Une fusion improbable entre Half-Life 2 et Silent Hill

Sorti en 2006 sur PC et développé par les ukrainiens de Digital Spray Studios, YAE est un FPS vraiment particulier et passé totalement inaperçu, qui a eu assez mauvaise réception pour les rares testeurs pros qui s’y sont essayés.

Pourtant, lors de ma découverte totalement par hasard de ce jeu grâce à un youtuber US que je suis, spécialisé dans les FPS (Jarek gaming dragon), YAE a attiré mon attention et ne me semblait pas aussi raté que ce que j’avais vu sur le net. J'ai donc fait le jeu pour me forger ma propre opinion.

Se déroulant dans une Russie uchronique des années 50, le joueur incarne un soldat soviétique qui se rend à son poste de garde devant une usine. Quelques instants plus tard, il se fait malencontreusement renverser par une voiture et sombre dans le coma.

Sans savoir combien de temps il est resté inconscient, il se réveille dans un hôpital et va découvrir que la Russie (et probablement le monde) a sombré dans un contexte post apocalyptique, les soviétiques étant soit devenu fous, soit devenus des mutants et monstres difformes.

Il n’en faudra pas plus pour l’avatar du joueur de s’échapper de l’hopital, de comprendre ce qui s’est passé et pourquoi, tout en combattant les monstruosités qui veulent sa peau. Et si possible, de trouver un moyen de sauver la Russie de cette menace post apocalyptique qui a ravagé toute l’Europe de l’Est.

Déjà, le 1er point qui fait que ce jeu est unique, c’est le scenario et sa mise en scène qui passent avant tout par le visuel et les situations que vous traverserez. Vous êtes seul, personne ne vous aidera et vous glanerez petit à petit les réponses en observant bien la ville qui a sombré et en lisant quelques documents qui n’en dévoileront pas trop non plus.

La mise en scène est également aidée grâce à des cinématiques magnifiques, s’inspirant de la façon de filmer des images d’archives de la 2nde World War. Rien que l’introduction du jeu réalisée comme cela est originale pour 2006 et m'a mise sur le cul.

Pour le gameplay, on va se retrouver devant un FPS tout ce qu’il y a de plus banal : vous avancez, vous explorez les décors linéaires à la recherche d’armes, munitions, documents ou clés pour progresser. Le tout en éliminant régulièrement les soldats soviétiques devenus fous ou les créatures mutantes qui voudront votre peau.

La particularité étant que le jeu est assez lent dans les déplacements de notre soldat. Ce qui est une volonté des développeurs afin que le joueur se sente plus immergé dans cette atmosphère si particulière, et qui aurait été dénaturée si notre personnage pouvait courir comme un dératé à la manière d’un fast FPS. Et j’avoue que je suis d’accord avec cette volonté.

Les combats ensuite ne sont pas vraiment le point fort du jeu car il n y a pas de réelle sensation de puissance de feu quand vous combattez les ennemis, malgré une dizaine d’armes disponible au fil de l’aventure (pistolet, Mosin Nagant, fusil de chasse double canon, PPSH, pistolet à clous, cocktail molotov etc …).

Bref, si le gameplay n’est pas désagréable à parcourir, c’est essentiellement pour l’ambiance, les décors et l’histoire que vous avancerez dans You Are Empty.

Pour la réalisation, on a justement le point fort du jeu qui le rend unique. Pour le côté technique, le jeu tourne sur le moteur de STALKER Shadow of Chernobyl (le Xray Engine) et cela se ressent sur les animations, l’interface et visuels grisatres. Pour un jeu de 2006, le rendu ne m’a pas choqué et reste relativement propre une fois poussé au max sur votre PC en 1080P. Il tourne tres bien sur Windows 10 en 60 FPS constant.

Evidemment il a vieilli malgré tout, les animations sont raides, les textures et modèles 3D ne sont pas toujours précis et le moteur physique basé sur celui d’Half Life 2 fait parfois des siennes.

Mais artistiquement, on a là pour moi une des plus belles modélisations d’un empire soviétique dans un jeu vidéo, avec le culte de la personnalité du Petit Père du Peuple (Staline), les décors variés et cohérents dans la progression du joueur, les cinématiques sublimes et rarement traitées telles quelles dans d’autres jeux.

Le tout sans compter sur le bestiaire varié et propre à YAE en terme de soldats et monstres, que l’on pourrait croire échappé par moment de Silent Hill tellement on ne les as pas vu dans beaucoup d’autres jeux.

La bande son est bonne, entre bruitages environnants, cris de monstres et musiques parfois rock parfois industrielles, qui collent très bien à cette ambiance poisseuse et malsaine dans cette ville soviétique que l’on parcourt.

Par contre, les doublages anglais des rares PNJ que vous croiserez sont atroces et à mourir de rire tellement c’est ultra mal doublé.

Pour la durée de vie, c’est un FPS assez court, 8h environ en prenant votre temps en difficulté normale. Mais au moins, le rythme est bon et ne s’essoufle que rarement si on accroche. Le jeu sait s’arrêter quand il faut pour les révélations finales afin de ne pas s’étendre en longueur pour rien.

Conclusion, sans être un must have du jeu vidéo ou même probablement une pépite cachée, je trouve que You Are Empty est réellement un jeu unique et atypique, méritant vraiment le coup d’œil. Il dépeint une humanité dans ses heures les plus sombres, en s’inspirant avec brio de la Guerre Froide, dans une réalité uchronique où tous les rêves des Soviétiques ont sombré, avec le monde.

Le gameplay est basique et n’est pas forcément ultra qualitatif. Mais si vous persévérez, vous avez une ambiance et un contexte avec des événements que l’on ne traite pas souvent de cette manière là dans un jeu vidéo. Surtout avec les AAA actuels qui se ressemblent tous dans leur façon de raconter une histoire.

A défaut d’être un grand jeu, je trouve que You Are Empty ne mérite pas ses notes très (trop ?) négatives. Si vous êtes à la recherche d’un jeu traitant avec pertinence de l’Union Soviétique et du communisme, il vaut clairement le coup d’œil rien que pour sa direction artistique et son histoire.

En quelque sorte, You Are Empty est une fusion assez réussie d’Half Life 2 pour sa narration en 1re personne et décors inspirés de l'Europe de l'Est, et Silent Hill pour le scénario horrifique malsain, avec des créatures cauchemardesques et difformes.

Je trouve ce jeu vraiment fascinant, et les développeurs d'Europe de l'Est ont toujours eu cette force de développer des univers et ambiances cohérentes post apo, de notre société humaine (les STALKER, Metro par exemple)

Nono