La démesure, le souffle épique ... et parfois du vent


Première critique du 26 Février 2016



Pour cette critique (dans sa première version), je triche un peu car je l'écris alors que je n'ai passé sur Xenoblade Chronicles X que 15-16 heures. Une durée limitée au regard du potentiel du jeu en la matière. Néanmoins, je suis arrivé à un point dans mon analyse et mon ressenti par rapport à ce jeu que je voulais partager sur notre site favori.


XCX est un jeu marquant ! Un titre qui fera date dans l'histoire du jeu vidéo (peut-être) et en tout cas du RPG (surement). Un jeu qui, à défaut d'être meilleur, pose beaucoup plus de questions sur ce qu'est et ce que doit être un RPG en 2016. Un jeu tellement marquant que je pense changer dans ma liste ad hoc le jeu qui représente le plus cette année 2015.


Pourtant, malgré ce discours très emporté, je ne porte pas Xenoblade Chronicles X aux nues. Car ce titre est atteint d'une malédiction terrible et dévastatrice, qui fait que pour chaque élément de sa grandeur, il y a une contre-partie bien chère à payer.


Le premier aspect que l'on ressent en jouant à XCX, c'est la démesure. Le pitch du jeu est maintenant bien connu : pris en sandwich dans une guerre entre peuples extra-terrestres, l'Humanité a perdu sa Terre natale et a été contrainte de fuir dans l'espace à la recherche d'une nouvelle planète d'accueil. Une des dernières arches issues de cette expédition va trouver cette planète : Mira, qui va donc devenir notre nouvelle maison.


Quand on démarre XCX, il vaut mieux savoir une chose, que j'avais personnellement plutôt bien intégré avant de me lancer dans l'aventure à force de lire certaines review et critique. A l'inverse de son aîné Xenoblade Chronicles qui constituait une synthèse ambitieuse de ce qu'est le J-RPG, XCX se situe dans une démarche inverse, de re-définition de ce que peut être le J-RPG. L'angle d'attaque du jeu, ce n'est pas vraiment l'incarnation d'une équipe prête à vivre une aventure structurée, mais bien une logique de colonisation d'un monde nouveau, inconnu, splendide et dangereux.


C'est dans cette logique que démarre la démesure. Xenoblade Chronicles X nous livre un monde riche et luxuriant à découvrir, à parcourir, à explorer. A craindre également, tellement il est rempli d'une faune et d'une flore bien présente mais représentant un vecteur de mort continu pour votre équipée. L'aventure de XCX, c'est avant tout d'arpenter des espaces, de découvrir de nouvelles régions, des bases reculées, des lieux préservés, d'en acquérir la connaissance, la maîtrise et l'exploitation à travers le système de sondes à poser en des lieux stratégiques. En cela, XCX pose de manière assez sérieuse la thématique de l'impact environnemental de l'homme, de sa démarche d’appropriation, de colonisation et de domestication du monde qui l'entoure.


Sauf que l'aventure est bien mal structurée d'un point de vue ludique. Car n'oublions pas que nous sommes dans un jeu vidéo. Et que le jeu vidéo ne peut pas tenter de se rapprocher au mieux des conditions de simulation du concept au coeur de son gameplay sans garder une composante ludique forte à défaut d'être essentielle. Et dans la déclinaison de ce grand et ambitieux concept d'exploration au coeur de son gameplay, XCX se rapproche parfois plus de la lourdeur que du plaisir de jeu.


La faute tout d'abord au système d'avancée de l'aventure, basé sur des missions assez comparables à ce qu'on pourrait trouver dans un MMO-RPG. Quelques quêtes structurent - de façon bien faible - l'aventure principale au sein d'un ensemble de quêtes bien plus vastes. Quêtes "normales", quêtes d'entente (sans doute les plus intéressantes dans leur contenu, mais pas dans leur déroulement ni dans leur écriture), quêtes de prime, quêtes de collecte, sans oublier le contenu en ligne qui rajoute une couche au mille feuille. D'un côté, le contenu est gigantesque, à la hauteur du gigantisme du monde à explorer, mais finalement le discours se trouve dilué comme une goutte de sirop à la grenadine au sein de l'Océan Atlantique. Et comme évoqué un peu avant, l'écriture et surtout la mise en scène de ces différentes quêtes sont vraiment à la traine.


