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Il existe pléthore de licences de J-RPG que je n’ai jamais approché malgré leurs qualités certaines car ce sont des titres qui réclament du temps. Et du temps, selon la période de l’année, il m’en manque et il est difficile de jongler aussi entre ses différents hobbies. Je n’ai donc jamais joué à Ys (contrairement à Yuutsu), licence aux mains de Nihon Falcom depuis sa création, mettant en scène, Adol, un aventurier vivant de périlleuses épopées. Tous les ingrédients du J-RPG sont là avec le héros mutique, l’univers de heroic-fantasy s’inspirant d’un Moyen-Âge fantasmé et des récits amenant le héros à sauver le monde d’un énième cataclysme.
Après avoir rencontré le succès à sa sortie en 2017, Ys VIII : Lacrimosa of Dana revient sur la Playstation 5 avec quelques nouveautés comme l’ajout des DLC cosmétiques, une définition 4K et 60 FPS afin que le titre, initialement sorti sur PS Vita et déjà porté sur PS4, n’accuse pas trop son âge. L’édition physique comporte même un mini-artbook et quelques pistes de l’OST. De quoi apporter un peu d’enrobage à l’ensemble.
Sur la plage, abandonné…
Ce qui est intéressant avec ce huitième épisode est qu’il peut être abordé par les néophytes de la saga puisque ses liens avec le reste de la licence sont très tenus. On sait juste que Adol a déjà vécu des récits épiques et se présente comme un aventurier. On a bien quelques références aux éléments géopolitiques de l’univers, comme l’empire Romun, mais les informations délivrées suffisent à comprendre le tout. Engagé comme journalier sur le Lombardie, Adol va être victime, comme tous les occupants du navire, d’un naufrage alors que le bateau longeait l’île de Seiren, réputée maudite. Une sorte de Triangle des Bermudes qui a fait disparaître bâtiments et marins en un claquement de doigts.
Peu après son réveil sur la plage, Adol trouve une autre naufragée, Laksha Von Roswell, une jeune noble avide d’aventures elle aussi (pour des raisons qui seront révélées plus tard). Le duo va retrouver d’autres rescapés et fonder un village afin de survivre sur cette île inhospitalière. Car Seiren renferme non seulement des monstres de tout poils (et écailles) mais aussi des Créatures Antiques, dinosaures censés être disparus depuis des siècles.
La première partie du récit va ainsi se concentrer sur la recherche des survivants et, par extension, le développement du village. Chaque personne sauvée vient apporter son savoir-faire ouvrant aussi bien des boutiques que débloquant de nouvelles fonctionnalités. La monnaie n’existant pas sur Seiren, l’acquisition en boutiques se fait via le troc ou en fournissant les matières premières nécessaires à la confection de l’item. Ces matières sont à dénicher auprès de la faune mais aussi de la flore, incluant même un mini jeu de pêche. Tout est là pour renforcer l’aspect « survie sur une île déserte ».
Qui dit plus de villageois, dit aussi plus d’aide pour élargir votre champ de recherche. Certaines zones de Seiren sont bloquées par des rochers et autres obstacles qui exigent de faire appel à un certain nombre de personnes. La carte se révèle d’ailleurs au fur et à mesure de votre exploration, recelant des coffres à dénicher, des cristaux de téléportation et des lieux iconiques. Un PNJ au village est même dédié à vous récompenser à chaque fois que vous révélez davantage la carte. In-game, Adol est d’ailleurs désigné cartographe pour aider le village à mieux cerner Seiren et sa géographie.
La paix n’étant jamais durable, le village doit faire face à des attaques groupées menées par la faune locale. Adol sera appelé à l’aide pour exécuter une contre-attaque, à la tête de son équipe sur l’un des flancs, tandis que le reste du village se concentre de l’autre côté. Plusieurs vagues d’ennemis sont à affronter. Vous êtes aidés par les éléments construits par les rescapés à savoir des barrages et engins de sièges que vous pouvez développer en amont via des ressources. Parfois, un villageois usera de sa capacité spéciale pour vous aider en améliorant vos statistiques ou en intervenant directement sur votre portion du champ de bataille.
Et Dana, dans tout ça ? Personnage partageant l’affiche avec Adol sur la jaquette, mentionnée directement dans le titre de l’opus, la prêtresse apparaît lorsque Adol s’endort. Tandis que Adol rêve de ces périples du passé, tout d’abord sous forme de cinématiques, Dana finit par devenir un personnage contrôlable. En tant que prêtresse, la jeune femme va aider ses contemporains mais aussi Adol dont elle a des visions. S’ajoute à son périple l’existence d’une crypte, donjon secondaire, qui recèle des secrets et puzzles à résoudre.
