La bonne blague qui ne vous provoquera ni crise de nerfs ou de foie ce coup-ci...

La majorité des joueurs de jeu-vidéo connaissent probablement le concept du jeu-gag : popularisé grâce au streaming et à YouTube, il s'agit de ce type de jeu basé sur un gimmick humoristique et qui reçoit une certaine popularité pendant un temps. Les représentants les plus connus de ce non-genre étant Goat Simulator, un sand-box proposant de manipuler une chèvre dans tous les sens ; ou encore Getting Over It, défi taillé pour les masochistes et qui oblige à manipuler un avatar coincé dans une marmite à rejoindre le sommet d'une montagne grâce à un marteau.

Sauf que voilà, la majorité de ces jeux créés sous le ton de la blague ne réussissent pas souvent à concrétiser leur proposition au delà de leur concept et s'obligent à se calibrer pour correspondre à la tendance. Pire, les cas cités sont de ceux qui démontrent une certaine proportion au bâclage ou à la prétention mal placée : entre le fameux simulateur de chèvre au terrain de jeu fini à la truelle (mais vendu au prix de 10€ dans le plus grand des calmes) et ce cher Getting Over It voulant proposer un ''véritable défi'' mais dont la physique d'action semble faussé exprès pour augmenter volontairement la frustration en plus de mépriser le joueur à chaque chute... Et quand derrière, ce dernier est désigné (par les joueurs et son développeur) comme une épreuve digne de Dark Souls et est nominé dans des festivals, il est difficile de ne pas tirer la tronche (surtout quand on est soi-même adepte des jeux de FromSoftware).

Donc, quand un studio australien indépendant débarque pour annoncer l'arrivée "d'un simulateur d'oie", on serait tenté de réserver de la place dans la poubelle mentale pour le jeter et l'oublier. C'était ce que j'étais prêt à faire personnellement.

Sauf que, contre tout attente, voir le jeu cité en fin d'année dernière par certains analystes de game-design du web comme un concept au potentiel positif intéressant finit par réveiller la curiosité et donne envie de s'y essayer (quitte à perdre quelques euros).

Et au final... ouais, Untitled Goose Game est un jeu qui peut valoir le coup en plus d'être une proposition réellement rafraîchissante.

Le principe est assez simple : vous êtes une oie vivant dans une petite bourgade à inspiration anglaise. Votre but ? Casser les pieds au voisinage en leur faisant subir diverses farces en tout genres dans un petit univers de sand-box interconnecté (si vous vous y prenez bien, vous pouvez faire transiter certains objets d'une zone à une autre) avec des PNJ suivant chacun leur boucle d'action spécifique ; à vous de savoir la discerner pour en tirer parti.

Et au sujet de la volaille, cela permet de remarquer un point important : La maniabilité du jeu. Concrètement, vous pouvez faire bouger votre oie avec une poignée de commandes simples (marcher, courir, vous pencher, cacarder) et facile à prendre en main. Pour les joueurs PC, vous pouvez même interagir uniquement avec la souris. Mais dans les deux cas, le piaf vous obéira au doigt et à l’œil sans problème... sauf peut-être lors des poursuites ; la récupération d'objets in-extremis peut virer au duel perpétuel avec certains humains. Quant à son cri, il vous sera des plus pratiques pour servir de diversion en toutes circonstances.

Car oui, comme indiqué, Untited Goose Game est un jeu d'infiltration à la finalité plus positive qu'un Metal Gear Solid ou un Hitman (loin de moi l'idée de dénigrer ces jeux cités). Contrairement à ces derniers où les opérations très planifiées peuvent inclure un tas de corps inanimés voire de cadavres, le jeu de House House ne vous impose ni sanction contraignante ni aucune forme de brutalité (au pire, un petit peu de violence contrôlée) ; aucun ''game over'', seulement une redirection vers la sortie et/ou des plaintes des PNJ. Le but du jeu est un amusement tout ce qu'il y a de plus enfantin voire sadique sans forcément qu'il soit idiot ou stressant.

C'est, je pense, l'objectif final du jeu : retranscrire le plaisir simple des bêtises qu'on pouvait accomplir à l'époque où on est jeune et insouciant (et un peu bête, aussi) ; que ce soit aller asperger le voisin avec son arroseur, provoquer des quiproquos, faire le beau dans un restaurant, faire tomber un seau sur la tête d'un sale type, le chapardage d'objets mineurs... Le tout par des mécaniques d'infiltration simples et en remettant un peu en cause notre vision de ce genre. Surtout que contrairement à tous les jeux cités ici, c'est le genre d'expérience qui peut être partagée avec d'autres joueurs et pas uniquement des connaisseurs (je pense que ce n'est pas un hasard si le jeu a autant cartonné sur l'E-Shop de la Switch lors de son lancement). Et au sein d'un média qui n'est pas forcément des plus inclusifs, c'est un + appréciable.

Disponible pour 15€ sur Switch comme sur PC (mais sur l'Epic Games Store pour l'instant), Untitled Goose Game propose de quoi vous amuser sans ennui pendant une dizaine d'heures (dont au moins 5h pour une première partie complète afin d'assimiler le fonctionnement de toute le village) avec bon nombre de taches plus ou moins simples.

Certes, ça peut paraître beaucoup pour un ''petit jeu'' (surtout que je viens de railler Goat Simulator sur ce point là il y a peu). Sauf que ici, on a bel et bien affaire à un jeu bien conçu, agréable à la rétine comme aux tympans et des plus bienveillants dans son intention (même si on échappe pas à un ou deux couacs techniques comme les boucles infernales quand on essaye de récupérer un objet à la sauvette sur un PNJ). Le genre de moment très sympa que tu ne serais pas contre à l'idée de le faire partager avec tes amis voire ta famille ; une tache qu'on n'exécuterait pas aussi facilement avec un Hitman ou un MGS (bon courage à celui qui tentera ce pari complexe).

Bon sinon, où est ce que j'ai mis ma dernière facture...

(HOINK !)

Hé ! Rends-moi ça !

(Sort de son bureau, une batte à la main, pour rattraper cette chère ''Goose" qui a l'enveloppe au bec et se dirige vers le ruisseau...)