Il y a aussi l'interface et la structuration du gameplay de XCX qui posent problème. La aussi, à l'origine du mal, il y a l'ambition de fournir un contenu démentiel permettant au joueur de choisir, à défaut d'une stratégie, sa propre façon d'appréhender le jeu. Entre les classes, les divisions, les arts, les membres potentiels de votre équipes, l'équipement, la personnalisation de l'équipement, les entreprises à faire grandir à coup de subvention pour obtenir plus d'équipement, les inserts, le suivi des quêtes, l'évolution de votre personnage qui n'est pas géré intégralement de façon automatique, et cette putain de ville de New LA qui est tout sauf agréable à arpenter, on se sent comme une toute petite fourmi au coeur de Central Park : UN PEU POMME !!!


Et quelque part, c'est logique, puisque le concept du jeu c'est de nous mettre un peu brutalement au coeur d'un monde gigantesque et inconnu, mais là encore, c'est l'articulation avec la dimension ludique qui fait un peu défaut.


Et certaines lourdeurs sont impardonnables, comme celle qui consiste à ne pas pouvoir intégrer automatiquement dans son équipe les membres dont on a besoin. Il faut nécessairement se rendre à l'endroit où zone habituellement le membre concerné. Au bon endroit, à la bonne heure. Et sachant que nombre de missions du jeu nécessiteront d'avoir une équipes un peu pré-construite, on se dit "What the Fuck !!!!".


Et pourtant, malgré tout, Xenoblade Chronicles reste un jeu fascinant et passionnant. Car au final, découvrir ce vaste et merveilleux monde reste un vecteur incroyablement motivant. Et même le farming, qui m’exaspère sur le principe, n'est finalement pas si désagréable à mettre en oeuvre. Et il le serait d'autant moins si les conséquences positives n'étaient pas si longues et complexes à obtenir.


A la relecture de cette critique, je m'aperçois que j'ai peu parlé de certains aspects du titre, mais c'est parce que je les trouve un peu secondaires par rapport au centre de mon propos. Il en va ainsi du système de combat, très inspiré de celui de Xenoblade Chronicles, finalement plutôt fluide et sympa, même si - là encore - certaines lourdeurs insupportables persistent, comme celle du menu de combat (pour l'utilisation des items ou les directives à votre équipe) dont l'utilisation relève de l'acrobatie tant son interface est mal foutu. J'évoquerai également ici l'OST du jeu qui a beaucoup fait parlé d'elle. J'avoue avoir un peu de mal à comprendre pourquoi. Certes elle est éclectique et très variée dans son contenu, mais rien de bien choquant pour ma part ...


Xenoblade Chronicles est définitivement dans mon esprit un des jeux les plus ambitieux de ces dernières années. Un des plus innovants également. Une sorte de poussée en avant assez magistrale de ce que peut offrir le jeu vidéo. Mais - comme évoqué au début de ce texte - chaque innovation se trouve entravée par l'inadéquation des moyens qui sont mis en rapport avec chaque question posée.


Un contenu d'une richesse folle ? Oui, mais une lourdeur incroyable à naviguer en son sein. Un vaste et beau monde à découvrir sans temps de chargement ? Oui, mais une propension à utiliser avant tout le "voyage rapide" nécessitant de segmenter l'exploration. Un monde riche et incroyable de cohérence ? Oui, mais une incapacité du jeu à nous le faire sentir de façon structurée et agréable, puisque chaque action dans le jeu, par certains problèmes d'ergonomie, demande une mobilisation infernale du joueur.