Recette classique mais efficace
Si Ys VIII : Lacrimosa of Dana est un J-RPG, les combats ne s’effectuent nullement au tour par tour, orientant le titre sur l’action-rpg. Les combats s’effectuent en temps réel, permettant aussi bien à l’ennemi de vous affronter directement que foncer sur lui avant qu’il ait eu le temps de réagir pour initier le combat. Votre équipe se compose, au maximum, de trois personnages au combat (vous en recrutez six au total) et vous êtes libres de changer de protagoniste en plein combat en appuyant sur la touche carré. Une idée fort sympathique qui permet de varier les approches mais aussi exploiter le tryptique de styles de dégâts sur lequel repose les combats. Nombre d’ennemis sont faibles face à un style précis (perforant, impactant, tranchant) qui, si vous l’exploitez, les affaiblit plus rapidement, mais aussi peut les assommer. En plus de leur jauge de vie, les adversaires disposent d’une barre d’équilibre qui, une fois remplie, les laisse sonnés, durant un temps donné.
En plus des attaques simples, votre combattant dispose de compétences s’activant en restant appuyé sur L2 et en appuyant sur la touche du pad de symboles associé. Si seule quatre compétences peuvent être choisies, votre personnage dispose d’un plus large panel se débloquant quand les autres compétences montent de niveau. Une fois la jauge correspondante remplie, une attaque ultime peut être lancée avec les deux gâchettes L1 et R1.
Le système de combat se présente avec simplicité et efficacité, tout en évitant l’écueil de rester coincé avec l’unique personnage principal, au détriment du reste de l’équipée. De son côté Dana agit seule mais dispose d’un système qui lui est propre. Certains esprits lui confèrent de nouvelles formes, chacune liée aux fameux styles de dégâts. Chaque forme est aussi lié à des capacités précises comme briser des rochers, éteindre des torches ou gagner en rapidité. J’ai juste trouvé dommage d’avoir accès à ces éléments au sein de la seconde partie du jeu et les utiliser véritablement qu’au sein de la crypte secrète.
En dehors de la survie et des voyages dans le passé, Ys VIII : Lacrimosa of Dana accompagne son récit principal de multiples quêtes secondaires se présentant sous forme de requêtes délivrées par les villageois. Cela peut aller de la collecte de matériaux (qui donne accès à de nouveaux items) à vaincre certains ennemis en particulier. Chaque requête dispose d’un temps d’accomplissement plus ou moins longs, et il faut veiller au grain pour en louper aucune. J’ai ainsi raté, à peu de temps près, d’offrir à un villageois une recette qu’il recherchait depuis longtemps. En menant à bien ces missions, l’affinité entre le naufragé et Adol se renforce. Point de romance à l’horizon, mais des scénettes à la clé venant renforcer la cohésion du village… et un élément d’importance pour visualiser la véritable fin du titre. En effet, elle n’est accessible que si Adol a monté son affinité au maximum avec tous les naufragés. Véritable reflet de Dana qui, dans le passé, doit améliorer sa vertu en aidant son prochain pour déverrouiller de nouveaux étages dans la crypte.
La saveur de l’ancien
Déjà en 2017, le portage sur PS4 de Ys VIII : Lacrimosa of Dana était bien en deçà des critères graphiques. La faute à un portage depuis la PS Vita conservant l’aspect cubique des décors, que l’on ressent encore aujourd’hui même avec la résolution 4K. La direction artistique sauve l’ensemble et confère au titre un aspect old-school couplé à une île foisonnante de décors variés, amenant aussi bien à vagabonder dans une jungle, s’embourber dans des marécages ou errer dans des ruines antiques. Le level-design permet de renouveler l’approche, via des objets d’aventurier conférant des aptitudes nécessaires pour accroître l’exploration tels que des gants pour grimper, des bottes permettant de marcher sur l’eau ou une pierre illuminant les grottes.
