Xenoblade Chronicles X c’était un peu le sauveur qu’on attendait pour la Wii U. Un RPG qui prend place dans un open world monstrueux, le tout encadré par un univers entre le space-opéra et le post-apo. Et bien sûr, l’homme derrière tout ça, c’est Tetsuya Takahashi, aka Monsieur (avec un grand M) Xenogears, Xenosaga, et Xenoblade. En gros on a quelqu’un qui s’y connaît bien, et qui nous présente ici un tout nouvel épisode, avec comme toujours des thématiques qui reviennent. L’espace, les dieux, la technologie, les aliens et les robots. Et comme (presque ?) à chaque fois, on se retrouve au milieu d’une aventure monstrueusement bien foutue. Bon évidemment ça s’adresse à un public bien précis, et ce sera certainement pas un system seller, mais c’est le genre de perle qui permet de ne pas regretter l’achat de la console.
Ce qu’il faut à tout prix éviter, c’est de se lancer dans Xenoblade Chronicles X en s’attendant à une suite de Xenoblade Chronicles. En effet, le nom du jeu peut induire en erreur, mais voyez Xenoblade Chronicles comme le premier épisode d’une saga à la Final Fantasy ; On reprend des idées communes, certaines parties de l’univers et on fait quelque chose de tout nouveau. Nombreuses sont les références à l’opus précédent, mais ne pas y avoir joué n’est en aucun cas pénalisant. À part peut-être au niveau des combats, qui gardent la même base pour le gameplay, mais en bien plus nerveux (grâce au système d’arme blanche/arme à distance et surtout des SKELLS) et bien plus poussé. D’ailleurs si le gameplay vous repoussait totalement dans Xenoblade Chronicles ça risque d’être la même chose ici. Si vous avez réussi à passer outre, vous risquez d’apprécier celui-ci, et si vous avez aimé, vous aimerez encore plus maintenant. Autrement, l’histoire est différente, et même l’ost et la direction artistique n’ont rien à voir. Mais on en parlera plus tard. Bref, si vous attendiez un Xenoblade Chronicles 2 vous êtes au mauvais endroit, et c’est l’erreur qu’auront fait beaucoup (trop) de joueurs. C’est une ambiance différente, une écriture différente et un monde différent.
La fin du monde
La terre a été détruite. Le Ganglion, une armée d’aliens aux intentions pas cool ont plus ou moins tué tout le monde. Le gouvernement a mis en place une solution rapide, rassembler les humains qui seront les plus utiles dans des vaisseaux qui quitteront la terre tant que c’est possible. Scientifiques, politiques, mais surtout militaires. Au final, un seul vaisseau, la Grande Blanche, réussira à atterrir sur Mira, planète totalement inconnue et surtout totalement hostile. Au programme, dinosaures géants mais pacifiques, mais blattes qui veulent votre peau. Crabes plutôt chills mais poissons volants tueurs. Et lorsque vous vous réveillerez, après une séquence de personnalisation du protagoniste, vous serez direct dans le bain. Par chance c’est Elma, une militaire haut-gradée qui sait comment se battre qui vous sort de votre sommeil… au milieu de la forêt. Vous aurez tout de suite de quoi vous familiariser avec les bases du système de combat. Si vous avez joué à l’opus précédent, vous aurez pas trop de problème à comprendre les nouvelles subtilités, autrement vous remercierez le manuel électronique du jeu qui est super bien foutu. Le premier constat c’est qu’on a deux armes différentes, une arme à feu et une arme blanche. Savoir switcher les deux et se servir d’elles aux bons moments sera la clé de la victoire. Gérer les buffs et débuffs aussi, mais c’est limite secondaire quand on sait qu’un bon combo peut virer la moitié de la vie d’un boss. Et tant qu’on est dans le gameplay, autant parler des Skells. C’est certainement ce qui a hypé tout le monde avant même la sortie du jeu. Vos super mechas de la mort qui volent arrivent plutôt tard dans le jeu, et pourront voler encore plus tard.