C'est la force et la malédiction de Xenoblade Chronicles X : être un jeu qui demande au joueur un investissement à l'égale de sa démesure et de son ambition. Dans une période où la casualisation du jeu vidéo est bien souvent perçue comme un facteur de déqualification, XCX joue finalement la carte inverse. Car je pense que bien peu de joueurs auront la patience, les moyens, ou tout simplement l'envie de le parcourir jusqu'au bout.


A titre personnel, je suis continuellement partagé entre ces deux aspects. Et Xenoblade Chronicles X est finalement un jeu qui sollicite continuellement mon positionnement de joueur. D'un côté, je continue à être fasciné par ce jeu, par Mira, par le concept en lui-même, par la cohérence globale de l'univers qui nous est proposé. Mais de l'autre, je suis éreinté et frustré par cette interface, par la structuration - notamment narrative - du jeu et sa piètre mise en scène, et globalement par la lourdeur du géant.


C'est le prix de l'innovation, de l'ambition et de la démesure. Xenoblade Chronicles X, c'est surement tout et trop. Mais on s'est tellement plain de l'inverse ...



Major Update du 29 Avril 2016



That's it ! Après près de 80 heures de jeu, j'ai fini l'aventure principale de Xenoblade Chronicles X. C'est d'autant plus remarquable que j'ai bien failli lâché le jeu à plusieurs reprises. A deux reprises pour être précis et exact.


La première, c'était un peu avant ma première critique, quand je sentais que l'histoire allait être en retrait et qu'il allait falloir faire du farm dans le jeu. Mais le côté exploratoire avait pris le dessus et j'avais réussi à passer le cap.


La seconde, c'est durant le dernier chapitre du jeu. Un chapitre avec un boss bien chaud. Qui m'a demandé de nombreux essais, de nombreux échecs, de la patience et surtout une des séances de farm la plus longue de mon histoire de joueur (pour la simple et bonne raison que le farm ne m’intéresse pas et que, généralement, ça me fait me détourner d'un jeu).


Au terme de cette expérience qui comptera, j'en suis sur, dans ma vie de joueur, je constate que je maintiens quasiment tout ce que j'ai dit dans ma critique initiale. J'aimerais néanmoins préciser et développer quelques points ci-après.


1- Le scénario


Sans être exceptionnel, le scénario de XCX n'est pas mauvais, voire plutôt sympathique. Malheureusement pour lui, il est non seulement très mal raconté (à cause d'une narration et d'une mise en scène à la ramasse) mais desservi par certaines lignes de dialogues particulièrement creuses. Je pense notamment à la toute fin du jeu, durant laquelle quelques concepts un peu philosophiques sont mis en avant. Il y a dans cette séquence un vrai potentiel pour le développement du scénario SF qui est au coeur de XCX, mais malheureusement cela ne fonctionne pas en raison de la faiblesse des dialogues durant cette séquence : on dirait un pseudo-cours de philo-comptoir servi par un robot mal calibré.


Néanmoins, sans sa globalité et malgré ces faiblesses, le scénario de XCX fait le job ... dans la douleur.


2- La musique


Je maintiens définitivement que je ne comprends pas le désamour global des joueurs envers l'OST de cet épisode. Une OST certes parfos surprenante et en tout cas particulièrement diverses dans ses registres, mais que j'ai trouvé plutôt en phase avec le jeu : une OST assez exploratoire, qui sait monter quand cela est nécessaire, mais qui sait également apporter une touche de fraicheur et de modernité aux traditionnels registres classiques et rock.


3- Le gameplay


Un énorme potentiel, une profondeur certaine et une richesse incroyable pour ceux qui sauront dompter la bêtes, grâce à toutes les possibilité de personnalisation de son équipe de combat, des skells, d'optimisation des pièces d'armes et d'armures et de crafting. Mais là aussi, cette incroyable profondeur est littéralement gâchée par une interface tout sauf intuitive, servie sans pédagogie et sans explication, et qui vous incitera notamment à commettre énormément d'erreur dans la gestion de vos équipements.