Le chara-design des protagonistes offre aussi une belle variété venant souligner l’archétype de chacun(e) que ce soit Sahad, le grand gaillard au rire puissant, Hummel l’individu ténébreux et mystérieux ou encore Ricotta, la gamine enjouée et véritable pile électrique. Je regrette néanmoins toujours celui de Laksha où, pour une raison inconnue, elle finit affublée d’un micro-short qui, lors de certaines cinématiques, accentue son popotin. Sans compter la petite scène très cliché où Aldo la découvre, nue, en train de se baigner dans la rivière (avec une serviette de bain trouvée on ne sait où). Disons que, durant ces instants, j’ai compris la gêne des joueurs de Mass Effect face aux fesses de Miranda.
Si j’ai souligné que chaque personnage est lié à un archétype, c’est que ces derniers ne s’en éloignent jamais (contrairement à la fine équipe au sein de Until Dawn, pour citer un exemple). Chaque personnage reste fidèle à ses convictions du début à la fin, accumulant aussi tous les éléments de son archétype. Laksha demeure la jeune noble éperdue de justice, même si ses intentions permettent de lui apporter un peu de nuance. Ricotta est une enfant vive dont l’innocence tranche parfois rudement avec le sérieux de la situation. Adol a tout du personnage mutique du J-RPG à l’ancienne. Le titre profitant d’un doublage (anglais ou japonais, à votre guise) c’est d’autant plus amusant de l’entendre prononcer deux mots lorsqu’on a opté pour un choix de dialogue.
Dans l’ensemble, je trouve que le personnage évoluant le plus et arrivant vraiment à créer un sentiment de connexion avec le joueur n’est autre que Dana. Les songes de Adol permettent de suivre le parcours de la jeune femme depuis son enfance. Sans compter que sa position de prêtresse lui apporte nombre de responsabilités à endosser. Sa présence permet aussi d’extirper le récit du statut de simple survie à véritable épopée visant à sauver le monde. C’est là aussi que Ys VIII : Lacrimosa of Dana avance maladroitement sur le chemin qu’il a tracé. Que la narration prenne en envergure, pourquoi pas. Mais les évènements s’enchaînent et les explications se font de plus en plus hasardeuses. Je serais incapable d’expliquer exactement tout le processus se dissimulant derrière les secrets de Seiren.
Pourtant, je n’ai pas détesté mon voyage aux côtés de Adol. L’île de Seiren intrigue dès le départ avec les légendes qui l’entourent. On se sent l’âme d’un explorateur à tracer petit à petit la carte des lieux, à découvrir de nouveaux secrets, débloquer des accès. Il y a quelque chose de grisant à améliorer le village, aider la communauté à s’épanouir, à tel point qu’il est difficile de quitter l’île, devenue presque une seconde maison. Je déplore quand même que la traduction en français accuse encore autant de fautes et de coquilles. La version PS5 n’est malheureusement qu’un portage avec quelques ajouts HD, mais qui n’en a pas profité pour accomplir quelques corrections. Par contre les chargements sont quasi inexistants, surtout si on conserve l’option de retirer toute affichage d’information durant ces derniers.
Aparté sur les trophées
Rien de nouveau sous le soleil pour qui a déjà approché le titre, ou même un opus de la licence Ys. Tout découvrir dans le jeu résumé parfaitement ce que requiert le platine. Adol va devoir déployer ses plus belles capacités de cartographe pour que l’île de Seiren n’ait plus rien à lui cacher. De même Dana a tout intérêt à révéler les secrets de la crypte. Un investissement qui sera récompensé par la vraie fin, permettant de sceller l’aventure comme il se doit. Le plus difficile, si l’on peut dire, sera de répondre à toutes les requêtes des villageois. Il faudra être vigilant à ne pas trop avancer dans l’histoire pour trouver tout ce que requiert la communauté et faire d’Adol l’idole du village. La présence du New Game + permet d’alléger tout ce parcours.
En conclusion
Ys VIII : Lacrimosa of Dana propose un récit qui se démarque par tout l’aspect survie en terrain hostile et constitution d’une communauté qui évolue selon notre talent à explorer l’île de Seiren. Je dois dire que c’est même l’aspect que j’ai préféré dans cet opus. La présence de Dana permet d’alterner les points de vue et d’en apprendre plus sur l’île. Le récit évolue alors vers un parcours plus classique au sein de l’heroic-fantasy, en s’empêtrant dans ses explications. Néanmoins, Ys VIII reste toujours plaisant à faire, même en 2022, si on a l’âme d’un explorateur et qu’on se montre conciliant sur le visuel assez daté et quelques archétypes de personnages. Par contre si vous avez déjà approché le titre sur PS4, cette nouvelle mouture ne vous apportera rien de nouveau.