Cela dit les combats sont totalement changés une fois qu’ils sont à vos côtés. Vous avez la possibilité d’en sortir et d’y retourner en plein combat sans limite, leurs coups sont dévastateurs (Une des armes permet de 2-shot le boss de fin, je n’exagère pas) mais comme toutes les bonnes choses ont une fin, ils ont besoin de carburant. Chaque coup utilisera une quantité donnée d’essence (gasoil, kérosène, j’en sais rien mais ça marche bien) pour être utilisé. D’ailleurs le vol aussi consomme de l’essence. Du coup entre votre mecha adoré totalement personnalisable, votre arsenal propre à la classe que vous choisirez (Sniper ou plutôt canon laser ? Couteau ou plutôt claymore ?) et vos alliés, les combats sont rapides et souvent intenses. D’ailleurs les boss sont rarement simples, et si ça vous suffit pas, tous les monstres uniques sont un petit challenge toujours fun à relever. Mais si un boss de l’histoire vous pose trop de problème, le jeu finira par vous proposer de baisser la difficulté pour ce combat en particulier, ce qui peut être bienvenu selon votre niveau. Bref, histoire de ne pas vous gâcher la découverte, je finirais juste sur ceci : Une fois arrivé en ville, vous intégrerez le BLADE, et pourrez commencer à accepter des missions et surtout à partir à la recherche des morceaux de la Grande Blanche qui ont été perdus lors de l’atterrissage, tout en explorant un territoire qui vous est totalement inconnu.
Le scénario est beaucoup moins présent qu’avant, et l’histoire est ici divisée en chapitres que vous déclencherez quand vous serez prêts. Une fois les conditions requises (Telle mission terminée, tel pourcentage d’exploration atteint) vous pourrez avancer dans l’histoire, ou continuer à faire des quêtes annexes, c’est à vous de voir. Une fois un chapitre commencé impossible de revenir en arrière donc il faut faire le bon choix. En lui même le scénario se laisse suivre et apporte souvent plus de questions que de réponses, mais ça a son charme, et au final ça amène à discuter avec les autres joueurs de façon intense. Et même si il n’y a à priori pas de lien direct avec Xenoblade Chronicles, les références ne manquent pas, et on trouvera ici et là divers éléments qui nous rappelleront notre aventure sur Bionis et Mékonis. Cela dit, alors que dans Xenoblade Chronicles l’aventure avançait constamment elle est ici souvent mise de côté pour privilégier les nombreuses quêtes annexes. Mais le bon côté des choses c’est que contrairement à son grand frère, Xenoblade Chronicles X a le mérite d’avoir scénarisé une bonne partie des quêtes pour développer énormément de personnages sans tomber dans le cliché. Du coup c’est plus subtil, mais ça n’en reste que plus appréciable. Et c’est tout autant de personnages que vous pourrez recruter dans votre équipe d’explorateurs. Au final l’évolution du jeu est vachement agréable de ce côté et on se surprendra à passer des heures à parler avec les PNJ ou à faire des quêtes à la con pour leur faire plaisir.
D’ailleurs vu qu’on parle des quêtes à la con, c’est clairement ce qui fait la durée de vie du jeu. et putain y’a de quoi faire. Ca reste du “tue tel monstre, cherche tel matériau, va parler à tel pélo” mais j’ai trouvé ça moins prise de tête, en particulier grâce aux Skell qui sont ultra rapides et au… voyage rapide justement, qui est super bien foutu. En gros vous posez des sondes dans le jeu et grâce à l’écran tactile vous pouvez choisir où vous téléporter une fois les zones découvertes et les sondes posées. Ce qui pousse d’ailleurs à toujours explorer plus. L’histoire en elle même est de ce fait assez courte mais elle marche bien parce que elle a ses moments intenses et ses questions constantes.
On arrive à la fin sans vraiment s’y attendre mais on regrette pas parce qu’on a encore tellement à faire. À titre indicatif, j’ai fini l’aventure principale en 80 heures, j’étais niveau 55 et énormément de monstres autour du niveau 90 sont présents. Le jeu possède d’ailleurs un mode multijoueur pour faire des quêtes à plusieurs au cas où vous en avez toujours pas assez, ce dernier est assez basique et plutôt anecdotique mais il permet de gagner des matériaux rares et de se faire des mini clans en ligne pour rafler des récompenses, du coup ça reste un ajout plus qu’appréciable.
Un beau jeu.