4- Et après ?... (Section à spoil, à ne pas lire si vous n'avez pas fait le jeu)


Bien entendu, la fin de Xenoblade Chronicles ne se suffit pas à elle-même : tout le mystère se trouve reporter sur la planète Mira ... Qu'est-elle véritablement ? Quels sont ses pouvoirs ? Notre exploration se trouve complètement remise en cause par toutes les questions apparaissant durant la séquence de fin. Et l'on en vient à rêver d'une suite naturelle. Une redécouverte de Mira sur la base de cette première excursion. Un Xenoblade Chronicles X-2 qui garderait toutes les qualités de son aînés en gommant tous ses nombreux défauts ...



La conclusion



Le jeu vidéo, c'est pafois un peu comme l'amour. On se dit qu'on trouvera un jour la personne idéale. Parfaite. L'amour au premier regard, le coup de foudre qui sera si évident qu'il s'imposera à nous comme à l'autre. Et puis finalement, on tombe amoureux de l'être imparfait. D'une personne dont on pensait qu'on ne supporterait jamais ses défauts. Une personne qui nous fera parfois souffrir. Mais finalement ce sera le grand amour. Un amour durable. Basé aussi bien sur les qualités de ses protagonistes que sur les défauts de cette relation. Ce sera une relation riche, dense, prenante, nécessitant de l'investissement et du travail, mais une relation qui marquera.


Et bien ma relation avec Xenoblade Chronicles, c'est exactement cela. Depuis longtemps que j'avais pas passé 80 heures sur un jeu, tout en pestant sur des tares que je trouve inadmissibles et qui m'auraient fait jeter n'importe quel autre jeu.


J'ai fini Xenoblade Chronicles et j'en suis fier. Je l'ai fini dans la sueur, et je garderai un souvenir profond de ce titre, des joies qui l'auront accompagnées, et des moments de désespoir.


Un titre dont je ne sais précisément quoi penser, à part qu'il ne m'a pas laissé indifférent, et que je serai en mesure de lui décerner aussi bien un 4/10 qu'un 9/10.


Un titre pour l'Histoire ... et le souvenir.



Huit mois plus tard : la ... 2ème conclusion



J'ai décidé de revenir sur cette critique et sur ce jeu à l'occasion de mon (court) run sur Final Fantasy XV, sorti finalement cette même année que XCX.


Comme XCX, FFXV nous propose (au moins dans sa première partie) un open-world à parcourir, mais cette fois en voiture, afin d'accomplir les différentes quêtes de notre destin de prince (destin qui nous amène plus à faire des photos de paysages qu'à accomplir de vraies actions princières). Mais bref ! Nous ne sommes pas là pour parler de FFXV mais bien de Chronicles X.


En tout cas, c'est cette expérience qui m'a fait d'avantage prendre la mesure de la cohérence, de la solidité et de la beauté de l'open-world qui nous était offert par XCX. Tout aussi imparfait qu'était le jeu (et je me souviens encore de certains moments d'exaspération), sa construction était finalement plutôt solide, puisque le titre tirait son essence de notre envie d'explorer le vaste monde, ce qu'on ne retrouve pas du tout dans FFXV compte-tenu de l'absence totale de souffle de l'aventure.


Cette comparaison de fin d'année m'amène ainsi à réviser la note que j'ai attribué à Xenoblade Chronicles X. En d"but d'année, j'avais plutôt retenu la note de la raison, avec un 7/10. Je lui décerne finalement la note du coeur, soit 8/10 assortie d'une recommandation, Xenoblade Chronicles X étant le jeu qui marquera le plus mon année 2016 de joueur et qui fait partie de ses titre susceptibles de me réconcilier avec le principe de l'open-world dont je suis un grand sceptique.

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le 26 févr. 2016

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Red13

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