Xenoblade Chronicles X a, dès les premières annonces, porté le lourd fardeau de la succession de Xenoblade Chronicles premier du nom, RPG déjà culte aux yeux des fans du genre. Promesse d'un open world gigantesque, d'un univers science-fiction travaillé, d'un système de jeu dynamique, ou encore d'un scénario audacieux et mouvementé.


Après 90h de jeu, il est temps de rendre un verdict prenant en compte tout ce que le jeu propose, et sans tourner autour du pot plus longtemps, il s'agit de mon jeu de l'année 2015, sans grande hésitation.


Un Xenoblade bis ?


Une mise au point s'impose dès à présent : non, Xenoblade Chronicles X n'est pas la suite de Xenoblade Chronicles. Plus étonnant encore, XcX (abrégons-le comme ça) est au final très différent de son aîné, alors garde aux fans invétérés qui souhaiteraient se jeter sur le jeu. En dehors du système de combat, XcX représente au final une toute autre école du J-RPG, celle du plaisir de jeu, de l'addiction, d'un système à la richesse hallucinante.
A l'inverse, cela me permet d'effectuer une transition vers ce qui fâche : XcX ne brille pas par sa mise en scène comme avait pu le faire Xenoblade, ce qui pourra rebuter énormément de joueurs. En revanche, le scénario en lui-même est bon, et les dernières heures sont extrêmement bien maîtrisées. Mais très vite, on comprend que les quêtes principales ne durent pas extrêmement longtemps, et apportent à chaque fois des éléments extrêmement petits concernant le scénario global. Un parti pris à accepter ou non, ce qui peut totalement se comprendre.


En revanche, XcX reprend tout ce que Xenoblade avait fait de bien niveau système de combat : ici, le jeu propose un panel de possibilités, d'éléments à gérer assez incroyable. Petit listing non exhaustif :
- Les arts, toujours bien sentis, avec plusieurs catégories à utiliser en fonction des situations
- Les cris de guerre, nouveauté plutôt intéressante, pouvant guider les joueurs ayant du mal, et apportant pour les joueurs expérimentés une seconde couche stratégique
- Le metamode
- La gestion des skells : équipement, modèles, customisation totale des couleurs, module de vol
- La gestion des sondes sur le gamepad : moyen de se faire de l'argent et du miranium, qui coulent à flot au fil du jeu, très plaisant
- les arts et compétences toujours aussi agréable à gérer que dans Xenoblade
- une quinzaine de persos jouables, qui disposent souvent d'un style de combat exclusif


... et j'en passe. Le joueur a toujours "un truc" à gérer, à penser, sans pour autant que ça soit envahissant. Contrairement à ce qui a pu être dit, XcX n'est pas si inaccessible que ça, pour peu que l'on prenne le temps de lire le manuel numérique. Bien sûr, la tache sera plus fastidieuse pour ceux n'ayant pas joué à Xenoblade premier du nom


La générosité


Là où Xenoblade X brille en particulier, c'est par son contenu complètement dément. J'insiste là-dessus, et je vais me faire un plaisir de détailler tout ça.
Premièrement, le jeu propose différents types de quêtes : Les quêtes principales du scénario, les quêtes d'entente (Kisuna Quest), les quêtes normales (certains pnj), et les quêtes basiques (accessibes depuis un tableau de quêtes)
Ici classées en ordre décroissant d'importance et de récompenses, ces quêtes constituent un des gros facteurs addiction du jeu.


Contrairement à ce qui a pu être dit, non, les quêtes annexes n'enrichissent pas le scénario. Il s'agit simplement du background du jeu.. Mais quel background !
C'est là une de mes plus grandes surprises concernant ce jeu : La cohérence.
Toutes les quêtes annexes auront une répercution sur le comportement ou les dialogues d'un PNJ, et il nous est proposé un nombre assez fou de petits arc scénaristiques liés à des persos. Pour peu qu'on se ballade régulièrement dans la ville, on remarquera que cette dernière est vivante. Certaines quêtes feront que le sociogramme évoluera de différentes manières : des persos qui se tirent la gueule, des persos qui meurent, des dramas amoureux, des races extraterrestres qui se tapent l'incruste dans la ville, des humains xénophobes...
Tout cela a une influence directe sur la ville en elle-même. Sans en dire plus, de nombreuses quêtes annexes a priori anodines débloquent en réalité des nouveautés très utiles du jeu. Une carotte tout à fait appréciable


