le plus crucial pour immobiliser un de nos soldats (et le tuer, accessoirement, si rien n'est fait dans les plus brefs délais). Ce seeker, assez anecdotique en apparence (il se fait tuer quasi-systématiquement en un coup dès que l'on débloque les armes lasers), lors de nos premières rencontres, s'avère être la preuve que Firaxis a pris conscience des écueils dans lesquels on tombait assez facilement lorsqu'on jouait au jeu de base, mais j'y reviendrai un peu plus tard.
L'extension ne portant pas son nom pour rien, on découvrira assez vite que l'ennemi n'est pas forcément venu d'ailleurs. l'EXALT, organisation secrète antagoniste à l'XCOM, a bien l'intention de vous mettre des bâtons dans les roues afin de réaliser ses (forcément noirs) desseins. Etant donné que l'EXALT est une autre faction humaine, ils auront donc une progression parallèle à la notre, et des archétypes de personnages comparables à ceux de notre bonne vieille organisation mondiale. Donc je vous arrête tout de suite : Oui, il va y avoir du lance-roquettes, du sniper qui fait des tirs dégueulasses, et même à terme, des mechas. Autant dire, ça ne va pas déconner, et bien que la philosophie ne change pas fondamentalement par rapport aux combats contre les aliens (en gros, à part les lance-roquettes, le reste est peu ou prou comparable), certaines habitudes vont devoir changer, sous peine d'être payées très chères. Les missions de l'EXALT sont toutes plus ou moins scénarisées, avec des objectifs qui vont voir plus loin que simplement rayer de la carte toute présence hostile. Points à défendre et autres positions à atteindre dans un certain ordre avant de battre en retraite seront de la partie, donnant une certaine originalité à l'ensemble, fort bienvenue dans un jeu qui, auparavant, ne se divisait qu'en deux ou trois types de missions différentes. Les missions de l'EXALT étant faites plus ou moins en même temps que celles nous confrontant aux aliens, on se rend compte assez vite que la fréquence des missions va relativement augmenter, ce qui va renforcer le turnover dans notre équipe. Or, comme chacun sait, les rookies, c'est le mal. Mais encore, vous n'êtes pas au bout de vos peines...
Arrivé à ce stade, on pourrait se dire que voilà, c'est bon, l'extension a rajouté son contingent de nouveaux trucs, et que ça pourrait s'arrêter là, mais NON. Comme je vous l'ai dit précédemment, Enemy Within est un véritable Add-on, et pas juste un rajout de contenu bête et méchant. Ainsi, Firaxis a jugé intelligent (à raison) de rajouter une nouvelle ressource, nécessaire afin de profiter des nouvelles améliorations (à savoir, les mechas et les modifications génétiques), et donc, de garder à niveau notre escouade, face aux ennemis qui n'ont manifestement aucun souci de collecte de ressources : Le MELD.
Wouhou, une nouvelle ressource. Et bien, qu'est ce que ça change ? Tout, en fait. Le MELD, contrairement à l'élérium, à l'Alliage, et caetera, ne se récupère pas bêtement à la fin de la mission : Il se récupère dans des containers (deux par mission) un peu planqués sur la map. Et ces containers ont la fâcheuse tendance à s'auto-détruire au bout d'un certain nombre de tours. Youpidou.
Concrètement, là où XCOM : Enemy Unknown était un jeu grandement basé sur l'attentisme, dû à la peur de perdre un soldat sur une action malencontreuse, où le dash était complètement proscrit, et où la tentation de faire avancer nos bonshommes un par un, un par tour, en bourrant l'overwatch avec les autres était très grande, Enemy Within arrive à détricoter tout ça, et ne nous laisse absolument pas le choix : ne pas prendre de risques pour récupérer le MELD, c'est s'exposer à prendre un retard dans l'évolution de nos soldats, mais prendre des risques, c'est s'assurer que nos soldats vont forcément se faire toucher dans l'histoire (ce qui va les blesser, et nous mettre encore plus dans la panade, vu que, comme dit précédemment, la fréquence des missions est légèrement revue à la hausse). Ces mêmes risques qui, dans Enemy Within, se retrouvent complètement exacerbés, grâce, surtout, à l'ajout des seekers dans le bestiaire, qui pousse encore plus à la patience, histoire d'attendre que ceux que l'on a vu se rendre invisibles au tour précédent surgissent et se prennent leur bastos dans la poire. Et nous touchons ici au sublime de cette extension : La fourchette des prises de risques susceptibles d'être bénéfiques est réduite au strict minimum, et le jeu ne récompensera que ceux qui ont réussi à en prendre JUSTE ce qu'il fallait. Trop peu, et vous finirez largué par des ennemis à la vitesse de progression assez effarante ; trop, et vous mourrez, sans autre forme de procès. La passivité en attendant que les pauvres bougres d'aliens à l'IA pas forcément toujours transcendante s'empalent sur vos overwatchs ne paye définitivement plus.
On notera aussi l'ajout au passage de plusieurs dizaines de maps, afin que la sensation de redondance soit franchement atténuée, des missions du conseil foncièrement plus originales (fini les missions où l'on casse du thin man à tire larigot !), et des options "Second Wave" un poil plus nombreuses (bien que je ne sois définitivement pas fan de celle qui crée un skilltree en partie aléatoire), et c'est la cerise sur le gâteau.
En gros, XCOM : Enemy Within, c'est l'exemple type de ce que devrait être quelque chose qui se fait appeler "extension", avec de l'ajout de contenu, et une façon fondamentalement différente de jouer, comblant les écueils du jeu de base. Si je peux me permettre de faire le parallèle (assez capillotracté, j'en conviens) avec Starcraft 2, où la quasi-totalité des gens que je connais et qui ont acheté l'extension n'ont pas pu s'empêcher de voir dans les nouvelles unités une espèce de plaie avec laquelle il allait falloir négocier, et tenter tant bien que mal de les intégrer dans nos stratégies, Firaxis offre ici une extension pour son jeu clairement destinée à nous donner des gros joujoux rigolos qui font du bruit, sans pour autant que ce soit la fête du slip, très loin s'en faut, et en poussant le concept du jeu à son paroxysme.
Définitivement, Enemy Within, c'est la nana qu'on a perdu de vue, et qui revient, plus fascinante et attirante que jamais.