Du côté des graphismes, n’oublions pas qu’on est sur une Wii U. Du coup difficile de faire du jeu une oeuvre d’art. Néanmoins, grâce à l’utilisation des data packs téléchargeables sur l’e-shop et d’une direction artistique géniale, on a un jeu plutôt joli qui tient solidement ses 30 fps (Sauf à la fin du jeu où ils ont du laisser tomber et où ça part vraiment en vrille niveau fluidité) tout en nous faisant profiter de paysages souvent sublimes, de monstres souvent énormes, et surtout d’un monde totalement ouvert sans écran de chargement (sauf en cas de voyage rapide) entre les régions. Au niveau du chara-design c’est plutôt perturbant pour certains personnages qui passent bien mieux en dessin qu’une fois modélisés en 3D, mais pour votre personnage y’a moyen de faire quelque chose de correct. D’ailleurs le jeu vous permet de choisir votre armure principale, mais aussi l’armure qui apparaît sur votre personnage. Du coup même si votre meilleure armure est ultra moche vous pourrez habiller vos personnages comme vous le sentez, et c’est vachement cool.
Et maintenant je peux passer à un des points qui me tient toujours bien trop à coeur dans un jeu vidéo, l’ost.
Beaucoup ont râlé sur la bande son du jeu qui n’a absolument rien à voir avec celle de Xenoblade Chronicles qui se voulait très rock bien nerveux et instrumental léger. Ici c’est Hiroyuki Sawano, le papa de la bande son d’animes comme Kill la Kill ou Shingeki no Kyojin pour les plus populaires, qui s’occupe de la partie musique du jeu. Du coup on se retrouve avec beaucoup de vocal, quelques pistes avec un semblant de rap qui semble en agacer bien trop, pas mal d’allemand incompréhensible (même pour les allemands) mais on se retrouve surtout avec une ambiance épique constante, que ce soit en combattant un dinosaure géant ou une blatte. Et de ce côté là c’est plus que réussi, car en dehors d’un mixage son douteux lors de certaines cinématiques, la musique seule arrive à créer une ambiance de folie qui colle toujours aux évènements. Et vu que c’est Monsieur (avec un grand M) Hiroyuki Sawano, on a pas mal de styles différents dans le même morceau pour un résultat absolument génial. Après c’est très très subjectif de ce côté là et à lire les joueurs qui ont découvert le jeu en même temps que moi, tout le monde n’est pas d’accord. Mais ça ne m’empêche pas de partager une piste que j’adore.
Wir Fliegen
Grand dans tous les sens du terme.
Ça ne fait aucun doute, Xenoblade Chronicles X est un grand jeu. Son gameplay permet énormément de tactiques lors des combats, son monde ouvert est parfait pour chill que ce soit en volant ou à pied, et une fois dedans on a du mal à s’arrêter. Néanmoins l’histoire laisse un peu trop le joueur interpréter les évènements comme il le sent (surtout à la fin) et au final on se pose beaucoup trop de questions. Ça n’empêche pas le jeu d’avoir été très agréable à suivre, et l’envie de faire les quêtes annexes restantes (c’est à dire : BEAUCOUP) n’en est que plus présente pour restituer toute l’histoire le plus possible, pièce par pièce. On en apprend plus sur tel personnage, sur sa famille et sur ce qui l’a poussé à rejoindre l’équipage de la Grande Blanche. On peut aussi participer à l’évolution des usines d’armes en les fournissant en matériaux pour qu’elles se mettent à fabriquer plus de produits, ou on peut tout simplement se balader en ville en faisant du parkour parce que c’est fun. Parce que fun c’est vraiment le mot qui m’est le plus venu en tête en jouant à ce jeu. J’ai adoré m’envoler dans mon robot géant, j’ai adoré me faire courser par des monstres qui avaient 60 niveaux de plus que moi pendant un quart d’heure, et j’ai adoré écouter les dialogues entre les personnages pendant tout le jeu. On déplorera juste le protagoniste muet (sauf en combat, vous pourrez choisir un voice actor lors de la personnalisation du protag au début) qui empêche de s’attacher à lui, même si ça permet également de s’impliquer un peu plus, étant donné les nombreux choix que vous pourrez faire dans le jeu. Certains n’auront aucune conséquence, mais d’autres pourront tuer des PNJ, faites donc attention à ce que vous dites.
Au final, aucun regret, le jeu est bon et a été surprenant sur énormément de points, j’ai pas été conquis comme à l’époque de son prédécesseur, mais c’est aussi dû au fait qu’entre temps j’ai fait beaucoup d’autres jeux. Mais il va sans dire que c’est un meilleur jeu sur pas mal d'aspects. Quelques défauts, en particulier au niveau du scénario ont plombé certains moments, mais c’était plutôt rare, au moins aussi rare que les jeux qui m’auront poussé à jouer plus de 80 heures en une dizaine de jours. Du coup si vous avez une Wii U et que vous aimez les RPGs il va sans dire que c’est déjà un incontournable.