Comme c'est beau


Bien évidemment, parlons de ce qui avait séduit l'oeil dès les premiers trailers : l'univers.
Sur ce point-là, XcX est loin de décevoir, puisqu'il propose tout simplement un des open world les plus agréables à parcourir que l'on ait pu voir. Divisée en 5 continents + la ville de New Los Angeles (NLA), la planète Mira séduit par son esthétique léchée, son jeu des échelles et de verticalité, et bien évidemment ses nombreux secrets.
Les échelles, parlons-en. Niveau exploration, le joueur va passer par trois étapes claires au fil du jeu : L'exploration à pied, puis en mécha / skell (au bout d'une grosse trentaine d'heures de jeu), puis avec le module de vol des skells (encore une vingtaine d'heures plus tard).


Un jeu d'échelles extrêmement audacieux, qui nous fait revisiter à chaque fois d'une nouvelle façon les continents Primordia, Noctilum, Oblivia, Sylvalum et Cauldros. Tout sans aucun temps de chargement et avec une distance d'affichage dingue. Grisant !


Ou comment porter ses burnes


Le titre de ma critique en parle : oui, le jeu est une énorme prise de risque de la part des développeurs. Délaisser la mise en scène et la narration de l'arc principal pour développer un background très enrichi quitte à ne pas séduire tout le monde, c'est un pari risqué.
Je retiendrai aussi de cette prise de risque la bande-son du jeu. J'avais des craintes que je pense légitimes concernant la bande-son, et au final je suis totalement conquis. Mis à part quelques raps vraiment lourdingues, cette OST constitue un travail phénoménal. De plus de 4h30, cette bande-son réunit des sonorités électro, pop, rock, chantées, funky, orchestrales... Je ne suis pas fan de Sawano de base, mais autant dire qu'il a insufflé une réelle personnalité à un jeu qui aurait pu être plus froid sans son travail. Chapeau !


Oui.. mais ?


Bien évidemment, le jeu n'est pas sans défauts. Ceux-ci sont rares, mais je l'avoue : ces rares défauts sont très importants et décisifs quant à l'appréciation du jeu.
Premièrement, et le plus important, la narration mise de côté. Un peu à la manière d'un MGS5, le jeu met le paquet durant les premières et les dernières heures, pour laisser une sensation de vide durant de nombreuses heures en milieu de scénario. Petite douche froide pour les joueurs cherchant un scénario poussé comme on peut en voir dans les autres jeux Xeno.


Ensuite, le jeu propose un grand panel de persos jouables à intégrer dans l'équipe, mais l'interface proposant de les gérer est mauvaise.. puisqu'il n'y en a pas. Il faut aller chercher les personnages que l'on souhaite ajouter à notre équipe active aux endroits où ils se trouvent souvent dans New Los Angeles. Au début, on galère à trouver où ils sont, parfois ils sont là que le matin, que le soir, que la nuit, faut traverser la ville... Vraiment lourd, déception à ce niveau-là


Le choix de l'avatar à personnaliser, ainsi que le design des persos, on aime ou on aime pas


Et enfin, certains joueurs trouveront que trop de quêtes annexes tuent les quêtes annexes, avec souvent des dialogues aux ras-des-pâquerettes. Mais laissons le jeu s'exprimer, car certaines quêtes annexes prennent des tournures inattendues et très intéressantes.


Pour conclure


Malgré le fait que ce jeu m'ait comblé, je ne peux pas mettre la mention "recommande". XcX est un virage radical pour Monolithsoft, qui propose ici un RPG misant sur le plaisir de jeu, et qui est même selon moi un nouvel exemple en la matière. Nécessitant environ 300 voire 400 heures de jeu pour le terminer à 100%, XcX est un grand parmi les grands. Décidant de laisser la narration de côté, le jeu développe malgré tout un scénario qui tient en haleine durant les premières et dernières heures, et un background de fou furieux, avec une cohérence et une complexité qui force le respect.
Grâce à ses ambitions démesurées et sa bande-son atypique, Xenoblade Chronicles X fera sans aucun doute marque dans l'histoire du RPG, en mal pour certains, en bien pour d'autres.
MonolithSoft a voulu goûter au risque avec cet opus très à part dans la saga Xeno, une véritable invitation au voyage, et au fond à leur propre goût du risque et de l'aventure dont on a du mal à décrocher.

FrancisRave
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le 24 déc. 2015

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