Ayant fait l'impasse sur Yakuza 2 et Yakuza 3, je craignais quelques peu d'être vite perdu dans l'intrigue de ce Yakuza 4, car qui a déjà eu un jeu de la série entre les mains, sait que la force de cette saga repose entièrement sur le scénario. Alors oui, un mode cinématique récapitulant les moments clefs des volets précédents est bien présent, mais est ce bien possible de résumer des histoires aussi longues et complexes en quelques scènes ? Non. Alors forcément, ceux qui n'ont pas suivi les aventures précédentes du sieur Kiryu auront du mal à comprendre les références, ni à reconnaître les personnages des volets précédents apparaissant de nouveau. Néanmoins, il est tout à fait possible d'apprécier (comme je l'ai fait) ce jeu, sans en connaitre les antécédents.
Si cela est possible, et bien c'est parce que cette fois-ci, Kazuma Kiryu ayant tenu la vedette dans les trois épisodes précédents, partage cette fois-ci l'affiche avec trois nouveaux personnages inédits dans l'univers de Yakuza et ayant chacun leur histoire propre et des personnalités bien marqués, néanmoins ces histoires évoluant en parallèle finissent par se croiser dans les rues de Kamurocho.
Le jeu commence avec le premier de ces nouveaux personnages: Shun Akiyama, un prêteur sur gages douteux. Son style de combat, Akiyama se caractérise par un style très vif qui n'est pas sans rappeler le Taekwondo. Le fil conducteur de son histoire sera sa rencontre avec la mystérieuse Lili lui demandant un prêt de 100 millions de yens pour des motifs inexpliqués. (SPOIL ALERT) Cette rencontre le mènera malgré lui à être mêlé aux intrigues de la pègre locale (FIN DE SPOIL). Ses missions annexes quant à elles, consisteront surtout à des petites tâches propres au métier, à savoir, aller rosser des clients refusant de payer leurs indemnités ou un patron d'une entreprise concurrente trop agressif.
Le second à faire son entrée est Taiga Saejima. Taiga, membre du clan Tojo, entame au début du jeu sa 25eme année de détention après le meurtre de 18 membres du clan Ueno. Pour certaines raisons relatives à cette affaire (que je ne vous citerai pas afin de ne pas vous gâcher le plaisir), Saejima décide de s'évader et de retourner régler certaines histoires à Kamurocho.
Saejima se caractérise (comme son physique le laisse imaginer) par un style de combat brutal, proche de celui des catcheurs. Autre spécificité du personnage, étant un évadé, il ne peut évidemment pas se déplacer aussi librement que le font ses partenaires, et doit essayer de circuler le plus possible via les égouts et les toits. Ce qui explique ses missions annexes, consistant surtout à rendre service aux marginaux et ceux que la société à rejeter, car oui Saejima est une brute au grand coeur.
Troisième personnage à entrer en lice, Masayoshi Tanimura, un jeune policier tokyoite surnommé "le parasite de Kamurocho" pour sa tendance à extorquer de l'argent aux criminels pour fermer les yeux sur leurs trafics illicites. Sa passion pour les jeux d'argent et en particulier les mahjongs n'est également un mystère pour personne. L'intrigue principal de Tanimura consistera à enquêter sur la mort suspecte de son père, lui-même policier, il y a de cela 25 ans. Quant à ses quêtes annexes, elles tourneront surtout autour d'une enquête sur un groupe de proxénètes exploitant des filles de l'Asie continentale. Tanimura, de part son petit gabarit (opposé total de Saejima) utilise un style largement basé sur les projections et les esquives, sans doute inspiré de l'Aïkido.
Enfin, dernier à rentrer en lisse, Kazuma Kiryu, le taulier de la série. Sa partie est sans doute la plus courte des 4 (il a quand même eu le droit à trois épisodes à sa gloire) et on pourrait presque dire qu'il n'y fait qu'un caméo si on ne s'en tient qu'au scénario central. Ses missions annexes consistent à remettre de l'ordre dans les rues de Kamurocho et régler les litiges entre ses anciens amis (c'est pas exactement le genre d'activités qu'on attend d'un Yakuza).
Pour ce qui est des graphismes, les cinématiques photo-réalistes sont très plaisantes, Kamurocho est grouillant de monde et le rendu de la ville assez réussi, les personnages plus secondaires à l'histoire (hors cinématique) ont par contre des designs rappelant plutôt les derniers jeux de la PS2 que ses contemporains sur PS3.
Niveau gameplay: du beat em all bien brutal bien que très répétitif (une bonne chose que 3 personnages très différents viennent suppléer Kiryu, ce qui permet de varier). Un petit côté RPG quelque part avec les combats aléatoires contre la racaille et le menu-fretin de Kamurocho, un système d'expérience permettant d'acheter des compétences.
Une fois n'est pas coutume, Sega n'a pas sabré la version européenne de la moitié des mini-jeux, qui sont cette fois disponibles en nombre: baseball center, bowling, fléchettes, bars à hôtesses, bains, massages, de nombreux restaurants etc sont disponnibles.
La bande son quand à elle, faute de se faire remarquer, ne gêne pas et colle plus ou moins à l'ambiance.
Conclusion: Yakuza 4 parvient je pense à donner un souffle à la série, après un épisode 3 qui apparemment avait un peu déçu. L'apparition de trois nouveaux personnages, se répartissant l'intrigue à parts à peu près égales permet de varier un peu les plaisirs et surtout d'innover un peu, en n'ayant pas toujours Kazuma comme seul et unique héros (pas que je n'appécie pas le "Dragon de Dojima", mais ça commençait à faire beaucoup d'épisodes pour lui tout seul). Comme je le disais en introduction, la force des Yakuza réside dans ses scénarios (dont on est, l faut bien l'admettre assez esclave, on a difficilement la possibilité d'aller glander comme dans GTA), toujours complexes et n'ayant rien à envier aux films sur la pègre. Yakuza 4 ravira les fans de la série, les déçus du 3 et pourra tout autant plaire aux non-initiés. Un très bon cru.