La vie en entreprise, ça vous évoque quoi comme concept ? Un travail de bureau répétitif et chiant ? Les discussions autour d'un café ? L'oppression de remplir vos obligations de la journée au risque de travailler en pleine nuit ? Un lieu pour se forger des amitiés comme des discordes à cause de votre statut de bureau ou social ?
Et si je vous dis que cela peut s'avérer un lieu propice à un survival horror ?
Ceci est la proposition de Baroque Decay, jeune studio indépendant (au rayonnement moindre) dont le style technique se trouve vers un 2D pixélisé proche de ce qu'on peut fabriquer avec des logiciels de création de jeux tel que RPG Maker ; après leur premier création, The Count Lucanor, un jeu au style médiéval horrifique, leur second projet est le sujet du jour : Yuppie Psycho, un ''first job survival horror'' (si, si, c'est comme cela qu'ils semblent le nommer).
Vous incarnez Brian Pasternack, jeune de banlieue se dirigeant vers la capitale suite à l'envoi d'une proposition d'emploi. Et pas n'importe laquelle : un travail au sein de Sintracorp, multinationale de renom et considéré comme l'une des plus importantes entreprises de la planète et ne recrutant que les meilleurs. Autant dire que, une fois arrivé à l'immeuble et après avoir rencontré certains employés à l'accueil, vous sentez que cette proposition a l'air de puer l’arnaque...
Et cette impression ne s'arrange pas du tout quand le bureau du PDG, lieu de signature de votre contrat, s'avère être complètement en désordre, déserté et avec une inscription écrite avec du sang : KILL THE WITCH. Car oui, vous n’êtes pas embauché en tant que simple employé mais en tant que chasseur. Votre objectif ? Trouver le responsable de ce bordel et le neutraliser sans griller votre couverture... Le tout avec l'aide d'une IA à l'apparence de jeune fille cyborg adepte de la balançoire et à l'accoutrement familier.
Bon si vous êtes sain d'esprit, vous pouvez aussi décider de laisser tomber, ne pas signer le contrat, retourner à l'accueil et repartir chez vous... Comme ça, vous pouvez obtenir une des fins alternatives de ce jeu et vous éviter une grosse galère.
M'enfin...La première question qu'on peut se poser face à un tel concept serait vis à vis de l'ambiance : peut ou avoir peur face à cet environnement proche du réalisme et, qui plus est, en pixel ? Ou vais-je au moins être inquiété autrement que par du jumpscare ? La réponse est oui.
C'est d'ailleurs l'une des principales qualités : savoir concilier les codes du monde de l'entreprise à ceux du survival horror à tous les niveaux. Et notamment sur son gameplay : en vu de son synopsis, on serait tenté de penser que les mécaniques se tourneraient vers la fuite constante ou la survie par la tuerie façon Resident Evil... Sauf que non (à l'exception occasionnelle de la fuite).
En réalité, Yuppie Psycho se rapproche plus du jeu d'enquête et de réflexion de par ses mécaniques. Pour accomplir votre objectif, vous devrez visiter les différents étages et bureaux de cette atypique entreprise, interroger des employés et fouiller dans les différents meubles ou paperasse pour trouver des indices ou du matériel pour vous aider : crayons pointus, feuilles de papier, encre pour imprimante (utile pour la sauvegarde) voire des barres de chocolat, des nouilles ou des pizzas congelés (si, si) qui vous seront bien utiles... nourriture que vous pouvez assembler ou créer dans la cafétéria du 1er étage. Autant dire que son approche peut aider à ceux étant réfractaire au genre du survival.
Cela dit, ce n'est pas parce que le jeu possède une approche par la réflexion qu'il exclut toute forme de confrontation ou d'affrontement : en plus des employés pas tous très net dans leur tête, vous allez devoir croiser voire vous frotter aux différents membres particuliers de l'organisme ; l’occasion de souligner le bestiaire varié et assez réussi.
Que ce soit la goule littéralement attaché à son travail, les mines-oeil à gaz, l'archiviste-araignée, les secrétaires adeptes du succion et à la bouche venimeuse ou carrément une imprimante vivante ''sur main''... vous allez avoir besoin de motivation pour tenir le rythme. Et de pilules.
Un bestiaire qui compense quelque peu les deux-trois petits soucis du titre : le principal étant l'aspect cryptique de certaines énigmes qui peuvent vous faire tourner en rond pour rien (vraiment, les premières puzzles aux archives ou à la bibliothèque risque de vous faire crisper bêtement...) ; cela combiné aux quelques soucis de précision ou technique, vous pouvez tout aussi bien avancer facilement comme avec difficulté.
Univers de l'entreprise oblige, le jeu profite de son ambiance horrifique pour livrer sa petite critique du monde de l'entreprise, de sa mentalité pouvant devenir toxique (littéralement comme métaphoriquement) pour ses employés mais également de la discrimination envers les classes moyennes et populaires entraînant mépris, condescendance et exploitation forcée. Car oui, en comparaison de tout ce monde, nous ne sommes techniquement qu'un ''pauvre'' des classes populaires, probablement condamné au chômage de longue durée voire à vivre dans la rue... Mais bon, comme on dit, il y a toujours pire comme situation.
Heureusement, vous n'êtes pas seul dans cette ''entreprise'' : vous pouvez compter sur certains collègues de bureau à la personnalité atypique pour égayer votre journée : Kate et son positivisme, Malone et sa sensualité dominatrice, Mme Sosa et ses bons conseils (malgré le fait qu'elle ait la tête d'une camée gothique), le Colonel Dumont et son coté excentrique, Doshi et son côté bon vivant... Même ce connard d'opportuniste qu'est Chapman ne va pas vous laisser indifférent. Et c'est sans parler de ce cher Hugo, notre collègue proche et très dévoué à sa réussite professionnelle ; vraiment, vous l'allez l'adorer jusqu’au bout, ce type est une perle.
Bref, presque tous les termes de contrat vont ont été cités. Alors, allez vous vous décider à signer pour cet emploi atypique et potentiellement marquant ? Ou allez vous lui tourner le dos ? La feuille est devant vous, reste plus qu'à vous de décider quoi faire...
Oh et si vous êtes affecté avec nous au 1er étage... Par pitié, ramenez vos grains de café ! La direction est infoutue de renouveler nos stocks et Sosa en siffle tellement sans prévenir... Et pour les cinéphilles, rendez vous au coin du 7e étage.